Brésil 1984-1985 La nouvelle République L'année 1984 s'est écoulée au Brésil sous le signe de profonds changements politiques. Au mois...
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Brésil 1984-1985
La nouvelle République
L'année 1984 s'est écoulée au Brésil sous le signe de profonds changements
politiques.
Au mois de janvier 1984, les partis de l'opposition ont lancé la
campagne en faveur d'une élection au suffrage universel direct du prochain
président.
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues
de São Paulo et d'autres grandes villes.
Cependant, le gouvernement a réussi, en
avril, à empêcher l'adoption par le Parlement d'un amendement constitutionnel à
cette fin.
Le candidat présidentiel du Parti du mouvement démocratique
brésilien, PMDB (principal parti d'opposition), Tancredo Neves, s'est alors
décidé à déployer ses qualités de conciliateur et de rassembleur, ainsi que sa
grande expérience (il avait été ministre sous Vargas et Kubitchek, puis Premier
ministre sous Goulart) pour obtenir une majorité au Collège électoral,
retournant ainsi contre les militaires la procédure électorale inventée pour
assurer leur permanence au pouvoir.
Sa manoeuvre a été rendue possible par la scission du parti gouvernemental, le
Parti démocratique social (PDS), précipitée par la pression populaire en faveur
de la redémocratisation du pays et l'impopularité de l'ancien gouverneur de São
Paulo, Paulo Maluf, devenu le candidat présidentiel du PDS.
Une alliance
démocratique appuyant Tancredo Neves s'est formée entre le PMDB et le Parti du
front libéral fondé par les transfuges du PDS.
Dès lors, la victoire de Tancredo
lui était acquise.
Le 15 novembre 1984 il était élu président, ayant accepté,
sur le conseil du Front libéral, de confier la vice-présidence à José Sarney,
ancien chef du PDS.
Il semblerait aussi que le futur président ait dû donner certaines assurances à
l'armée quant à l'autonomie dont elle jouirait, quant à l'absence de poursuites
judiciaires pour abus de pouvoir sous le régime autoritaire, et qu'il ait
accepté que le suffrage direct à l'élection présidentielle ne soit pas instauré
avant 1988.
En revanche, Tancredo Neves a annoncé un programme de réformes
démocratiques immédiates du système politique et l'élection prochaine d'une
Assemblée constituante.
Une transition politique exemplaire
La transmission du pouvoir des mains du président sortant, le général João
Baptista Figueiredo, était prévue pour le 15 mars 1985.
La veille, Tancredo
Neves tombait gravement malade, et il mourait cinq semaines plus tard, après
plusieurs opérations.
Cet épisode douloureux a eu comme effet paradoxal de
réunir autour du chevet du président la nation tout entière, et a permis que la
transition politique se fasse d'une façon exemplaire.
C'est José Sarney qui a
assumé le pouvoir, d'abord par intérim puis de plein droit.
Il a tenu à
démontrer son respect absolu de la ligne proposée par Tancredo Neves et a
accepté de fait que la nouvelle République fonctionne à ses débuts comme une
démocratie parlementaire et non présidentialiste.
Le rôle des groupes
parlementaires du PMDB et du Front libéral s'est accru.
Un train de mesures pour
débarrasser le pays du fatras autoritaire a immédiatement suivi.
Les derniers
vestiges de la censure ont été abolis et les lois antisyndicales abrogées.
Le
Parlement a voté des amendements constitutionnels nécessaires à l'élection au
suffrage universel du prochain président, donnant droit de vote aux analphabètes
et aux soldats, et légalisant tous les partis politiques, y compris ceux de
l'extrême gauche qui étaient proscrits.
L'Assemblée constituante devrait
vraisemblablement être élue le 15 novembre 1986, et le président Sarney s'est
déclaré partisan de la réduction du mandat présidentiel à quatre ans.
Les
élections au suffrage direct des maires des grandes villes, auparavant nommés
par les gouverneurs des États, devaient avoir lieu avant la fin de 1985.
Le passage à la nouvelle République s'est donc fait dans la continuité, dans le
calme et dans le respect de la Constitution héritée du régime autoritaire, mais
considérée néanmoins comme la meilleure garante de la légalité en attendant les
travaux de l'Assemblée constituante.
Le prix qu'a dû payer Tancredo Neves pour
cet exploit n'a pas été des moindres.
Le gouvernement qu'il a constitué, et que
le président Sarney a maintenu au pouvoir, était le fruit de savants dosages et
de compromis dont lui seul avait le secret.
La volonté d'aller vite en matière
de changements institutionnels et d'engager un processus de démocratisation
irréversible contrastait avec le conservatisme qui avait inspiré jusqu'alors la
politique monétaire et financière.
En mai 1985, le Brésil ne semblait pas s'être décidé à une rupture éventuelle
avec le Fonds monétaire international (FMI).
Or, la situation sociale héritée
des vingt et une années du régime autoritaire était extrêmement grave et une
grève très dure des métallos de São Paulo a été lancée dès le début d'avril,
malgré les efforts de médiation du ministre du Travail.
Les risques de
déstabilisation de l'économie n'étaient pas à exclure, d'autant plus que
l'inflation a....
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