CHAPITRE V: LE VILLAGE 2. Paysage recomposé: promenades dans les souvenirs Après la fête, le héros raccompagne Sylvie et son...
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«
CHAPITRE V: LE VILLAGE
2.
Paysage recomposé:
promenades dans les souvenirs
Après la fête, le héros raccompagne Sylvie et son frère
chez eux, à Loisy, et se dispose à rentrer à Montagny
chez son oncle.
En cours de route, il décide de passer la
nuit à la belle étoile, car il s'était égaré dans ce paysage
chargé de souvenirs historiques.
Au matin, au vu du «
couvent de Saint S ...
», le souvenir d'Adrienne s'empare
fugitivement de son esprit.
Néanmoins, rebroussant
chemin, il rejoint Sylvie à Loisy où elle exerçe le métier
de dentellière.
Sur son idée à elle, ils partent pour
Othys afin de visiter la grand'tante de la jeune fille.
En
chemin, cette dernière cueille des fraises pendant que
le héros lui parle de Rousseau auquel elle reste
«indifférente».
Hésitations et ambivalence
La fête semble déjà loin quand le héros prend le chemin de
Montagny où réside son oncle.
La région qu'il traverse - nous
en découvrons une vue panoramique avec lui, du haut d'une
éminence rocheuse où il va passer la nuit - est pleine de
souvenirs divers qui pourraient retracer une évolution
phylogénique de !'Histoire.
Au centre de cet univers du
passé, où il
s'est égaré, il déclare: «[ ...
]je ne songeais qu'à Sylvie [ ...
].
»
Et pourtant, il semblerait qu'il ait eu en tête une destination
prioritaire:«[ ...
] je m'attendais ensuite à rencontrer les murs
d'un couvent [...
].»D'ailleurs l'idée lui vient que le couvent
« était celui peut-être qu'habitait Adrienne».
Ainsi c'est là non loin de ce couvent - et dans cet état d'esprit qu'il s'est
endormi, comme dans une sorte d'acte manqué! Et c'est bien
vers un passé qu'il a sacralisé, à l'image des témoins historiques qui l'entourent, qu'il est tourné; vers cette Adrienne
céleste et royale qui le hante et près de laquelle il a voulu s'élever (ne serait-ce qu'au sens propre, concret).
« Souvenirs vains»
reconnaît-il, revenu sur terre, après avoir été réveillé alors qu'il
faisait jour, comme par un phénomène de synesthésie auditive.
Il n'a plus qu'à retourner à Loisy.
Le parcours géographique
- ce voyage inachevé vers Montagny, le chemin perdu, le retour
sur ses pas au matin - reflète les hésitations et les pulsions
ambivalentes du héros.
Il a évoqué un paysage-souvenir qui,
de la nuit au petit-jour, l'a désorienté en le renvoyant à un passé
personnel lointain, largement fantasmatique (celui d'Adrienne),
et en refoulant un passé plus immédiat (celui de Sylvie).
Voici donc la description de Loisy en un véritable travelling
avant, opéré grâce au présent de narration ; doublement efficace, car c'est vers ce village que se dirige le héros-narrateur au
moment de l'énonciation (cela pourrait expliquer le titre du
chapitre; Loisy n'apparaît que très rapidement en fait) : c'est un
hameau de fileuses, parmi lesquelles Sylvie ne figure pas.
Elle
se démarque en effet: elle évolue avec les techniques modernes;
l'ironie grinçante point: « c'est presque une demoiselle depuis
qu'elle exécute de fines dentelles [revoilà ses «fuseaux» sonores],
tandis que ses parents sont restés de bons villageois.
»
Dissonances et ironie
Le héros et Sylvie ne sont pas à l'unisson, même s'il apprécie son « sourire divin» : elle croit qu'il sort de son lit; il a, en
fait, passé la nuit ...
près d'Adrienne.
Il semble lui mentir car,
alors que le narrateur vient de nous parler de « nuit douce», il
lui aurait dit que ce fut surtout une nuit d'insomnie mouvementée.
Il y a peut-être bien de l'ironie dans cette réflexion,
« Elle voulut bien....
»
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