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CRITIQUE DE LA POÉSIE Textes 1. Paul ÉLUARD, Le Lit la table : « Critique de la poésie » (1944) 2....

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« CRITIQUE DE LA POÉSIE Textes 1.

Paul ÉLUARD, Le Lit la table : « Critique de la poésie » (1944) 2.

Francis PONGE, Méthodes (1961) Objets d'étude: convaincre, persuader et délibérer; la poésie. ===:J QUESTIONS (4 points) 1.

Étudier la structure argumentative du texte de Ponge. 2.

Quelle thèse de Ponge est illustrée par le poème d'Éluard? Sur quel point Éluard se sépare-t-il de Ponge? ===:J TRAVAIL D'ÉCRITURE (16 points) 1.

Commentaire Vous ferez un commentaire du poème d'Éluard. 2.

Dissertation En vous appuyant sur les textes de Ponge, d'Éluard et les œuvres d'autres poètes, écrivains ou artistes, vous commenterez cette phrase tirée de Méthodes:« L'œuvre d'art prend toute sa vertu à la fois de sa ressem­ blance et de sa différence avec les objets naturels.

» 3.

Écriture d'invention À partir des dernières lignes du texte de Ponge, vous écrirez un plaidoyer en faveur de l'artiste ou du poète d'aujourd'hui. ==:J CORPUS ■ Texte 1 : Paul ÉLUARD, Le Lit la table (1944) Critique de la poésie Le feu réveille la forêt Les troncs les cœurs les mains les feuilles Le bonheur en un seul bouquet Confus léger fondant sucré 5 C'est toute une forêt d'amis Qui s'assemble aux fontaines vertes Du bon soleil du bois flambant Garcia Lorca1 a été mis à mort Maison d'une seule parole 1 o Et des lèvres unies pour vivre Un tout petit enfant sans larmes Dans ses prunelles d'eau perdue La lumière de l'avenir Goutte à goutte elle comble l'homme 15 Jusqu'aux paupières transparentes Saint-Pol-Roux2 a été mis à mort Sa fille a été suppliciée Ville glacée d'angles semblables Où je rêve de fruits en fleur 20 Du ciel entier et de la terre Comme à des vierges découvertes Dans un jeu qui n'en finit pas Pierres fanées murs sans écho Je vous évite d'un sourire. 25 Decour3 a été mis à mort. Droits Réservés. 1.

Federico Garcia Lorca, auteur dramatique espagnol, arrêté par la garde civile fran­ quiste et exécuté en 1936, bien que n'ayant jamais appartenu à une organisation politique. 2.

Saint-Pol Roux, un des précurseurs de la poésie moderne.

En 1940, les Allemands torturèrent sa famille sous ses yeux.

Il ne put survivre aux siens. 3.

Jacques Decour, professeur et écrivain, Résistant, fusillé par les Allemands. ■ Texte 2: Francis PONGE, Méthodes (1961) Quel que soit le lecteur de ces lignes, la vie, puisque enfin il peut lire, lui laisse donc quelque loisir.

Et non seulement sa vie, mais sa pensée même, puisqu'il confie ce loisir à la pensée d'un autre homme.

(Lecteur, entre parenthèses, soit donc le bienvenu en ma pensée...) 5 Mais si maintenant ma pensée est seulement celle-ci : de te conserver à ton loisir, de t'engager plus profondément en lui - et si j'y parviens ... Alors peut-être suis-je un artiste. Note que, si bref soit-il, ce loisir tu pouvais l'employer à contempler la nature, l'un de tes semblables ou enfin ta propre pensée.

Tu pouvais 10 l'occuper encore à chanter ou siffler quelque air improvisé de ton cru ou à danser, courir, faire jouer ton corps.

Certes tout cela est légitime et tu t'y adonnes parfois, et beaucoup d'hommes s'y adonnent.

Toutefois, cela ne suffirait guère à te distinguer des animaux. Mais il se trouve que certains hommes sont capables- Dieu sait pourquoi 15 - de produire - Dieu sait comment- des objets tels qu'ils puissent être choi­ sis par toi pour que leur contemplation ou leur étude occupent profondément ton loisir, le satisfassent, lui suffisent et ne t'engagent en rien d'autre. Voici que tombe sous nos sens quelqu'un de ces objets étranges ... Oui, bien apparemment l'ouvrage d'un de nos semblables.

Fait d'une 20 matière et de parties que la nature ne fournit jamais que séparées ou dans un état brut fort différent.

Or, cet objet nous paraît aussitôt intéressant, joli, beau ou sublime.

Il semble ne servir pratiquement à rien, mais sa considé­ ration ou contemplation provoque en nous - d'abord je ne sais quel mou­ vement d'instinct, comme si une conformité secrète à nos organes dès sa 25 rencontre nous appelait- puis nombre de sentiments profonds ou élevéset nous désirons nous l'approprier, ou du moins en conserver l'usage pour notre plaisir éternel.

Ce plaisir, en effet, nous est confirmé par l'usage. L'envie cependant nous vient de le montrer à ceux que nous aimons, pour leur faire partager notre intérêt.

Sur plusieurs d'entre eux il produit un·effet 30 pareil.

L'on nous assure d'ailleurs que telle est sa seule d�stination, sinon forcément peut-être l'intention de son auteur. Un tel objet est une œuvre d'art.

Celui qui l'a produite est un artiste.

Et il semble que de tels objets, comme aussi l'intérêt ou l'amour qu'ils inspirent, ne se rencontrent que chez les hommes.

[...] 35 La fonction de l'artiste est ainsi fort claire : il doit ouvrir un atelier, et y prendre en réparation le monde, par fragments, comme il lui vient.

Non pour autant qu'il se tienne pour un mage.

Seule!71ent un horloger.

Répara­ teur attentif du homard ou du citron, de la cruche ou du qompotier, tel est bien l'artiste moderne.

Irremplaçable dans sa fonction.

Son rôle est 40 modeste, on le voit.

Mais l'on ne saurait s'en passer. D'où lui en vient cependant le pouvoir, et quelles sont les conditions nécessaires à son exercice? Eh bien! li lui vient sans doute d'abord d'une sensibilité au fonctionnement du monde et d'un violent besoin d'y rester intégré, mais ensuite- et cette condition est sine qua non - d'une aptitude particulière à manier lui-même une matière déterminée.

Car l'œuvre d'art prend toute sa vertu à la fois de sa ressemblance et de sa différence avec les objets naturels.

D'où lui vient cette ressemblance? De ce qu'elle est faite aussïd'une matière.

Mais sa différence? - D'une matière expressive, qu'est-ce à dire? Qu'elle allume l'intelligence (mais elle doit l'éteindre aus50 sitôt).

Mais quels sont les matériaux expressifs? Ceux qui signifient déjà quelque chose: les langages.

Il s'agit seulement de faire qu'ils ne signifient plus tellement qu'ils ne FONCTIONNENT. Ainsi, pour prendre un exemple dans les Belles-Lettres, la non-signifi­ cation du monde peut bien désespérer ceux qui, croyant (paradoxalement) 55 encore aux idées, s'obligent à en déduire une philosophie ou une morale. Elle ne saurait désespérer les poètes, car eux ne travaillent pas à partir d'idées, mais disons grossièrement de mots.

Dès lors, nulles consé­ quences.

Sinon quelque réconciliation profonde :.... »

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