Comment peut-on juger une œuvre d'art? Introduction Face à une œuvre d'art, Je jugement individuel est souvent brutal : "C'est...
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Comment peut-on juger une œuvre d'art?
Introduction
Face à une œuvre d'art, Je jugement individuel est souvent brutal : "C'est beau"
ou « Ça ne me plaît pas».
Mais pour peu que l'on en demande la justification ou
les motivations, celui qui juge aussi hâtivement reste en général dans l'embarras,
ou affirme de pseudo-enchaînements:" Ça me plaît parce que c'est beau» ou, au
contraire, «Ce n'est pas beau, ça ne me plaît pas»...
Comment peut-on juger une
œuvre d'art?
1.
Le Beau, valeur normative
- Toute l'esthétique classique admet que l'œuvre d'art doit participer d'une'
beauté qui est définissable.
- Soit que (Platon) l'on conçoive le Beau comme une idée transcendante dont
l'art, dans Je monde sensible, ne sera qu'un écho affaibli : dans ce cas, le jugement
sur l'œuvre d'art est ambigu, puisqu'il affirme simultanément son appartenance
à la beauté et sa dégradation.
- Soit que (Kant) l'on repère le beau à un certain nombre de critères (il plaît
universellement sans concept, il semble porteur d'une finalité sans fin, etc.) dont
la présence devra être garantie dans l'œuvre d'art pour que celle-ci soit jugée
favorablement.
- L'analyse du jugement esthétique que propose plus précisément Kant montre
qu'il est de nature réfléchissante, effectuant une totalisation d'éléments divers, qui
apporte une satisfaction capable de s'affirmer comme universelle en droit : c'est
toujours un individu singulier qui juge, mais il prétend implicitement juger au
nom de quiconque, alors même que son jugement se fonde non sur la raison ou
les concepts, mais sur la sensibilité (cf texte du sujet 27).
- Dès lors, juger par exemple qu'un tableau «est beau», c'est affirmer qu'il est
conforme à ce qu'il doit être, c'est-à-dire que ses différents éléments (formes
évoquées, dessin, couleurs, sujet apparent, etc.) coopèrent en un effet d'ensemble.
C'est pourquoi il donne l'impression d'une finalité sans fin, ou intrinsèque.
Autrement dit, un tel jugement se ramène à une tautologie : UI') tableau est
(conforme à ce que doit être) un tableau, et pourtant, il faut bien le prononcer,
puisque la présence de la beauté doit être vérifiée dans chaque œuvre nouvelle à
laquelle je me trouve confronté.
II.
La beauté relative
- Bien qu'implicitement proposée pour toute œuvre d'art, la définition kan
tienne de la beauté apparaît liée à certaines formes historiques de rart.
Il semble
par exemple difficile d'admettre que, dans une fresque romane (soumise à la
nécessité d'« illustrer» la théologie), le sujet s'efface au profit de la seule finalité
intrinsèque.
- De manière plus générale, on doit constater que juger une œuvre d'art d'une
autre période ou d'une autre culture que la nôtre peut faire problème.: que valent
en effet nos critères de- beauté par rapport:à l'élaboration d'un masque africain
ou d'une statuette de l'île de Pâques? Pire: sommes-nous assurés de percevoir J1art
du passé de notre société comme l'ont perçu ses contemporains? ., :.: •.
- Sur ce dernier point, 1a réponse est négative,,rnais on peut nrouver prétexte
à ·redéfinir Pœuvre d'art comme capable de s'offrir à des «lectures» et des
jùgements historiques variables (é'est ce que Umberto Ecco nomme« ouverture,.
de l'œuvre).
C'est en raison de ces potentialités polysémiques que l'œuvre d'art
échapperait à l'époque(ou à la culture) qui l'a produite pour servir éventuellement
de référence aux époques ultérieures (cf Marx : comment se fait-il que l'art grec,
dont l'infrastructure sociale a disparu, nous plaise encore?).
III.
L'art, non le beau
- La reconnaissance des arts non occidentaux est l'une des raisons qui font que,
pour les esthéticiens contemporains, le concept de beauté est devenu inutile, ou
même dangereux (puisqu'il est normatif et risque de nier ce qui ne serait pas
conforme à ce qu'il prévoit).
Tel est par exemple l'avis de Mike! Dufrenne.
- S'y ajoute le caractère particulier de l'art moderne qui, depuis plus d'un siècle,
se montre préoccupé en permanence par le....
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