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Brésil 1980-1981 Les limites de la "libéralisation" Trois éléments ont marqué l'année 1980 au Brésil: le ralentissement de la libéralisation...

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« Brésil 1980-1981 Les limites de la "libéralisation" Trois éléments ont marqué l'année 1980 au Brésil: le ralentissement de la libéralisation politique, l'éclatement du front de l'opposition constitué au cours des années précédentes, l'aggravation de la crise économique et sociale. Amorcée en 1974, la libéralisation politique concerne la suppression de la censure sur la presse, les élections et la promulgation d'une amnistie qui a permis le retour des leaders et militants politiques exilés lors du coup d'État d'avril 1964.

Mais ces mesures ont une portée assez restreinte: sous l'effet des pressions gouvernementales, la presse pratique une autocensure insidieuse ; les élections et l'organisation des partis politiques sont étroitement contrôlées par le régime ; l'amnistie de 1979 n'a pas rendu aux anciens condamnés politiques la pleine jouissance de leurs droits, et il n'est pas certain qu'ils pourront se présenter aux élections générales qui devraient se dérouler en novembre 1982. Une gauche divisée Il n'en demeure pas moins que la situation politique tranche nettement avec celle des autres dictatures du cône sud du continent latino-américain.

Les différences sont importantes, décisives, mesurables: plusieurs dizaines de milliers d'Argentins, d'Uruguayens, de Chiliens, de Paraguayens se sont réfugiés au Brésil au cours de ces dernières années.

Après la promulgation de l'amnistie, le régime a remis en cause, en 1980, le système "bipartidaire" instauré en 1965. Le but avéré de cette manoeuvre était de faire éclater le front démocratique et populaire qui s'était constitué autour du MDB (Mouvement démocratique brésilien), seul parti d'opposition toléré.

Les élections de 1974, 1976 et 1978 avaient montré en effet que le système "bipartidaire" transformait les consultations électorales en un véritable référendum où le régime militaire était systématiquement désavoué. Dans la mesure où l'opposition est maintenant divisée en quatre partis politiques - le PMDB (qui réunit la plupart des élus de l'ancien MDB), le PT (Parti des travailleurs, rassemblant des syndicalistes et une partie de l'intelligentsia), le PP (Parti populaire, constitué par des "modérés") et le PDT (Parti démocratique et travailliste, de l'ancien gouverneur Leonel Brizolla) -, la tactique du régime semble avoir été partiellement couronnée de succès. Toutefois, le nouveau parti gouvernemental, le PDS (Parti démocratique et social), est lui-même paralysé par des rivalités régionales et ne parvient pas à s'implanter dans le pays.

Le gouvernement ne dispose donc toujours pas d'un instrument adéquat pour institutionnaliser le régime né du coup d'État de 1964. Incapable de fait de contrer l'action de l'opposition sur le terrain électoral, le régime doit avoir recours à des mesures dictatoriales afin d'intimider l'opinion et d'infléchir le cours des événements.

Périodiquement, la tenue d'élections en 1982 est remise en question.

En réalité, ce scrutin aura une importance capitale: pour la première fois depuis 1964, le corps électoral pourra élire les gouverneurs qui dirigent les différents États de la fédération, et les quatre partis d'opposition paraissent à même de l'emporter dans onze États, parmi les plus peuplés et les plus riches du pays (représentant à eux seuls 80% du produit national brut brésilien). L'envers du "miracle" C'est dans le domaine social que les limites de la "libéralisation" apparaissent clairement.

Les recensements précédents avaient déjà montré l'ampleur des modifications sociales engendrées par la croissance économique des vingt dernières années: entre 1960 et 1976, la proportion des travailleurs employés dans le secteur industriel a pratiquement doublé.

Les grèves, commencées dans la zone industrielle de São Paulo en 1976, montrent aussi que cette nouvelle classe ouvrière a débordé les structures corporatives qui coiffent le mouvement syndical.

Ces mouvements revendicatifs ont atteint leur apogée en mai-juin 1978, lorsque 1 500 000 ouvriers ont cessé le travail dans les usines de São Paulo.

A l'occasion d'une nouvelle et importante grève en avril 1980, le gouvernement intervient brutalement: la grève est déclarée illégale, ses dirigeants sont jugés et condamnés par un tribunal militaire au nom de la loi de sécurité nationale.

Cette dernière reste une épée de Damoclès au-dessus de la société tout entière: presque tous.... »

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