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Brésil 1989-1990 La "reconstruction nationale" En prêtant serment, le jeune président Fernando Collor de Mello, le 15 mars 1990, a...

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« Brésil 1989-1990 La "reconstruction nationale" En prêtant serment, le jeune président Fernando Collor de Mello, le 15 mars 1990, a clos la transition vers un régime civil et démocratique (les militaires avaient cédé le pouvoir en 1985).

L'année politique a été dominée par une longue campagne électorale riche en surprises.

La crise économique avait pris des proportions alarmantes, l'inflation multipliant les records, alors que la dette externe continuait de drainer vers l'extérieur les capitaux indispensables à la croissance.

La dette sociale et son palmarès de misère, d'analphabétisme et de mortalité témoignaient de l'échec du gouvernement Sarney (1985-1990). Pour la première fois depuis 1960, l'élection présidentielle allait s'effectuer au suffrage universel direct (deux tours, les 15 novembre et 17 décembre 1989) ; les jeunes de plus de seize ans et les analphabètes, selon les dispositions de la Constitution de 1988, bénéficiant du droit de vote.

Tous les vieux politiciens allaient être balayés, un nouveau Brésil politique allait s'affirmer au cours de la campagne présidentielle, annonçant la fin des dinosaures. Le carnaval des présidentielles Malgré une opinion publique défavorable et un PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien) divisé, son chef Ulysses Guimarães, qui symbolisait l'opposition aux militaires, et le soutien indéfectible à la transition démocratique, se présentait.

Affaibli par les dissensions, et terni par son appui au gouvernement impopulaire de José Sarney, le PMDB, parti de gouvernement, qui formait la majorité au Congrès et au Sénat, subira une défaite majeure.

La candidature de Guimarães échouera au premier tour avec 4,4% des voix. Ancien gouverneur du Rio Grande do Sul, exilé politique, ex-gouverneur de Rio de Janeiro et chef incontesté du Parti démocratique travailliste (PDT), Leonel Brizola menait campagne depuis son retour d'exil en 1979.

Caudillo à l'ancienne, grand maître du jeu politique, Brizola s'adressait au peuple, usant du discours nationaliste et interventionniste propre au populisme traditionnel.

Il ne cédera la deuxième place que de 454 000 voix à Luís Ignacio "Lula" da Silva, le candidat du Parti des travailleurs (PT), lequel recueillera 16% des suffrages. L'enjeu pour Lula, le "Walesa tropical", était de se distancier de son image de chef syndical et de rallier les paysans et surtout les employés et la classe moyenne urbaine.

Fort de la poussée de son parti aux élections municipales de novembre 1988, soutenu par la Centrale unique des travailleurs (CUT), par l'Église catholique et tout le réseau des communautés de base, la candidature de Lula prenait rapidement une envergure nationale. Mário Covas était le candidat du PSDB (Parti social-démocrate brésilien), dissident du PMDB.

Il se voulait le représentant de la gauche modérée, associant capitalisme et nationalisme, modérant le libéralisme ambiant par un programme social généreux.

Si son programme attirait la classe moyenne urbaine, la compétence du candidat et de son équipe rassurait la bourgeoisie.

Mais il manquait à Covas l'appui populaire sans lequel toute élection demeure improbable.

Signe des temps, le néo-libéralisme faisait son entrée sur la scène électorale avec la candidature de Guilherme Afif Domingos.

Dirigeant patronal connu, sa percée dans l'opinion publique ne se concrétisera pas au moment du vote. Collor vainqueur Fernando Collor de Mello s'était illustré dès l'âge de vingt-neuf ans en tant que maire de Maceió, puis en 1982 comme député fédéral du Parti démocratique social (PDS), enfin en 1986 il avait été élu sous la bannière du PMDB au poste de gouverneur du petit État d'Alagoas.

Considéré comme candidat marginal par la classe politique, il a tout de suite été projeté en tête des sondages.

Soutenu par un petit groupe de députés réunis au sein du Parti de la reconstruction nationale (PRN) créé pour la circonstance, c'est plus à son image qu'à son programme que Collor devait son avance.

Il dénonçait la corruption et affirmait la nécessité de réduire les dépenses publiques, ce qui ne l'empêchait pas de promettre un soutien accru aux plus démunis.

Bien qu'il se soit affiché comme un homme du centre dont les politiques "indigneront la droite et étonneront la gauche", le Brésil traditionnel n'a pas hésité à reconnaître en Collor de Mello l'un des siens.

La bourgeoisie, les militaires, des politiciens aussi marqués à droite qu'Antonio Carlos Magalhaes et surtout l'empire Globo (télévision, radio, journaux) de Roberto Marinho ont très tôt soutenu sa candidature. Mécontents de la tournure de la campagne, des éléments proches du président Sarney ont suscité, quelques jours avant le scrutin, la candidature du fort populaire animateur de télévision Silvio Santos.

Mais le Tribunal supérieur électoral (TSE), démontrant par là son indépendance, écartait cette candidature de dernière heure. Il est simpliste de ne voir en Fernando Collor qu'un pantin créé par les médias et soutenu exclusivement par la droite traditionnelle.

Plus que les clivages idéologiques, c'est plutôt l'ambition personnelle, avec son lot d'alliances déconcertantes, qui permet d'apprécier la complexité du jeu politique.

Le PMDB n'a-t-il pas offert au présomptueux gouverneur de l'Alagoas la candidature à la vice-présidence? Le phénomène Collor illustre la faiblesse.... »

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