Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure] - Langues et Linguistique.
Publié le 07/05/2013
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Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure] - Langues et Linguistique. Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure], ouvrage publié par C. Bally et A. Séchehaye en 1916, qui constitue une recomposition synthétique de l'enseignement de Ferdinand de Saussure à l'université de Genève. Bally et Séchehaye rendent compte de la linguistique de Saussure en faisant un travail de reconstitution à partir de notes prises par ses élèves entre 1906 et 1911. Le Cours de linguistique générale s'intéresse à la notion de langue, « la langue envisagée en elle-même et pour elle-même «. Pour exprimer la spécificité de la langue, Saussure considère celle-ci comme un système, c'est-à-dire un ensemble dont toutes les parties sont interdépendantes ; en même temps, il inaugure la notion de signe linguistique. Ce signe est composé d'un signifié (le concept) et d'un signifiant (« l'empreinte psychique du mot «). Un signifié n'existe pas sans un signifiant, et inversement ; Saussure a montré le caractère indissociable des deux éléments du signe par la célèbre image de la feuille de papier dont « on ne peut découper le recto sans en découper en même temps le verso «. C'est sur cette notion de signe que s'échafaude toute la linguistique saussurienne. Saussure élabore ainsi les unités de phonème, de morphème ou encore de syntagme,et il montre comment la langue peut être appréhendée selon deux points de vue opposés, l'un synchronique et l'autre diachronique. La perspective synchronique étudie la langue dans son fonctionnement effectif en un temps donné, tandis que la dimension diachronique s'intéresse à la langue dans son évolution. On a souvent dénoncé les limites, voire l'absurdité, d'une oeuvre construite à partir de notes d'élèves, mais en même temps personne n'a jamais remis en question l'importance d'une telle reconstruction qui a révélé ce qui compose les fondements de la linguistique moderne.
«
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DE LINGUISTIQUE GÉNÉRALE,
1916.
FERDINAND DE SAUSSU RE, 1857-1913.
Reconstitution de l'enseignement professé
par Saussure.
Cet ouvrage n'a pas été rédigé par Saus
sure, mais établi d'après des notes prises par
ses élèves pendant ses cours, entre 1906 et
1911.
Dire que la linguistique est science du
langage, c'est dire que celui-ci peut être
décrit scientifiquement et qu'il peut saisir
quelque chose de lui-même.
L'hypothèse
minimale est que le formel et le matériel
peuvent être dissociés, sur le modèle de la
distinction, dans les systèmes juridiques,
entre le quid facti et le quid juris; le langage
apparaît alors comme un système formel
dont un certain nombre de règles peuvent
être énoncées.
Telle est l'hypothèse d'un
projet de science linguistique.
Ce souci de
formalisation est d'abord ce qui caractérise
le Cours de Saussure.
La deuxième caractéristique démontrée par
Saussure est qu'un être linguistique (signe,
mot, phrase) n'a pas de nature propre: il est
un ensemble de relations.
Les positions
prédominent par rapport aux êtres; ceux-ci
sont en effet définis par l'ensemble des
positions qu'ils peuvent occuper suivant
deux axes: l'axe vertical des possibles (para
digme), qui définit les rapports avec les
voisins, et l'axe horizontal des compossibles
(syntagme), qui définit les rapports d'exclu
sion mutuelle.
Tout signe est, en effet, choisi
parmi un stock infini de possibles et suivant une
relation de succession linéaire avec
d'autres signes déjà choisis.
Ainsi un mot ne
trouve pas son sens en lui-même, mais
seulement par les rapports de compatibilité
ou d'exclusion qu'il entretient avec d'autres
mots et qui définissent son sens.
Le sens ne
préexiste pas aux relations, il est leur résul
tante.
La langue est un ensemble de rapports
sans support.
C'est ce que Saussure exprime
lorsqu'il parle du caractère négatif -ou
relatif -des propriétés du langage, qui se
développe suivant une ligne paradigmatique
ou une ligne syntagmatique.
La troisième caractéristique est la distinc
tion qu'opère Saussure entre la langue, le
langage et la parole.
La langue est un
«produit social de la faculté du langage et un
ensemble de conventions nécessaires, adop
tées par le corps social pour permettre
l'exercice de cette faculté chez les indivi
dus».
Elle est un ensemble de conventions
dans lequel puise l'individu pour parler,
mais celui-ci ne peut ni la créer ni la
modifier: elle lui préexiste.
La parole est
«l'acte de l'individu réalisant sa faculté au
moyen de la convention sociale qu'est la
langue».
Le langage résulte des interactions
entre les conventions et les initiatives de
chaque individu.
Chaque fois que quelqu'un
parle, pour être compris, il doit nécessaire
ment se référer à ce qui existe, à un code
reconnu par tous, et en même temps se
démarquer de ce qui existe par une inven
tion qui lui est propre.
La quatrième caractéristique du Cours
réside dans la définition de la langue comme
système de signes.
Le signe est une combi
naison d'un signifié et d'un signifiant, ou
d'un concept et d'une image acoustique.
Ces
deux aspects sont indissociables, comme le
recto et le verso d'une même feuille de
papier.
Saussure veut faire comprendre par
là que le signe n'unit pas un nom et une
chose : le signifié est une représentation et le
signifiant «une empreinte psychique» des
sons.
Ainsi Saussure inscrit un ordre du
langage indépendamment d'un ordre du
réel: tout est déjà psychique ou «mental».
Le signifié n'est pas un objet réel, mais la
trace psychique qu'il suscite en nous.
Ces signes ainsi définis sont arbitraires, non
pas au sens où le signifiant pourrait
dépendre du libre choix du sujet parlant,
mais au sens où il est immotivé, c'est-à-dire qu'il
n'a aucune attache matérielle avec la
réalité: la suite de sons [ s -o -r] qui lui sert
de signifiant est arbitraire par rapport à
l'idée de sœur.
À l'exception, toute relative,
des onomatopées (puisque le son «imite>>
l'idée), aucune loi ne commande que tel son
corresponde à tel sens.
La cinquième caractéristique est l'explica
tion de la systématicité de la langue: Saus
sure indique par là que tous ses termes sont
solidaires et que la valeur de l'un ne résulte
que de la présence simultanée des autres, ou
de leur absence, puisque la coexistence in
absentia renvoie à la relation paradigma
tique des éléments linguistiques entre eux.
Les valeurs sont toujours constituées:
« 1 °) par
une chose dissemblable susceptible
d'être échangée contre celle dont la valeur
est à déterminer; 2°) par des choses simi
laires qu'on peut comparer avec celle dont la
valeur est en cause».
Le langage apparaît
ainsi comme un système d'éléments qui se
posent en s'opposant et s'opposent en se
posant.
C'est bien un système de diffé
rences, de valeurs diacritiques.
La dernière caractéristique développée par
le Cours est l'opposition entre les points de
vue synchronique et diachronique.
Parler, ce
n'est pas énoncer dans le temps, c'est faire
accéder à l'énoncé le temps lui-même.
Il est
vrai qu'un énoncé de langue est toujours
proférable et que, s'il est proféré., il l'est en
un instant et un lieu déterminés.
La linéarité
du langage, sur laquelle insiste Saussure, ne
veut pas seulement dire que le langage se
déroule dans le temps -d'ailleurs comparé
à une ligne -,elle signifie que le temps est la
substance même du langage.
En général, si la langue évolue, c'est sous
l'action de la parole.
Mais, pour Saussure, la
synchronie comme point de vue est plus
fondamentale que la diachronie: elle n'est
pas seulement identifiée à «l'état de la
langue», mais doit être comprise «comme
un concept qui permet la définition théo
rique d'un système abstrait».
Entre la grammaire comparative (Antoine
Meillet) et la grammaire générative
(Chomsky), le Cours de linguistique générale
représente, pour la linguistique, une véri
table fondation.
Édition: Cours de linguistique générale, colt.
«Bibliothèque scientifique)), Payot, 1989..
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