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Chine 1999-2000 Turbulences Sur le plan interne comme en politique étrangère, l'année 1999-2000 a été marquée par un climat tendu,...

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« Chine 1999-2000 Turbulences Sur le plan interne comme en politique étrangère, l'année 1999-2000 a été marquée par un climat tendu, malgré une stabilité apparente lors des anniversaires importants qui ont jalonné le calendrier : notamment, dixième anniversaire du massacre de Tian An Men (1989) et cinquantenaire de la fondation de la République populaire (1949).

Par ailleurs, face aux préoccupations concernant l'économie (le taux de croissance a seulement atteint 7,1 % en 1999 et la tendance déflationniste a perduré), le régime a tenté de poursuivre une politique susceptible de prévenir une instabilité majeure.

Au cœur du pouvoir, les clivages et les conflits ont perduré, qu'ont tenté d'assainir (si elles ne les ont pas intensifiés) des campagnes anticorruption.

En politique étrangère, le bombardement par l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) de l'ambassade chinoise à Belgrade, lors de la guerre au Kosovo (printemps-été 1999), a été à la fois un élément majeur de la détérioration des relations sino-américaines et un instrument utile à la propagande nationaliste de Pékin. Crises et conflits sociaux Parfois violentes et quasi quotidiennes, les mobilisations sociales ont témoigné de la misère croissante des populations sans emploi, de l'aggravation criante des inégalités et de la naissance de nouveaux courants spirituels.

Ces phénomènes, de nature très différente (sit-in, explosion de bombes dans le Liaoning en janvier 1999 et à deux reprises dans le Hunan en mars 1999) ont révélé tout autant la colère des paysans face au "racket fiscal", que le désespoir individuel ou le désir de bénéficier d'indemnités chômage ou de retraite.

Mais il n'y eut toutefois jamais de protestation strictement politique.

En continuité avec les années précédentes, la "tolérance" du pouvoir à l'égard de certains regroupements s'est arrêtée dès que ceux-ci ont commencé de s'institutionnaliser ou que leurs animateurs ont tenté de se poser en interlocuteurs directs du régime. Malgré la controverse sur les chiffres, près de 20 % de la population serait affectée par le non-(sous)emploi, soit le taux le plus élevé depuis 1949 et en augmentation constante depuis le milieu des années quatre-vingt-dix (notamment du fait des licenciements dans les entreprises d'État déficitaires).

En dépit des déclarations officielles, notamment lors du plénum du Comité central du PCC (Parti communiste chinois) en septembre 1999, consacré à l'assainissement du secteur étatique, ou lors de la session annuelle du Parlement en mars 2000, qui a présenté un plan de relance et l'amorce d'une politique de protection sociale, de nombreuses réformes ont été ajournées.

Certes le Premier ministre Zhu Rongji avait prôné lors de la session de l'Assemblée de mars 1999 une politique budgétaire active pour soutenir la croissance, une politique monétaire vigoureuse ainsi qu'une orientation des prêts vers le secteur privé. Mais les lourdeurs du système ont freiné les réformes, l'objectif de stabilité a parfois interdit la liquidation d'entreprises pesant lourd sur le budget de l'État et le "filet social" est désormais apparu essentiellement assuré (lorsque c'est le cas) par des initiatives locales, privées, voire caritatives. Les paradoxes du politique Autre forte mobilisation : à trois reprises en avril, en juillet puis en octobre 1999, malgré l'interdiction officielle du mouvement par le Comité central du Parti, des adeptes du groupe de méditation de la Roue de la Loi (Falun gong) ont organisé des regroupements rassemblant plusieurs milliers d'individus pour réclamer sa légalisation.

Cette "secte" non violente, qui compte plusieurs dizaines de millions de membres, propose à une société bouleversée par les transformations sociopolitiques récentes l'amélioration de son hygiène de vie par la pratique des arts martiaux et du qigong (technique de respiration très populaire en Chine et désormais sévèrement contrôlée).

Pékin a entrepris, dès avril 1999, des campagnes idéologiques pour le "retour à l'athéisme" et de prévention contre les "cultes hérétiques", alors même que le pouvoir reconnaissait que de nombreux membres du Parti étaient aussi membres de Falun gong.

Le régime a ainsi maintenu en 1999 sa politique de dissuasion vis-à-vis de mouvements religieux, politiques (la répression est automatique pour les cadres du Parti trop audacieux comme en a file:///F/Lycée/angui/450389.txt[13/09/2020 01:05:07] témoigné l'arrestation mi-1999 de Fang Jue) ou alternatifs émergents : fin 1999, Peng Ming, ancien fonctionnaire et militant écologiste, a été condamné à quatre ans de prison.

Or, cet engagement fait écho à la sensibilité écologique croissante qui se fait jour au sein de la société, relayée par la propagande du régime. À l'opposé se sont multipliées depuis fin 1999, dix ans après les premières élections de chefs de village, des élections dans une trentaine de moyennes ou grandes villes.

Dans l'ensemble, elles sont demeurées très restrictives, dominées bien sûr par le Parti communiste et limitées à peu de participants.

Leur but principal est de rajeunir les comités de quartier souvent tenus par des personnes âgées rigides.

Comme à la campagne, ces élections ont aussi pour but de se débarrasser, "naturellement", au niveau local, des cadres incompétents ou corrompus.

Ainsi, loin de manifester la volonté du pouvoir d'une transition politique de type démocratique, ces élections constituent pour Pékin l'instrument régulateur d'une situation socioéconomique fragile et visent à imposer le Parti comme la seule institution structurante au sein de la société. Sur le plan "politicien", entre 1999 et 2000 s'est opéré un rééquilibrage des forces au profit, semble-t-il, de Jiang Zemin, le plus haut personnage du régime, pourtant longtemps considéré comme le terne successeur de Deng Xiaoping.

Ce rééquilibrage apparaît comme la conséquence à la fois des risques politiques que le plan économique de Zhu Rongji fait peser sur la légitimité et l'avenir de l'État-Parti, et de l'habileté de Jiang à s'imposer avec ses proches comme les héritiers du legs révolutionnaire.

Le tournant s'est opéré le 1er octobre 1999, lorsque le régime a célébré ses cinquante ans, dans le cadre d'une fastueuse cérémonie à la gloire du Parti communiste.

En effet, le technocrate, tantôt populiste tantôt réaliste, Zhu Rongji est demeuré populaire auprès des citoyens chinois, mais très controversé au sein de l'appareil.

À l'inverse, Jiang Zemin peut compter sur l'appareil pour asseoir son autorité.

Ainsi, remarquablement mis en scène, martial, revêtu de la même vareuse grise que Mao Zedong pour passer en revue les forces armées le long de Tian An Men, il est parvenu à s'imposer lors du cinquantenaire comme le nouveau dirigeant suprême dotant le pays d'une nouvelle pensée : "la théorie Jiang" qui confirme que "seul le socialisme peut sauver la Chine" et que "le marxisme peut triompher de Falun gong". Enfin, lancée durant les mois précédents, la campagne anticorruption dite des "Trois Accents" a joué comme régulateur, ou amplificateur, des rivalités internes entre les clientèles structurant l'appareil.

En janvier 1999 et 2000, de très hauts personnages, issus des différents courants, ont été arrêtés.

Le ministre chargé de la Sécurité publique et de la Répression des fraudes Li Jizhou, l'épouse de Jia Qinglin (membre du Bureau politique et proche de Jiang Zemin), le vice-président de l'Assemblée nationale Cheng Kejie (proche.... »

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