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�aufragés
et rescapés
Bien que les prisonniers apparaissent souvent comme une masse
indifférenciée, il existe pourtant entre eux des différences profondes.
Dans Les Naufragés et les Rescapés, son dernier livre, Primo Levi fait
remarquer qu'au Lager il n'y avait pas seulement des victimes et des
bourreaux.
Entre les deux s'étendait ce qu'il appelle une cc zone
grise », composée de victimes qui étaient aussi des bourreaux et de
bCJurreaux plus ou moins victimes.
Tous les détenus ne se situaient
pas au même niveau dans cette hiérarchie.
UN MONDE DIVISÉ EN DEUX
1 Une loi générale
Dans le chapitre central de Si c'est un homme, la population des
détenus est nettement divisée en deux groupes : ceux qui sombrent
définitivement et ceux qui, au prix de nombreux compromis, par
viennent à surnager.
L'auteur, comme il le fait souvent, généralise :
ces deux catégories se retrouvent dans tout groupe humain, et le
Lager joue simplement le rôle de révélateur.
Dans la vie normale,
cette distinction est moins visible, car de nombreux éléments empê
chent que les individus disposent d'une puissance absolue ou se
trouvent totalement démunis : la solidarité éventuelle des autres, les
règles morales, les lois viennent tempérer ce qui au Lager apparaît
comme une loi de la nature.
Toutefois, dans la lutte pour la vie qu'est
l'existence concentrationnaire, les différences s'accusent à l'ex
trême.
C'est une question de vie ou de mort, et personne n'aidera
celui qui est englouti par le système, bien au contraire.
Au Lager
règne sans partage cette loi bien connue : cc Il sera donné à celui qui
possède, il sera pris à celui qui n'a rien » (p.
95).
1Les deux voies
Le processus de sélection est impitoyable : seuls les plus forts, les
plus rusés ou les chanceux survivront.
En février 1944, à l'époque où
Primo Levi arrive à Auschwitz, il n'y reste que quelques centaines de
" petits numéros », c'est-à-dire les prisonniers qui avaient connu les
débuts du camp.
Or " aucun de ces survivants n'était un Htiftling
ordinaire, végétant dans un Kommando ordinaire et se contentant de
la ration normale» (p.
96).
Il n'existait donc que deux voies au Lager:
devenir« Organisator, Kombinator, Prominent » (p.
96), autrement dit
un voleur habile et privilégié, ou être un
«
musulman
».
LES « MUSULMANS »
Au Lager, un homme normal semble impitoyablement condamné,
puisqu'il suffit, pour sombrer, d'obéir aux ordres, de respecter les
règles et de se contenter de la ration habituelle.
Tout dans cet univers monstrueux est organisé pour la destruction des prisonniers.
Dans tous les camps de concentration, les détenus les....
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