Commentez les propos de Proust sur le Beau en littérature : Si l'on cherche ce qui fait la beauté absolue...
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Commentez les propos de Proust sur le Beau en
littérature :
Si l'on cherche ce qui fait la beauté absolue de certaines
choses, on voit que ce n'est pas la profondeur, ou telle ou telle autre
vertu qui semble éminente.
Non, c'est une espèce de fondu, d'unité
transparente où les choses, perdant leur premier aspect de choses
sont venues se ranger les unes à côté des autres dans une espèce
d'ordre, pénétrées de la même lumière.
Je suppose que c'est ce
qu'on appelle le vernis des peintres ?
Analyse du sujet et problématisation :
Proust ne conçoit pas ici la beauté comme émanant de la profondeur des choses.
Les choses ne sont pas belles parce qu’elles possèdent une vertu qu’elle font ressortir.
La
beauté ne dépend donc pas, selon Proust, du thème de l’œuvre littéraire.
Proust propose donc une autre définition de la beauté :
« une espèce de fondu, d’unité transparente » : la beauté est
perçue comme quelque chose de peu déterminable ( « une espèce de
fondu ») mais elle forme une unité entre les choses et elle se présente
comme une révélation ( « unité transparente ») à la beauté se voit, se sent
immédiatement
« où les choses, perdant leur premier aspect de choses sont
venues se ranger les unes à côté des autres dans une espèce d’ordre,
pénétrées de la même lumière » : la beauté transfigure les choses ( Proust
semble suggérer qu’elle transforme les choses en Idées à travers
l’expression « perdant leur premier aspect de choses ») et émane de leur
mise en ordre.
L’idée de « lumière » rejoint la conception de la beauté
comme révélation inédite.
è Proust semble donc concevoir la beauté d’une œuvre littéraire comme
essentiellement formelle ( les termes « unité » et « ordre » suggérant un travail sur la
forme de l’œuvre) et comme émanant d’un style particulier révélant une vision particulière
et nouvelle du monde.
La métaphore du « vernis des peintres » désigne le dernier coup de pinceau qui
transforme le tableau, en le faisant briller :la beauté d’une œuvre littéraire tient à ce souci
du dernier détail formel qui fera briller l’œuvre et qui lui donnera son pouvoir de révélation.
Notons que Proust parle ici de la « beauté absolue » c’est-à-dire non seulement de
la beauté totale, parfaite d’une œuvre, mais aussi de la beauté en tant qu’elle permet
l’atteinte d’un absolu.
Problématique : La beauté d’une œuvre littéraire tient-elle davantage à la
forme et au style particulier de l’écrivain, qu’au thème traité ?
Ce sujet met finalement en jeu une définition de l’esthétique littéraire et une
réflexion sur la nature d’un bon écrivain.
I)
Si certains thèmes littéraires apparaissent comme plus
naturellement porteur de « beauté » que d’autres…
Certains thèmes littéraires sont traditionnellement considérés comme « beaux » de
nature.
On peut ici rappeler l’équivalence établie chez Platon entre le Beau et le Bien qui
est à l’origine de l’idée d’une beauté essentiellement thématique.
La Beauté d’une œuvre pourra donc être fonction de sa portée morale :
1)
La littérature morale
Si on se réfère à l’équivalence établie entre le Bien et le Beau chez Platon, une
œuvre littéraire, pour être considérée comme belle doit émettre le Bien.
Ainsi la littérature
morale peut-elle être considérée comme un genre de littérature naturellement porteur de
Beauté.
Ex :
·
La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette : c’est la grandeur
morale de l’héroïne et sa fidélité qui font sa beauté et celle de l’œuvre
entière.
·
Exaltation de la virtus chez lez auteurs latins
2)
Les thèmes poétiques traditionnels
Les thèmes utilisés dans le genre poétique sont souvent considérés comme
construisant la beauté de l’œuvre.
La beauté est d’abord à chercher dans la thématique
choisie
Choisissons quelques thèmes en guise d’illustration
a)
L’amour
L’amour est un des thèmes les plus traités non seulement en poésie mais aussi dans
l’ensemble de la littérature.
La thématique amoureuse permet l’exaltation de la femme
aimée et de sa beauté, construisant ainsi la beauté de l’œuvre.
Ex : les poèmes d’amour de Ronsard à cf.
« Une beauté de quinze ans enfantine »
Une beauté de quinze ans enfantine,
Un or frisé de maint crêpe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l'âme aux Astres achemine ;
Une vertu de telles beautés digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
En Dame humaine une beauté divine ;
Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis,
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée
Avec un chant découpé doucement
Ore d'un ris, or' d'un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée
b)
L’ évasion, le voyage
L’évocation du voyage est souvent propice à la description de beaux paysages : là
encore c’est la thématique qui fait la beauté du poème ou de l’œuvre littéraire.
Ex :
·
·
Invitation au voyage de Baudelaire
Un paysage grandiose permettant l’accès de l’écrivain au
sublime :cf.
visite de l’Etna dans René de Chateaubriand.
c)
La beauté elle-même
La beauté elle-même est souvent choisi comme thème d’un poème ou d’une œuvre
littéraire.
Ex :
·
La beauté de Barbey d’Aurevilly
·
La beauté de Baudelaire
II)
…La beauté de littérature tient davantage au pouvoir de
l’écrivain dans le maniement de la langue et....
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