Cours: LE DESIR
Publié le 29/05/2012
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«
demande est un leurre.
LACAN: Nécessité de passer de la demande au désir.
Désir irréductible à la demande, toujours manque, fissure: "Le désir n'est ni l'appétit de lasatisfaction, ni la demande d'amour, mais la différence qui résulte du premier à la seconde, le phénomène même de leur « refente ».
Désir, jeu entredemande et satisfaction, révèle leur inadéquation.
Edifice amoureux fissuré, il n'existe pas de véritable communauté amoureuse du moins sous laforme de la fusion.
Aristophane: amour n'accomplit pas le désir, fusion est impossible, le manque demeure.
Au plus fort de l'union amoureuse, les amants aspirent àun "je ne sais quoi" sans pouvoir énoncer ce qu'il attend de l'autre.
Amants, condamnés à s'unir dans l'antichambre d'un paradis perdu.
Même les androgynes désiraient, ils ont attaqué les Dieux.
Désir arrache l'homme à l'assouplissement de la satisfaction.
Amour ne saurait restituer unetotalité n'ayant jamais existé.
Homme recherche un "je ne sais quoi" au delà de la jouissance.
// Diotime: ce que l'amour acquiert lui échappe sanscesse.
Cercle vicieux: cause du désir dû à une privation divine et cause de la privation à un désir de défier les cieux.
qui est originaire, désir ou manque?Impossible.
Pour briser le cercle, manque est sur le fond de l'être et de la plénitude.
Désir, mouvement par lequel l'être se fait manque s'arrache à l'immobilitépour sortir de lui-même.
Pas tant le fruit d'un manque que d'un excès.
Mythe de Diotime donne la clé du désir amoureux: amour naît d'un excès dePoros, fruit d'une surabondance d'un trop-plein.
Etre trop plein aspire à être autre.
Jaillissement d'un excès.
// Nausée, Roquetin se sent de trop.Sens de l'existence surgit d'un sentiment nauséeux d'un trop plein d'être.
Manque, échapper à la plénitude amorphe de l'objet.
Jeu du désir est l'autre du je.
désir, à la fois manque qui se remplit et plénitude qui se vide.
Aristophane dans son antique mythe de l'Androgyne parle lui aussi du regret tragique de l'inaccessible révolu: époque de félicité où homme etfemme n'étaient que fusion psychique et corporelle, que complétude charnelle et mentale.
Mais, les dieux les séparèrent les hommes des femmespour les punir de leur insolence.
Dès lors, l'homme n'est plus, que ce fantôme, ce somnambule, cet amant malheureux condamné à la recherche d'unêtre jadis aimé dont il ne parvient pas à se consoler de la perte: absence d'une présence; présence d'une absence.
Ce mythe de l'Androgyne a pour fonction de placer la source du désir d'un sexe pour l'autre dans une tentative de retour à l'unité primitive.
Dans un étrange et saisissant discours du " Banquet ", Aristophane nous dépeint la nature humaine originelle, celle de l’avant, celle qu’après lapunition divine nous tentons désespérément de retrouver ou plus précisément de recomposer.
Ce recours ou plus précisément ce retour au mythevient chez Platon suppléer à l’impossibilité du discours rationnel à se faire connaître ou reconnaître.
Toutefois, ne nous y trompons pas lasuppléance du mythe ne signifie pas incohérence, non-sens.
Le mythe nous intéresse au plus haut point puisqu’il dit le fondamental de l’homme,à savoir son origine et sa destination.
Rien de plus sérieux que le mythe…
Aussi, malgré son impromptu « hoquet «, n’écoutons Aristophane non d’un œil mi-amusé mi-ironique, mais d’une oreille attentive.
Car l’entendrec’est mieux comprendre en définitive le tout de la vie, ou comme dit le commun " ce qui fait tourner le monde " !
Passons sur les péripéties du dialogue et venons-en aux " faits " :
Jadis, l’humanité se composait de trois espèces : d’abord, le mâle, né du Soleil, se composant de deux hommes ; la femelle, née de la Terre, secomposant de deux femmes ; et l’androgyne, né de la Lune, mélange d’une femme et d’un homme.
Ces espèces, tout en rondeurs, étaient dotés de quatre bras, de quatre jambes et d’un seule tête comprenant deux visages opposés.
Puissants et vigoureux, ces fabuleux et peu affables humains se décidèrent à attaquer les dieux et entreprirent d’escalader les cieux.
On soulignerasimplement ici pour le reprendre plus loin que cette belle totalité ontologique n’était pas exempte de désir, du désir le plus démesuré de s’enprendre à Zeus lui-même.
Si le bonheur s’entend comme étant la pleine satisfaction de tous nos désirs, ne peut-on pas penser que la fissure déjàdéchirait ces hommes avant la division céleste ?..
Le bonheur suprême, celui des retrouvailles avec l’amant perdu n’est-il pas pour finir qu’un idéalde l’imagination ?
Zeus, on l’aura compris, ne pouvait pardonner à ces insolents ce crime de " lèse-divinité ", il lui fallait punir.
Mais, détruire le genre humain àcoups de tonnerre, aurait signifié se priver de leurs offrandes.
Il fallut trouver un autre " expédient "… Zeus décida de " les couper en deux ".Ingénieux stratagème puisqu’ainsi les dieux continuaient de recevoir le culte des hommes et le crime ne restait point dans une scandaleuseimpunité.
On imagine le désespoir de ces hommes cherchant à retrouver leur " moitié " et brûlant du désir de s’unir avec elle.
Ainsi, dit-on, naquît le désir,d’un châtiment divin destiné à expier l’orgueil humain.
Désirer serait comme l’indique une étymologie douteuse (" desiderare ") la nostalgie d'uneétoile, du souvenir confus d'avoir possédé cette richesse de la complétude, montrant par là même que le désir s'ancre dans le défaut et l'absence.Le désir serait la quête de l’âme sœur, la recherche d’une unité sidérale et sidérante, retour à une perfection originaire et sphérique ; faire un c’estfaire sphère.
La forme sphérique est la forme parfaite par excellence.
Mais cette recherche éperdue de la moitié perdue conduisait les hommes au désastre de l’autodestruction : " s’embrassant et s’enlaçant les unsles autres avec le désir de se fondre ensemble, les hommes mouraient de faim et d’inaction." Travaillés par le désir de satiété, ils restaient dansl’inaction du jeun.
Telle était la misère de l’homme… se consumant d’un désir non consommé.
Zeus pris pitié de cette humanité dégénérée et inventa le mode de reproduction qui nous est propre en transposant " les organes de la générationsur le devant ".
Pouvant alors se satisfaire en engendrant " les uns dans les autres ", les uns concouraient à la perpétuation de l’espèce, et, lesautres, s’aimant d’un amour homosexuel, pouvaient sur le feu éteint d’un désir brûlant produire des moyens d’existence nécessaires à la survie del’espèce.
On remarquera que chez Aristophane, travail et désir s’excluent l’un l’autre.
On ne travaille que dans la mesure où le désir amoureux est.
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