Claude Nicolas Ledoux et les salines d'Arc-et-Senans
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
Ci-dessus, vue en perspective de la ville de Chaux, selon le projet de Claude Nicolas Ledoux.
Le 20 septembre 1771, par arrêt royal l'architecte Claude Nicolas Ledoux, protégé de madame du Barry, la favorite de Louis XV, est nommé commissaire des salines de l'État en Franche-Comté.
Chargé de contrôler la qualité et les procédés de la manufacture et, éventuellement de faire construire de nouveaux ouvrages d'art, il prendra
au sérieux cette fonction, en général convoitée pour ses avantageuses gratifications. En 1773, il présentera le projet de la saline d'Arc-et-Senans, associant une fabrique et une ville idéales, qui ne sera réalisée que partiellement.
«
Trop de colonnes !
Si l'avant-projet n 'est pas très
innovateur en ce qui concerne
la distribution des divers
bâtiments, le roi, qui l'exa
mine peu avant sa mort, est
horrifié par la vision arch itec
tu raie de Ledoux .
Celui-ci a
profité de cette commande
pour tenter d'introduire ses
conceptions en
matière d'archi
tecture ouvrière et propose
quatre colonnes géantes, à
bossage rustique hérité de la
Renaissance
italienne, pour
encadrer l'entrée et vingt
quatre autres colonnes pour
soutenir trois portiques cou
verts.
De longues galeries
couvertes qui découpent la
cour en diagonales pour
« accélérer les services »
s'appuient également sur
cent quarante colonnes sans
base.
Louis XV est choqué :
« Pourquoi tant de colonnes,
elles ne conviennent qu'aux
temples et aux palais des
rois » ! Ledoux est incapable
de donner une réponse satis
faisante
à Sa Majesté: c'est un
visionnaire qui, contrairement
à nombre de ses contempo
rains, ne considère pas fabri
ques et manufactures comme
des constructions de classe
« inférieure ».
L'avant-projet est donc rejeté .
Mais il est repris par l'archi
tecte, qui parvient à imposer
à sa saline une certaine théâ
tralité, très novatrice.
Le gros
œuvre, qui demande plus de
trois ans de travaux , com
prend, en plus de la saline, un
aqueduc en bois, une double
canalisation en troncs de
sapin et le bâtiment de « gra
duation », structure ouverte
où s'effectue partiellement
l'évaporation .
Une entrée mo
numentale, composée d 'un
portique soutenu par six
colonnes doriques, ouvre sur
un portail dissimulé par une
spectaculaire imitation de
grotte en pierre décorée
d'urnes sculptées , d'où jaillit
de la saumure crista llisée .
Une cité idéale?
Conformément au plan semi
circu laire adopté au final,
plusieurs pavillons sont dispo
sés en arc de cercle, afin de
répondre aux exigences de
salubrité en permettant aux
vents de disperser les émana
tions de la fabrique.
Aux dix
bâtiments principaux s'a jou
tent des dépendances et des
étab les , des échoppes de
charpentiers et de tonneliers .
Les
logements des artisans
sont installés au premier
étage de l'éd ifice central; la
saline elle-même et les habi
tations des ouvriers sont abri
tées dans les constructions
qui complètent l' arc de cercle.
A
l'oppo sé de l'entrée se
trouve la maison du directeur
à la façade ornée de colonnes
rustiques géantes et la cha
pelle .
De chaque côté de ce
bâtiment , deux hangars
cachés derrière des façades,
elles aussi ornées de colon
nes et portiques de pierres
rustiques, abritent quatre
chaudières, des réservoirs et
des râteliers de séchage.
L'ensemble de la sa line , y
compris les jardins potagers,
UNE ACTIVITÉ ANCIENNE
Les salines de Franche
Comté, en général de fondation très ancienne ,
existent depuis l'époque
romaine.
Elles produisent le
sel, selon un simple procédé
d'évaporation, à partir des
sources salées qui jaillissent
des monts du Jura et des contreforts des Alpes.
Une fois l'eau évaporée,
le sel est cristallisé dans
d'énormes marmites de fer,
placées au-dessus d'un feu
de bois, qui impose
de s'établir à proximité
de forêts où se procurer
le combustible.
Le sel est
ensuite séché et empaqueté.
A partir des années 1680,
il est vendu par la Ferme
générale et soumis, sauf dans les régions
productrices, à la fameuse
«gabelle », impôt fort
impopulaire.
Les plus importantes de ces
fabriques, comme Dieuze,
Rosières, Château-Salins et
Salins, sont de véritables
villes en miniature, ceintes
de murs et de larges fossés
destinés à éviter le vol et la fraude.
est entièrement clos par un
mur,
entouré au XVIII' siècle
par une douve sèche et une
avenue périphérique.
Cette
cité idéale selon ·les esprits
du siècle des Lumières, devait
permettre aux ouvriers de
s'épanouir en dehors de leur
dur labeur , grâce à des
« foyers », tenant à la fois lieu
de cuisine et de salle de
réunion .
Mais cette ville, où la popula
tion vit en autarcie, fait figure
de royaume en miniature , sur
lequel le directeur et ses
adjoints règnent en «tyrans »,
s'appuyant sur des règle
ments très stricts qui organi
sent la journée de tous,
depuis la prière du matin jus
qu'au couvre-feu..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Claude Nicolas Ledoux et les salines d'Arc-et-Senans
- LEDOUX, Claude Nicolas (1736-1806) Architecte et urbaniste, il acquiert sa notoriété avec l'édification du théâtre de Besançon, de la Saline d'Arc-et-Senans.
- LEDOUX, Claude Nicolas (1736-1806) Architecte et urbaniste, il acquiert sa notoriété avec l'édification du théâtre de Besançon, de la Saline d'Arc-et-Senans.
- Arc-et-Senans, salines royales d' - architecture.
- Claude Nicolas Ledoux par Geneviève Levallet-Haug Claude Nicolas Ledoux, né à Dormans (Marne), élève de J.