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Chateaubriand: René (1802) René met en scène un jeune homme atteint du« vague des passions», c'est-à-dire de cette sorte de...

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« Chateaubriand: René (1802) René met en scène un jeune homme atteint du« vague des passions», c'est-à-dire de cette sorte de vague à l'âme et d'ennui qui frappe les jeunes gens« nés avec le siècle».

Le «je» est celui du narrateur, René lui-même, mais les mul­ tiples analogies avec la vie et les sentiments de Chateau­ briand laissent penser qu'il s'agit d'une œuvre d'inspiration autobiographique.

C'est aussi un témoignage sur le mal de vivre de toute une génération. Le passage donné ici est tout à fait représentatif de l'impor­ tance accordée au « moi» par les Romantiques.

Il est éga­ lement révélateur du malaise qui fait naître un désir d'évasion. M 5 ais comment exprimer cette foule de sensa­ tions fugitives que j'éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et. les eauxfont entendre dans le silence d'un désert: on enjouit, mais on ne peut les peindre. L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravissement dans le mois des tempêtes.

Tantôt j'aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et desfantômes; tantôtj'enviaisjusqu'au sort du pâtre-que je voyais réchauffer ses mains à l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé au coin d'un bois.J'écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l'homme est triste, lors même qu'il 15 exprime le bonheur.

Notre cœur est un instrument incomplet, une ryre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs. Le jour, je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par 20 des forêts.

Qµ 'ilfallait peu de chose à ma rêverie ! une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au sou.file du nord sur le tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait ! 25 Le clocher solitaire s'élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête.Je me.figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ;j'aurais voulu être sur leurs ailes.

Un secret instinct me tourmentait; 30 je sentais que je n'étais moi-même qu'un V'!)'ageur; mais une voix du ciel semblait me dire : « Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régi,ons inconnues qué ton cœur demande.» 35 « Levez-vous vite, orages désirés 1, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie!» Ainsi disant,je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur. 10 François-René de Chateaubriand, René (1802) 1. Ces 14 « orages » peuvent être assimilés à la mort. " Idée directrice Le texte associe le récit d'une expérience de vagabondage dans la nature à l'analyse psychologique.

Le narrateur s'interroge, s'observe et étudie ses sentiments avec une certaine complaisance.

Les incertitudes et l'insatisfaction qu'il sent en lui le poussent à souhaiter, avec lyrisme*, un départ pour « une autre vie », qui est peut-être la mort. Les caractéristiques du texte font qu'on peut étudier successivement : - l'expression du« moi» et l'intérêt que le narrateur porte à ses actions et à ses sentiments ; - l'accord avec la nature ; - le malaise et le désir d'évasion. PISTES DE LECTURE A.

L'expression du «moi» Le texte est écrit à la première personne et le narrateur, René, se met en cause dans le récit de ses actions et dans l'analyse de ses sentiments. • La prédominance du «je» Presque toutes les phrases du texte comportent le pronom personnel de la première personne.

On note ainsi treize emplois de «je», sujet, relayé par la forme d'insistance « moi-même » (1.

30), par des formes du pronom complément(« m' », «moi» ou« me») et par des adjectifs possessifs de la première personne (1.

2, 20, 26, 27, 29, 31, 37, 39).

La ligne 5 fait apparaître le pronom« on» et les lignes 15-18 le pronom« nous», qui englobent le narrateur dans un groupe plus large.

Dans le passage rapporté au style direct (1.

31-34), la première personne devenue destinataire du message se transforme en« tu», mais il s'agit toujours du narrateur. 15 • Le narrateur, centre d'intérêt pour lui-même La prédominance de la première personne souligne que le narrateur se prend lui-même comme centre d'intérêt, à la fois dans ce qu'il fait (cela correspond au récit) et dans ce qu'il ressent (cela correspond à l'analyse des sentiments). - Le récit : c'est celui des actions accomplies par le narrateur («j'entrai», I.

7; «je voyais,,, I..... »

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