Australie 1991-1992 Identité nationale et insertion régionale En pleine récession économique avec un taux de chômage frôlant les 10,5% en...
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Australie 1991-1992
Identité nationale et insertion régionale
En pleine récession économique avec un taux de chômage frôlant les 10,5% en 1991, l'Australie s'est
permis un changement de Premier ministre, une remise en question de ses liens avec le Royaume-Uni, un
débat sur son identité nationale et son rôle dans la région Asie-Pacifique.
La vie politique est bien cruelle.
Le travailliste Bob Hawke qui avait dominé la scène politique australienne
depuis l'élection de son gouvernement en mars 1983, et avait gagné quatre élections successives - un
record - s'est vu remercié par les membres de son parti le 19 décembre 1991.
Le "messie" de 1983,
l'homme politique le plus populaire du pays lors des élections de mars 1990, était devenu un fardeau: la
presse populaire ne le désignait plus comme "Monsieur Charisme", mais comme le "silverhaired bodgie"
(le "blouson noir retraité").
Paul Keating, son dauphin, et ministre des Finances, las d'attendre que B.
Hawke lui cède sa place - comme convenu dans un pacte conclu secrètement le 25 novembre 1988 -, a
demandé un vote du groupe parlementaire travailliste.
Sa première tentative, le 3 juin 1991, ayant
échoué de peu (par 66 voix à 44), P.
Keating a démissionné de son portefeuille pour rassembler ses
supporters, et a entretenu un climat malsain de rivalité.
La chute du Labor (travaillistes) dans les
sondages - il se trouvait à 20 points derrière l'opposition en décembre 1991 -, et le spectre d'une défaite
cuisante aux élections législatives prévues avant juin 1993 ont été suffisants pour persuader certains
députés de se rallier à P.
Keating.
Un vote du groupe parlementaire le 19 décembre 1991 décida le
remplacement de B.
Hawke (par 56 voix contre 51); l'abandon de celui-ci par une partie de l'aile gauche
du parti témoignant du désarroi des travaillistes.
Paul Keating Premier ministre
A 48 ans, Paul Keating est donc devenu le plus jeune Premier ministre australien depuis la création de la
fédération, en 1901.
Autodidacte, P.
Keating a passé toute sa carrière dans le mouvement travailliste,
tout d'abord comme responsable syndical et, à partir de 25 ans, comme député.
Orateur parlementaire
redoutable, il est un pur produit de la tradition catholique irlandaise, si puissante dans le mouvement
travailliste.
Ses huit années passées aux Finances n'ont pas adouci son image de "dur sans coeur".
En lui
conférant la direction du parti et, par conséquent, le poste de Premier ministre, les travaillistes ont fait un
pari à grand risque.
Ils n'avaient guère le choix car depuis l'arrivée de John Hewson à la tête de l'opposition en avril 1990, ils
ne pouvaient plus compter sur les divisions de leurs adversaires pour assurer leur maintien au pouvoir.
En
effet, le 21 novembre 1991, le programme d'alternance de l'opposition, d'inspiration ultra-libérale, a reçu
un accueil favorable dans les médias.
J.
Hewson a notamment proposé une réduction drastique des
dépenses publiques de 4 milliards de dollars australiens, une baisse des impôts sur le revenu de 30% en
moyenne, un allégement de la fiscalité des entreprises d'un montant de 20 milliards de dollars australiens
et la "privatisation" de l'assurance-maladie.
La clé de voûte de ce plan étant l'instauration d'une TVA (taxe
sur la valeur ajoutée) de 15% - proposition qui avait été défendue sans succès par P.
Keating lui-même
en 1985i
Qu'un remède aussi radical ait pu être envisagé démontre la gravité de la récession dans laquelle a
sombré l'Australie à partir de 1990.
Le taux de chômage, de 6,3% en mai 1990 était passé à 10,5% deux
ans plus tard, un record jamais atteint depuis la crise mondiale de 1929-1930.
La faible croissance (2,2%
en 1990) s'est transformée en croissance négative: - 2,0% en 1991.
La dette extérieure nette s'est élevée
à 145 milliards de dollars australiens soit 35% du PNB fin 1991.
Quelques lueurs d'espoir sont cependant
apparues: le déficit des comptes courants a été de 667 millions de dollars australiens en février 1992
(contre 2,4 milliards en janvier 1992) et le taux d'inflation a été ramené à 1,5% en 1991, permettant une
nouvelle baisse des taux d'intérêt à 7,5% le 8 janvier 1992.
Un plan de relance keynésien
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Pour sortir le pays de cette crise, P.
Keating s'est laissé persuader par son ministre des Finances, John
Dawkins, et son ministre de l'Agriculture et de l'Énergie, Simon Crean, que le pays avait besoin d'une
politique économique plus interventionniste, voire plus keynésienne.
Le 26 février 1992, il a annoncé un
programme de dépenses publiques supplémentaires de 2,3 milliards de dollars australiens (0,5% du
PNB), essentiellement consacré au développement des infrastructures (chemins de fer, routes...) et à
l'incitation à l'investissement.
L'objectif de son plan, intitulé "Une nation unie", vise à relancer la
croissance de 4,75% en 1993 et à créer 800 000 emplois en quatre ans.
Pour l'exercice budgétaire, juillet
1991-juin 1992, on tablait sur un déficit de 9,3 milliards de dollars australiens (2,2% du PNB).
L'Australie
a donc ainsi elle aussi tourné le dos à l'orthodoxie monétariste des années quatre-vingt.
En lançant ce plan, P.
Keating s'attendait à des retombées politiques immédiates, mais....
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