Ce qui ne peut s'acheter est-il dépourvu de valeur ? Autres notions abordées : la personne. La volonté. Le de...
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«
Ce qui ne peut s'acheter est-il dépourvu de valeur ?
Autres notions abordées : la personne.
La volonté.
Le de voir.
Le
droit.
Avant de commencer
Analyse du sujet
Un sujet classique, mais néanmoins fort intéressant, parce que por
tant sur une thématique fondamentale de l'existence humaine: la
signification de l'argent, la transcendance de la valeur par rapport
à la monnaie, etc.
Vieux débat, sans cesse recommencé.
Le candi
dat au baccalauréat fera appel à son expérience personnelle, à sa
réflexion, mais aussi à sa culture philosophique et littéraire
(cf.
Timon d'Athènes, de Shakespeare, qui donne à voir l'importance
de l'argent, de« ce qui s'achète et se vend»).
• Conceptualisez soigneusement: attribuez aux mots leur vrai sens,
leur acception adéquate.
- acheter: acquérir moyennant finances, c'est-à-dire par le tru
chement d'un moyen d'échange universel.
- dépourvu de: privé de, sans traces de.
- valeur: ce mot s'emploie en de multiples sens.
Gardons-en au
moins deux:
a) comme valeur d'échange:proportion selon laquelle une chose
est échangée contre d'autres; il s'agit d'un rapport quantitatif;
b) dans le champ moral:ce qui est posé comme idéal pour l'agent
moral et fournit des normes à sa conduite.
- ne peut: ici, ce qu'il n'est ni possible ni légitime de ...
- Ce: il est nécessaire de bien définir ce qui se cache sous ce mot,
qui joue un rôle déterminant dans l'intitulé du sujet.
Quantité de
choses ne peuvent être achetées: la personne (en tant que repré
sentation de la dignité humaine), mais aussi les idées en général,
les manifestations spirituelles, les grandes organisations comme
l'État, etc.
En revanche, on peut acheter du pouvoir, des honneurs,
etc., bien qu'ils ne soient pas des« choses» à proprement parler,
parce qu'ils procurent, même de façon indirecte, des bénéfices.
• Quel est le sens du sujet? Ce qu'il n'est pas possible d'acquérir
moyennant finances, par la médiation de l'argent et de la monnaie,
par le biais d'un moyen d'échange universel, est-il privé de toute
capacité d'échange et de toute norme idéale et échappe-t-il au
caractère des choses jugées supérieures ou désirables?
Tout peut-il avoir une valeur marchande? La personne n'a-t-elle pas
une valeur absolue? Ne faut-il pas distinguer, avec Kant, les choses
et les personnes? Au-delà du prix, ne peut-on postuler la sphère
de l'idéal? En définitive, tout a-t-il un prix ? Y a-t-il une primauté
du spirituel ? Tel est le problème.
• Quel est l'enjeu de l'intitulé? Nous sommes ici interrogés sur l'au
delà de notre sphère marchande.
Le gain théorique et pratique de
l'intitulé est évident: nous faut-il ou non tout ramener à des échanges
économiques? La question est grosse d'enjeux existentiels.
Plan
Le plan sera de type progressif, par mise en place successive de
notions plus élaborées (commerce des choses; plan de la personne,
transcendance des échanges, etc.)
Bibliographie
Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave.
MARX, Manuscrits de 1844, Éditions sociales.
KANT,
1) Introduction
Ce qu'il n'est pas possible d'acquérir par la médiation de l'argent et de la mon
naie est-il dépourvu de valeur, à savoir de cette qualité telle qu'une chose est
estimée désirable ? Une chose ou un être valent pour moi s'ils sont de l'ordre
du désirable et de l'idéal.
Dès lors, ce qui est hors de tout prix, ce qui n'est pas
l'objet d'un commerce mercantile sera-t-il dénué de valeur et placé en dehors
du champ du désirable ? Tel est le sens de l'intitulé.
Mais tout peut-il avoir une valeur marchande ? Les valeurs relatives ne sont
elles pas elles-mêmes subordonnées à une valeur absolue ? Ne faut-il pas dis
tinguer la chose (qui s'achète et se vend) et la personne? Lidéal ne transcende
t-il pas la valeur vénale? Tout a-t-il, en définitive, un prix marchand? Le spirituel
a-t-il ou non une place prédominante ? Tel est le problème.
Quant à l'enjeu, il se dessine pour nous clairement : d'un côté, le commerce
des choses, réglé par la monnaie et l'argent et, de l'autre, la primauté ou la su
bordination du spirituel.
Nous gagnons (ou perdons) la personne et l'esprit
selon la réponse apportée.
2) Discussion
A.
Ce qui ne peut s'acheter est dépourvu de valeur: le commerce
des choses
Acheter, c'est acquérir moyennant finances, c'est rendre sien à travers la média
tion financière.
Or ce type d'acquisition est central dans toute la sphère écono
mique et nous sommes ici immergés dans un plan où la valeur est liée, de ma
nière irréductible, au flux monnaie-argent.
Seul ce qui peut s'acheter a de la valeur.
Dans le commerce des choses, qui imprègne fortement toutes nos mentalités,
la valeur s'évanouit quand s'évanouit l'argent : seul ce qui s'achète possède de
la valeur et se trouve jugé digne d'estime.
Dans les âges reculés et depuis eux,
l'or est devenu la seule valeur et seul il appâte l'âme.
« Dites-moi donc, pourquoi l'or est-il devenu la plus haute valeur?» Telle est
la parole de Nietzsche.
Bien entendu, l'or ne nous intéresse ici et n'est donné comme exemple que dans
la mesure où il représente une forte monnaie d'échange - de vente et d'achat - et
incarne la valeur suprême.
Sans monnaie,.ni argent, nulle valeur, nulle estime,
nulle dignité.
C'est bien ce que nous dit Marx, avant Nietzsche, mais à propos
de l'argent, considéré comme monnaie.
Seul ce qui s'achète avec la médiation
de l'argent vaut: l'a rgent est le bien suprême; donc ce qui s'achète par son en
tremise est bon; il est le lien de tous les liens et, en dehors de ce commerce des
choses par l'argent, rien ne vaut.
Pourquoi? Parce que l'argent.est une véritable
divinité:« Je suis laid, mais je puis m'acheter la femme la plus belle.
Je ne suis
pas laid, car l'effet de la laideur, sa....
»
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