Australie 1986-1987 Une crise salutaire? "La fête est terminée", "la chance l'a quitté"... les formules n'ont pas manqué en 1986...
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Australie 1986-1987
Une crise salutaire?
"La fête est terminée", "la chance l'a quitté"...
les formules n'ont pas manqué en 1986 pour décrire l'état
précaire de l'économie australienne.
Le signal d'alarme a été donné par le ministre des Finances, Paul
Keating, qui a déclaré en juin que le pays risquait de devenir "une république bananière" s'il ne mettait
pas de l'ordre dans ses affaires.
Rejetant les remèdes brutaux, la décision du gouvernement travailliste de
Bob Hawke, au pouvoir depuis mars 1983, d'opter pour un consensus social à la suédoise associant les
syndicats à la gestion du pays semble lui avoir réussi.
Après un deuxième semestre 1986 très sombre, le
début de l'année 1987 a vu s'amorcer un revirement des tendances.
Cette reprise a sans doute contribué
au nouvel essor du Parti travailliste (ALP) mais c'est incontestablement les divisions sans précédent dans
l'opposition qui ont été déterminantes dans la vie politique du pays au cours de cette période.
L'année 1986 a vu se confirmer certains symptômes déjà fort inquiétants.
Avec une dette extérieure de
plus de 30% de son PNB, le déficit extérieur courant a dépassé 13 milliards de dollars australiens.
Après
les résultats positifs enregistrés par l'ALP entre 1983 et 1985 dans la lutte contre le chômage, celui-ci a
augmenté de 7,8% à 8,4% en un an pour redescendre à 8,2% en mars 1987.
Le taux de croissance n'a
été que de 2,3% tandis que l'inflation est restée à environ 9%, un taux deux fois supérieur à celui des
partenaires commerciaux de l'Australie.
Le dollar australien s'est ainsi trouvé en chute libre: depuis la fin
de 1984, il a perdu 36% de sa valeur par rapport au dollar des États-Unis et 50% par rapport au yen.
La guerre des subventions agricoles entre la CEE et les États-Unis est la principale cause de cette crise
persistante: elle a aggravé l'effondrement du cours des matières premières et des produits agricoles dont
l'Australie est grand exportateur, et elle a entraîné la perte de certains marchés traditionnels pour ses
céréales ; alors que les importations, faute d'une industrie nationale suffisamment compétitive, ont afflué
entre 1983 et 1985 à la suite de la croissance économique, en dépit d'une réduction de 4,5% du pouvoir
d'achat.
Les réflexes protectionnistes ayant été jugés inefficaces, le gouvernement Hawke a accueilli - et même
délibérément maintenu - la dépréciation de la monnaie comme un des moyens d'entreprendre la
restructuration nécessaire au secteur industriel en l'orientant vers l'exportation.
Les chiffres pour le
premier trimestre 1987 ont indiqué une amélioration de la balance des paiements.
La déréglementation
des marchés s'est accélérée et les derniers obstacles à l'entrée des capitaux étrangers ont été levés.
Mais
bien que le Japon soit le premier partenaire commercial du pays et que la Chine soit devenue le
quatrième, il restait encore beaucoup à faire aux industriels australiens pour pénétrer l'énorme marché
qu'offrent ses voisins d'Asie et notamment les pays de l'ANSEA (Association des nations du Sud-Est
asiatique).
En matière de fiscalité, outre l'introduction impopulaire d'un impôt sur les plus-values et d'une
taxe sur les frais professionnels, le budget fédéral de 1986 a instauré une réduction des dépenses et une
baisse légère de l'impôt sur le revenu.
Évolution du syndicalisme
Si ces initiatives ont été accueillies sans hostilité excessive par le mouvement syndical, très influent - le
taux de syndicalisation est de 56% de la population active -, c'est que Hawke s'est toujours efforcé de
maintenir des liens étroits avec les principaux dirigeants syndicaux.
Il a réussi à renouveler, en novembre
1986, l'accord entre son parti et la Confédération australienne des syndicats (l'ACTU) dans sa troisième
version: les syndicats, sur la défensive, ont dû accepter de passer d'une indexation bisannuelle à un
système d'augmentation à deux vitesses.
L'augmentation de base, limitée à 6,2% en 1987, équivalait à
une nouvelle réduction du pouvoir d'achat.
La réunion tripartite du 24 novembre 1986 sur les problèmes de productivité dont découle cet accord est,
pour certains commentateurs, l'exemple type de la gestion néocorporatiste qui caractérise l'Australie
depuis l'arrivée au pouvoir des travaillistes.
Va-t-on vers un État corporatif? Certes, on a assisté en 1986
à un renforcement de l'action de ces organismes tripartites.
Mais en même temps, les confédérations
syndicales et patronales n'ont pas toujours été capables de contrôler leur base.
Les divisions entre les
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représentants des petites et moyennes entreprises (PME) et ceux des grandes entreprises se sont en effet
accentuées et, bien que le nombre des grèves ait chuté sensiblement, les conflits sociaux n'ont pas
entièrement disparu.
La longue grève des infirmières dans le Victoria, pendant le dernier trimestre de
1986, a traduit la volonté des "cols blancs" d'utiliser des méthodes dures associées jusqu'alors au
syndicalisme ouvrier, alors que ce dernier a subi deux revers cruciaux au cours de l'année: le syndicat de
la boucherie a été condamné à de lourdes amendes pour avoir organisé des piquets de grève, tandis que
celui des mineurs a dû accepter une modification des conditions de travail, après l'intervention des forces
de l'ordre.
L'opposition en désarroi
Malgré ces défaites, le syndicalisme a conservé dans l'opinion l'image d'un mouvement puissant.
La
nouvelle droite, qui a fait son apparition....
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