Ce jugement de Roland Barthes ne semble pas a priori s'appliquer directement à la littérature: il s'agira donc d'interroger sa...
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Ce jugement de Roland Barthes ne semble pas a priori s'appliquer directement à la
littérature: il s'agira donc d'interroger sa pertinence dans le cadre d'une analyse
littéraire.
Un « fléau » est, à l'origine, un terme agricole désignant un instrument servant à battre
le blé et, plus précisément, la partie de cet instrument qui fait sortir le grain.
Le fléau
permet donc d'extraire la « substantifique moelle » de l'épi: ce terme renvoie donc à
l'idée d'un révélateur d'essence.
Le fléau désigne dans son sens le plus courant toute calamité et toute souffrance et
s'emploie, par analogie, pour désigner toute chose nuisible ou funeste.
L'expression « test expérimental » renvoie à l'idée d'expérience révélatrice de la nature
humaine.
Selon Barthes, un fléau révèle « une humanité moyenne et nullement héroïque « : l'idée
d'un humanité héroïque se présentant comme quelque peu antithétique ( puisque le
héros est un surhomme, à l'origine mi-homme, mi-dieu), Barthes semble ici faire
référence à une humanité tout simplement humaine ( ce que désigne l'adjectif
« moyenne »).
Cette humanité humaine, dans la moyenne est selon lui une humanité
sans courage ni bravoure, vivant dans l'immobilisme voire dans la peur.
Problématique: Face aux catastrophes et souffrances qui surgissent sur son
chemin, l'homme manque-t-il toujours de courage et de bravoure? La littérature
révèle-t-elle l'homme comme un anti-héros, immobile et inutile dans les
situations critiques?
L'enjeu de cette citation questionnée dans le cadre d'une analyse littéraire est de faire
état de la l'image de l'humanité et de la réflexion sur l'homme véhiculées par la
littérature.
Ce sujet invite donc finalement à analyser les différents « types » de héros
présents dans l'histoire littéraire.
I) L'homme, ce héros
Aux origines de la littérature les fléaux relatés avaient pour fonction d'exalter la bravoure
et l'héroïsme humains.
L'image de l'homme véhiculée est celle d'un maître des situations
critiques, d'un guerrier exemplaire, d'un héros noble témoignant d'une haute image de
l'humanité.
1.
Le héros épique
La littérature épique exalte les hauts faits héroïques de certains hommes qui face aux
fléaux font preuve de noblesse et de courage.
Ces hommes luttent pour défendre des
valeurs héroïques et à travers eux, les auteurs cherchent à donner une haute image de
l'humanité.C'est bien la gloire de l'homme, à travers le personnage d'Enée que chante
Virgile dans L'Enéide:« Arma virumque cano », c'est-à-dire« je chante l’homme et les
hauts faits d’armes ».
Ex:
La chanson de Roland, qui est une célébration épique des vertus de la chevalerie,
de l'honneur féodal et de la foi, à travers le héros, le chevalier Roland.
Le Cid et ses haut-faits pour chaque camp pendant la Reconquista qui a inspiré à
Corneille la tragi-comédie éponyme où le dramaturge exalte les valeurs
chevaleresques comme l’honneur, l’amour chevaleresque, le devoir, et montre
comment le héros, en appliquant ces valeurs accède à la « maîtrise ».
2.
Le héros tragique
Le héros tragique lui aussi cherche à donner une haute image de l'humanité: il est un
individu qui, face à un destin impossible où tout est perdu d'avance, sait rester digne et
exemplaire, révélant toute la force essentielle de l'homme.
Le héros tragique préserve le
sens de l'honneur humain.
Ex:
Horace dans la pièce éponyme de Corneille qui fait passer l'intérêt général de sa
patrie avant l'intérêt particulier de son coeu, en se battant et en tuant son beaufrère Curiace.
La Princesse de Clève peut aussi être considérée comme une héroïne tragique
exaltant l'honneuret la vertu de la femme, en ne cédant pas à la tentation de
l'amour infidèle.
3.
Les limites de cette image héroïque de l'homme face aux situations funestes
Ce type d'homme-héros vainqueur de catastrophes de différents types s'avère davantage
un mythe qu'une réalité.
Son caractère fictif, purement imaginaire et irréel naît de la trop
haute image qu'il donne de l'homme.
La littérature présentant cette image héroïque de
l'humanité, n'utilise pas le fléau comme révélateur de l'essence humaine, mais comme
moyen d'exaltation de toutes les valeurs idéales de l'humanité.
Ces hommes, héros des
épopées et des tragédies présentent un caractère trop surhumainpour révéler la nature
de l'homme: il ne délivre qu'une nature magnifiée.
Ex: Enée, le héros de l'Iliade, est à la limite entre l'humain et le surhumain(cf.
La
rencontre avec la sybille, épisode mythique)
II) L'homme, cet humain
Dans les oeuvres littéraires, les situations de crise permettent souvent de faire émerger
une image moyenne de l'humanité.
L'homme n'est qu'un être humain agissant à sa
portée, qui est faible, face aux catastrophes qu'il subit; le protagoniste n'est donc pas
forcément un archétype, mais seulement un individu.
1.
Le héros romantique: entre énergie créatrice et passion destructrice
Les écrivains romantiques fondent un héros profondément humain, donnant de l'homme
une image réelle, c'est-à-dire, « moyenne ».
L'homme est présenté avec ses qualités et
ses défauts, avec ses réactions braves ou sa faiblesse face aux fléaux auquel il est
soumis.Le héros des oeuvres romantiques est un homme sensible auquel son destin
échappe et dont la société nie les aspirations.
Face à ces difficultéset pour montrer sa
révolte, il choisit souvent la débauche.
Ce personnage comporte les mêmes
caractéristiques que Hugo prête dans la Préface de Cromwell au drame....
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