Brésil 1998-1999 Face à la crise financière Fernando Henrique Cardoso, sociologue de renommée mondiale et social-démocrate converti au néo-libéralisme progressiste,...
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Brésil 1998-1999
Face à la crise financière
Fernando Henrique Cardoso, sociologue de renommée mondiale et social-démocrate
converti au néo-libéralisme progressiste, façon Tony Blair, était le premier
chef d'État, dans l'histoire constitutionnelle du Brésil, à pouvoir briguer un
second mandat consécutif.
Avec seulement un point de moins qu'à la
présidentielle de 1994 (53 % des suffrages exprimés cette fois), il a remporté
dès le premier tour le scrutin d'octobre 1998.
Dans chaque État fédéré, hormis
le Rio Grande do Sul, il a devancé les douze autres candidats en lice.
Mais ce
score était trompeur et l'alliance au pouvoir n'est guère sortie renforcée des
scrutins disputés le même jour: élections des gouverneurs pour le Congrès et des
membres des assemblées locales.
La réélection sans triomphe de F.
H.
Cardoso
A peine plus d'un inscrit sur trois a voté pour le président sortant; le nombre
de voix en sa faveur (35 937 000) était inférieur à celui des abstentionnistes,
des votes blancs et nuls réunis (38 372 000).
F.
H.
Cardoso n'a atteint la
majorité absolue que dans 16 États sur 27 (contre 23 en 1994).
En outre, alors
que le corps électoral s'est étoffé (+ 11,4 millions d'inscrits), il n'a obtenu
que 1 650 000 voix de plus qu'en 1994.
Plus significatif encore, son score est
apparu en recul de quatre points dans les dix États les plus peuplés.
Son
électorat s'est à la fois "désurbanisé" et "dépopularisé".
F.
H.
Cardoso avait cependant toutes les chances de son côté.
Du centre gauche à
la droite conservatrice, toutes les formations d'importance avaient appuyé sa
candidature.
Malgré le soutien plus ou moins effectif de 21 gouverneurs sortants
sur 27, de 69 sénateurs sur 81, de 70 % des députés et de 80 % des maires de
villes de plus de 50 000 inscrits, son avance sur son rival immédiat, Luis
Inácio da Silva (dit "Lula"), loin de s'accroître, s'est réduite.
Celui-ci, candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche radicale), déjà présent
et déjà deuxième lors du premier tour de la présidentielle de 1989 (17,2 % des
voix) et de 1994 (27 %), a encore progressé.
Avec 31,7 % des suffrages, il est
arrivé 21 points derrière le président sortant.
L'opposition de gauche a
globalement gagné près de douze points en quatre ans (41,7 % contre 30 %).
Ciro
Gomes, ancien gouverneur du Ceará, candidat du PPS (Parti populaire socialiste,
ex-parti communiste, façon PDS italien), est arrivé en troisième position avec
11 % des voix.
Toutefois, cette évolution du rapport de forces au niveau
national n'a pas systématiquement trouvé sa traduction au plan local.
Les
différences d'alliance et d'implantation électorale des formations politiques
d'un État à l'autre, combinées à la variété des modes de scrutin (majoritaire à
deux tours pour les gouverneurs, à un tour pour les sénateurs, proportionnel
pour les députés), ont joué pour beaucoup.
Dans la course aux gouvernorats, la formation de F.
H.
Cardoso, le Parti de la
social-démocratie brésilienne (PSDB), moins prompte que lui à adhérer au
néo-libéralisme, a enregistré deux échecs significatifs.
Sur les trois plus
importants États du pays qu'elle détenait (São Paulo, Rio de Janeiro et Minas
Gerais), elle n'a pu garder que le premier: Rio est passé aux mains des
travaillistes; Minas Gerais est allé à l'ex-président populiste Itamar Franco,
pour le compte du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre
droit).
L'obtention de deux petits États, dont Goiás, n'a pas compensé ces
pertes.
Le principal allié du PSDB, le Parti du front libéral (PFL, formation
néo-libérale frileusement progressiste), n'a, pour sa part, conquis aucun État
décisif.
Au soir du scrutin, seul le PT pouvait se réjouir de trois États
enlevés, au nombre desquels l'important Rio Grande do Sul (anciennement PMDB).
A l'issue des élections législatives, l'alliance pro-Cardoso est toutefois
restée ultra-majoritaire, avec 68 % des sièges à la Chambre et 75 % au Sénat.
Mieux, la part des soutiens inconditionnels au président est passée de 33 % à 40
% à la Chambre, frôlant par ailleurs la majorité absolue au Sénat.
En outre, la
coalition s'est équilibrée à la Chambre.
Le PSDB a refait son handicap sur le
PFL.
Ces deux piliers de la coalition, comptabilisant chacun 20 % des sièges,
ont devancé le PMDB qui, avec 16 % des sièges, a cessé d'être le premier parti
du pays.
Au Sénat, en revanche, le PSDB est demeuré en retrait du PFL et du
PMDB.
Dans les deux enceintes, l'opposition de gauche, regroupée autour d'un PT
en progression (11 % des sièges), fait jeu égal avec une opposition de droite en
recul et structurée autour des ultra-libéraux du Parti progressiste réformateur
(PPR, 11 %).
Il reste que ces scrutins ont été affectés par les tensions sur....
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