Corrigé disponible « Je ne chante plus /je crie./ Quand des enfants meurent de faim / je ne veux pas...
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« Je ne chante plus /je crie./ Quand des enfants meurent de faim / je ne
veux pas savoir que la lune est belle / que la fleur a un parfum exquis / je ne
chante plus;/ je pousse des cris séditieux ».
(Charles Nokan)
Après avoir expliqué le rôle que le poète ivoirien Charles Nokan assigne à la
poésie, dites si vous souscrivez à sa conception de la poésie.
Vous exposerez
votre conception du rôle du poète et vous appuierez votre développement sur les
textes ci-dessous et sur vos lectures personnelles.
Nokan s’oppose à une poésie lyrique qui évoquerait l’amour et la beauté de la lune ou des
fleurs.
Pour lui, la poésie doit « crier » > s’engager.
Ici, le sujet demande votre avis : pensez-vous que la poésie doive ou pas s’engager.
Dans
la conclusion, après avoir évoqué dans le développement les différentes actions/ fonctions
de la poésie, ce sera à vous de dire si vous considérez que la poésie doit en effet, comme
le dit Nokan (mais aussi Hugo, Eluard…), s’engager ou au contraire, si vous estimez que la
poésie doit être un art, qui doit chanter les sentiments, la beauté du texte… (Gautier…).
I- Le poète engagée
A- La fonction du poète
• Pour Hugo la mission de l’art est bien de « réveiller le peuple », c’est-à-dire de le sortir
de la torpeur où le maintiennent le mensonge, la propagande, la peur, la lâcheté, la
compromission, la facilité, l’art officiel.
La poésie doit éduquer, éveiller les consciences.
Le
poète, qui voit plus loin que la simple réalité, qui comprend mieux, est, d’après Hugo, le
guide et le porte-parole des opprimés.
• Cf.
Le manifeste d’Eluard : il écrit la préface d’un recueil collectif dont le titre confère à
la poésie une fonction éthique, L’Honneur des poètes, qui paraît le 14 juillet 1943 aux
Editions de Minuit, appellation symbolique d’une maison d’édition clandestine => textes
qui traduisent émotions et interrogations du poète face à la tragédie qu’est toute guerre.
Ils obéissent à la mission que leur assigne Eluard : dépassant le drame individuel, la
poésie « crie, accuse, espère ».
Les poètes se mobilisent pour une action commune.
• « Je ne chante plus /je crie./ Quand des enfants meurent de faim / je ne veux pas
savoir que la lune est belle / que la fleur a un parfum exquis / je ne chante plus;/ je
pousse des cris séditieux ».
(Charles Nokan) => volonté que les poèmes et les poètes
soient utiles.
=> Le poète comme le guide et le porte-parole des opprimés.
B- Poètes et combat
• La poésie se met au service des grandes causes.
- Engagement social, contre les injustices.
Ex : Rimbaud « Les Assis ».
- Engagement politique.
Hugo : Les Châtiments, lutte contre Napoléon III (se moque de
lui « petit, petit, petit », « le singe » et le montre comme un ogre sanguinaire)
- Engagement politique.
Déjà au XVIe siècle.
Cf.
Les Discours de Ronsard qui plaident
contre les guerres de religion ou les Tragiques (1616) d’Agrippa d’Aubigné qui sont un cri
en faveur des protestants persécutés.
- Engagement social.
Cf.
Aragon et la lutte communiste ou les poèmes de Césaire ou de
Senghor (Cf.
« Femme noire ») en faveur des populations colonisées.
• Poètes résistants.
Cf.
Desnos => écrivit des poèmes contre la guerre.
Ex : « Ce coeur
qui haïssait la guerre ».
+ est très tôt rentré dans la Résistance (ex : « Le veilleur du Pontau-Change »).
Poèmes contre le nazisme => est mort en 1945 dans un camp de
concentration.
Cf.
René Char => sous le nom de Capitaine Alexandre, participe, les armes
à la main, à la Résistance, « école de douleur et d’espérance ».
Feuillets d’Hypnos > «
notes du maquis ».
C- La poésie, une « bonne » arme
• La poésie peut susciter l’engagement du lecteur si elle parvient à le toucher => travail
du poète (+ talent).
La poésie utilise alors des registres variés : sature, ironie, lyrisme,
burlesque.
• La poésie peut devenir une tribune très efficace.
Véritable pouvoir de la poésie.
Cf.
l’influence des Châtiments de Victor Hugo sur la mémoire de Napoléon III – il a fallu
attendre de nombreuses décennies pour que les historiens ne voient pas dans l’empereur
que le « petit », le « sanguinaire » décrit par le poète.
Ex : « Souvenir de la nuit du 4 »
=> poème très touchant, le lecteur est influencé (talent de conteur, de poète, images de
la vie quotidienne, du désespoir de la vieille femme, de l’injustice…=> arme rhétorique).
• La poésie : condensé d'écriture qui rassemble une grande quantité d'émotions.
Ex : « il
a deux trous rouges dans la poitrine » => Rimbaud dans « Le Dormeur du Val», dépeint
en quelques lignes toute l'horreur de la guerre que l'on retrouve dans la littérature en prose
dans de longs développements.
• Cf.
le texte d’H.
Michaux => il crée de nouveaux mots « Il l'emparouille et l'endosque
contre terre ;/ Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ; / Il le pratéle et le libucque et
lui baroufle les ouillais ».
(Même si on ne connaît pas les mots, on comprend dans ce poème
l’horreur de la guerre).
Cf.
« La lettre du déserteur » de B.
Vian.
∆) La poésie peut, et pour certains poètes, elle doit, s’intéresser à la vie
quotidienne, à son époque et même jouer un rôle politique, social, moral…
II- La poésie, langage de l’émotion
Mais la poésie et le poète ne sont pas obligés de parler de leur époque ; la poésie
n’est pas un art forcément « utile ».
A- Les poètes et l’art gratuit
• Certains poètes ont refusé l’engagement de l’art en se demandant si, devenue
« instrument », la poésie ne cessait-elle pas d’être de la poésie.
Ils se sont donc « limités »
à la recherche du beau à travers le choix des mots...
Cf.
les Parnassiens.
Théophile Gautier : « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut
servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux
de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature »
• « L’art est utile […] parce qu’il est art » ; « Le principe de la poésie est, strictement et
simplement, l’aspiration humaine....
»
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