CHAPITRE XII : LE PÈRE DODU Répliques du Temps 5 •MJ.iiiMi Le héros a un dernier sursaut; il est sur...
Extrait du document
«
CHAPITRE XII : LE PÈRE DODU
Répliques du Temps 5
•MJ.iiiMi
Le héros a un dernier sursaut; il est sur le point de pro
poser à Sylvie de s'installer avec elle dans « la maison de
[(']oncle», mais ils arrivent justement à Loisy où on les attend
pour souper.
Il reconnaît parmi les convives « un vieux bûche
ron, le père Dodu» qui, autrefois, servit de guide aux
Anglais, à Ermenonville, sur les traces de Rousseau.
Le
vieillard voit dans « le petit Parisien» le citadin qui vient
débaucher la campagne.
Ce dernier n'est pas dupe.
Sylvie
est à côté de son amoureux en qui on fait reconnaître au
héros son frère de lait, le « grand frisé».
Après le dîner, elle monte dans sa chambre.
Pour le héros,
tout est bien fini.
Il continue à discuter avec le père Dodu,
Sylvain et son frère de lait.
Il apprend alors du vieillard le
mariage prochain de Sylvie avec le « grand frisé».
Le len
demain il regagne Paris.
Ci•foil'dfüHhJi
« J'allais répondre, j'allais tomber à ses pieds, j'allais offrir
la maison de mon oncle [: ..
].
» La répétition ternaire va s' amplifiant au :rythme des velléités du héros.
C'est le signe de l'évolution certaine de ce dernier au contact de la réalité contingente.
À côté de la volonté patente de régresser, il y a un dernier
mouvement positif de l'être neIValien vers l'autre féminin qui
pourrait l'ancrer durablement dans une communauté, le ressourcer à ses origines généalogiques.
D'ailleurs, ce chapitre,
dans son entier, transcrit les effets de réel.
La multiplicité
des notations permet de parler d'une véritable isotopie : la maison de [l]'oncle avec ses divers héritiers,« la soupe à l'oignon
patriarcal[ e] », « les voisins invités pour [un] lendemain de
fête », parmi lesquels « un vieux bûcheron [...
] qui racontait
jadis aux veillées des histoires [...
] ».
Les exclusions du réel
Le père Dodu incarne jusqu'à la caricature le rôle du paysan
fier de sa province ; il n'est pas Parisien, lui, comme le narrateur qui, à ce titre, se devrait d'accepter l'étiquette de débauché de la ville.
Volontiers sentencieux, tant il se gargarise de
sa vulgate rousseauiste,.
le vieillard ne se refuse par ailleurs
aucune allusion égrillarde ou licencieuse.
Il n'est pas vraiment
bête ni méchant, mais il est surtout vulgaire, afin de se rendre
intéressant ; complaisance dont le narrateur a parfaitement
conscience : « Père Dodu, vous savez trop bien [...
].
» La convivialité tapageuse et les propos de table conviennent plus qu'à
tout autre à cette figure outrée.
Le père Dodu se présente
comme le gardien farouche d'une tradition.
Quant à Sylvie, à
l'opposé, elle semble vouloir se démarquer lorsqu'elle refuse
de chanter avec les autres convives en prétextant que cela ne
se fait plus.
Cette volonté d'être au goût du jour est-elle plus
authentique? Au fond, le père Dodu et la nouvelle Sylvie s'affichent comme les représentants d'une interprétation du Temps
bien artificielle et conventionnelle; on pourrait aller jusqu'à
imaginer ce dialogue: - «Autrefois, c'était le bon temps»;
- «Aujourd'hui, le temps c'est de l'argent!.
..
»
Cette expérience triviale n'est pas celle du héros; il sait que
la durée qui s'écoule ne permet pas les accommodements, car
elle peut être source de solitude, d'exclusion douloureuse et
irrémédiable.
Rien ne le montre mieux, curieusement, que
l'épisode de la fausse reconnaissance.
Le narrateur a fait sem-
blant, a posteriori, d'avoir reconnu son frère de lait - pour
éviter le ridicule.
La réalité, c'est qu'il n'appartient plus au
groupe, dès lors qu'il ne s'y reconnaît plus.
Le recours complaisant - mais d'une ironie lucide - aux idiolectes de l'enfance
( « ieau », « nayée ») marque aujourd'hui une distance infranchissable : celle du Temps justement dont le père Dodu, qui
abat les arbres, et Sylvie, fille d'un feu qui s'éteint dans une
région dont le cadre socio-économique change, sont les deux
figures rejetantes.
Le rappel de la noyade évitée a permis
d'évoquer en effet à travers la réaction, somme toute amusante, du narrateur enfant, une scène symbolique capitale,
celle de son grand drame originel: l'extinction du feu du Temps,
l'oubli de la durée.
La « belle montre en argent» dont le mécanisme ne marche plus renvoie à la splendide pendule « d'écaille....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓