Cours complet de philosophie: LA LIBERTE
Publié le 16/08/2012
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III- La liberté et la loi morale : l’autonomie de la volonté (Kant) 1- la loi morale Qu’est-ce qu’une loi morale ? N’importe quelle loi a-t-elle une valeur morale ? - se pose le probl�me de la valeur de la loi. Une loi : une r�gle qui commande une action ex : il ne faut pas tuer, voler…, qui dit ce qui est autorisé ou interdit. Le probl�me c’est qu’une loi peut être admise par une société, établie par un pouvoir politique sans forcément être morale. Il ne faut pas confondre ce qui est légitime (juste) avec ce qui est simplement légal : les lois sous le régime de Vichy étaient légales parce que décidées par le pouvoir en place, mais n’étaient pas morales. Du coup il peut être moralement juste de désobéir à un syst�mes de lois injustes, qui porterait atteinte à la dignité humaine (la résistance est alors légitime) - se pose également le probl�me de l’intention, de la motivation : pour quelle raison obéit-on à la loi ? Si je m’abstiens de voler le bien d’autrui simplement par peur de la sanction (aller en prison) , alors mon action n’est pas morale, elle est simplement prudente. Agir moralement c’est obéir à une loi dont on reconnaît le valeur : s’abstenir de voler parce qu’on sait que c’est injuste. Par conséquent la valeur morale d’une action ne se mesure pas tant à l’acte lui-même qu’à l’intention, à la motivation de l’individu. L’action morale repose donc sur une qualité de la volonté que Kant appelle la « bonne volonté � : elle implique que l’on soit capable de faire passer les devoirs que nous avons à l’égard d’autrui avant nos désirs ou intérêts personnels. 2- L’autonomie Etude du texte de Kant : Kant met en sc�ne deux situations : - premi�re situation : « supposons.. � : un homme pense qu’il ne pourrait pas réprimer son penchant au plaisir et qu’il lui serait tout à fait impossible de résister à l’objet de sa passion (imaginons que « l’objet aimé � soit une femme), comme si l’attrait du désir était plus fort que tout, irrésistible. Il est cependant évident que si la satisfaction de son désir devait entraîner pour lui une mort certaine (potence) il y renoncerait immédiatement. - Que veut montrer l’exemple ? Que les penchants sensibles n’ont qu’un pouvoir relatif sur notre volonté. Ils peuvent toujours être surmontés par un penchant plus fort (ici l’amour de la vie est plus fort que l’amour pour une femme). Cependant cette premi�re situation prouve-t-elle bien l’existence de la liberté ? Non car cette homme ne résiste à un penchant que parce qu’il c�de à un autre penchant : on en reste au niveau du désir (l’homme c�de à la nécessité de son désir de rester en vie, mais il n’agit pas par choix, par volonté. D’où une deuxi�me situation mise en sc�ne par kant : - deuxi�me situation : « Mais… � si l’homme en question avait à choisir entre un des désirs les plus forts (rester en vie) et commettre une action immorale (porter un faux témoignage contre un honnête homme) la décision serait beaucoup moins évidente que dans le premier cas. Nous ne sommes plus dans une opposition entre deux désirs comme dans le premier cas, mais entre un désir et la conscience morale. Ici la décision est vraiment une affaire de volonté puisque l’homme en question ne gagnera rien, bien au contraire, à refuser de faire ce que son prince lui demande.
«
libres, dans la satisfaction immédiate des désirs, que nous sommes en fait les plus esclaves : nous sommes soumis à nos désirs eux-mêmes produits d'une histoire quenous n'avons pas choisie.
Conclusion : la liberté suppose que nos actions reposent sur un examen de notre propre raison.
Ainsi le problème de la liberté n'est pas essentiellement d'ordretechnique (avoir à sa disposition des moyens qui nous permettent d'augmenter notre pouvoir physique ou matériel d'agir) mais d'ordre moral (dans la capacité que j'aide penser mes actes et d'en être responsable) et on le verra, politique.
Problème : affirmer que la liberté ne peut se concevoir sans un examen préalable de la raison ne met-il pas en question l'idée de libre arbitre comme pouvoir absolude décision ? En effet si la volonté doit se soumettre à des valeurs posées par la raison elle perd son caractère absolu : la liberté pourrait alors n'être que relative.
Si on veut penser l'existence d'une liberté absolue n'est-on pas alors conduit à soutenir qu'un acte véritablement libre doit être accompli sans raison ?
2- Agir librement est-ce agir sans raison ?
On peut penser qu'un acte est totalement libre lorsqu'il provient de ma seule volonté et qu'il ne m'est imposé ni par autrui, ni par une nécessité d'ordre vitale (ex :rester à la surface de l'eau pour ne pas se noyer), ni même par la considération raisonnable d'un bien à accomplir (ex sauver la vie d'autrui) Ainsi le libre arbitreimplique qu'on puisse prendre une décision alors qu'on aurait très bien pu faire autrement et prendre le parti inverse : dans la décision libre se manifesterait une totaleindétermination de la volonté.
La volonté serait agissante par elle-même sans avoir besoin de se référer à une valeur apportée par la raison : c'est la volonté elle-mêmequi poserait alors les valeurs ce qui signifie par exemple qu'on puisse vouloir le mal même si c'est contraire à la raison.La liberté d'indifférence est le nom que les philosophes ont donné à cette pure expression de la volonté.
a- la liberté d'indifférenceElle désigne l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle agit sans pouvoir s' appuyer sur aucune raison suffisante pour motiver son action.
C'est ce qui arrivelorsqu'on doit prendre une décision en étant confronté à deux ou plusieurs possibilités d'égale valeur.
Exemple donné par Sartre : pendant la deuxième guerremondiale un étudiant confronté à un dilemme vient le voir pour lui demander conseil : il ne sait pas s'il doit rester auprès de sa mère gravement malade ou s'engagerdans la résistance.
Le dilemme tient au fait qu'il n'y a pas de solution préférable à l'autre, les deux, quoique de nature différente sont d'égale valeur.Cependant alors qu'on n'a aucune raison de préférer un parti plutôt que l'autre on est quand même capable de prendre une décision : ceci exprime le pouvoir absolude la volonté capable d'agir sans être liée à aucune motivation supérieure à une autre.
Il y a un mystère au cœur de l'action volontaire, quelque chose qui échappe àtoute tentative d'explication.
Cette possibilité d'agir sans raison suffisante semble être la preuve de l'existence en l'homme d'un libre arbitre.L'inexistence d'une telle faculté chez l'animal est mise en scène dans l'histoire de l'âne de Buridan : un âne qui a autant faim que soif et qui se trouve placé à égaledistance d'un sceau d'avoine et d'un sceau d'eau se laisse mourir de faim et de soif parce qu'il n'est pas capable d'agir en l'absence d'une raison plus forte que l'autrequi ferait pencher la balance.
Conclusion : la liberté d'indifférence qui consiste à choisir même en l'absence d'une raison plus forte ou plus valable qu'une autre manifeste ainsi le libre arbitre enl'homme : cette toute puissance de la volonté qui peut agir par elle seule d'une manière absolue, sans être liée à aucun motif déterminant.
Mais cette toute puissance de la volonté semble se manifester de façon plus forte encore dans l'expérience de l'acte gratuit.
b- l'acte gratuit
L'acte gratuit désigne le pouvoir que nous avons d'accomplir n'importe qu'elle action même la plus absurde, il suffit que nous ayons décidé de l'accomplir.
L'actegratuit se distingue de la liberté d'indifférence en ce qu'il est capable d'agir non seulement faute d'une valeur supérieure à une autre mais sans référence à aucunevaleur (même l'utilité ou l'intérêt personnel) Cet acte m'indiffère mais je décide de l'accomplir quand même.
Un exemple célèbre d'acte gratuit dans le livre d'André Gide : les caves du Vatican :Le personnage principal Lafcadio veut exprimer sa liberté absolue et décide donc d'accomplir un acte absolument sans raison.
Il se trouve dans le compartiment d'untrain le soir avec pour seul compagnon de voyage un vieillard.
C'est à ce moment que le pire lui vient à l'esprit : pourquoi ne déciderait-il pas de tuer ce vieillard quine lui a rien fait en le poussant hors du train ? Acte absurde absolument sans raison mais qui manifeste le pouvoir absolu de la volonté : « Qui le verrait, pensaitLafcadio ? Là, tout près de ma main, sous ma main, cette double fermeture que je peux faire jouer aisément ; cette porte, qui cédant tout à coup le laisserait crouleren avant.
Une petite poussée suffirait…On n'entendrait même pas un cri… Un crime immotivé quel embarras pour la police.
Ce n'est pas tant des événement que j'aicuriosité que de moi-même.
»Cette curiosité que Lafcadio a de lui-même vient du désir de savoir jusqu'où va la puissance de sa volonté.Mais justement on peut se demander si l'expérience de Lafcadio prouve bien ce qu'il entend montrer : l'existence d'une liberté absolue.
Son acte est-il réellement sansmotif ?On peut penser que le motif tient au désir même de prouver sa liberté, désir si fort qu'il va jusqu ‘au meurtre.
De plus il choisit de commettre l'acte le plus contraire àla morale qui soit, n'est-ce pas l'expression d'un désir de transgression ?
Conclusion :
On peut penser qu'une décision n'est jamais totalement immotivée (que la motivation soit consciente ou non).
Plus la décision va être motivée par des raison connueset réfléchies par l'individu, plus son acte sera libre.
Ainsi la liberté ne signifie pas agir sans raison, bien au contraire on est d'autant plus libre qu'on connaît les raisonspour lesquelles on agit.
Ce que dira Descartes « la liberté d'indifférence est le plus bas degré de la liberté » (ex de sujet : la liberté admet-elle des degrés ?)Ainsi on peut dire que c'est dans le choix motivé par la connaissance que la liberté atteint son plus haut degré de réalité.
Mais il s'agit alors d'une liberté relativepuisque subordonnée à la raison.
Problème : l'idée d'une liberté absolue relève-t-elle alors d'une illusion ?On a vu qu'il était impossible de déduire du sentiment que nous éprouvons lorsque nous ne sentons aucune contrainte, l'existence d'une telle liberté.Le problème pour saisir l'existence de la liberté tient au fait qu'elle ne peut être démontrée scientifiquement.
En effet la science connaît des phénomènes endéterminant leur cause.
Or une liberté absolue ne peut par définition être l'effet d'aucune cause qui la précèderait.C'est pour cette raison que la liberté est l'objet d'une interrogation métaphysique : le propre de la métaphysique est de s'interroger sur des objets qui ne sont pasdémontrables scientifiquement, qui dépassent le champ de l'expérience (l'existence de Dieu, le commencement du monde, l'immortalité de l'âme…)S'agissant de la liberté on se trouve confronté à deux thèses métaphysiques contradictoires :- ou le monde, y compris les actions humaines est entièrement soumis au déterminisme- ou il y de la liberté dans le monde, au sein du sujet humain.
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