Au cours de ce travail, nous ne prendrons pas le terme de "comédie" dans le sens que la modernité lui...
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Au cours de ce travail, nous ne prendrons pas le terme de "comédie" dans le sens que la
modernité lui a donne, a savoir de représentation théâtrale a caractère comique, c'est a
dire s'efforçant de susciter le rire.
Par comédie, nous entendrons la représentation
théâtrale dans son ensemble, c'est a dire l'acte qui consiste a figurer sur scène des actions
fictives, qu'elles appartiennent au genre du drame, de la comédie, de la tragédie...
Ce
faisant, nous retournons au sens ancien du terme "comédie", celui que lui donnait Corneille
en écrivant "L'illusion comique".
Instruire quelqu'un signifie lui apporter une connaissance qui lui manquait, d'une part,
mais aussi, dans un sens plus large, plus complet, participer a sa formation intellectuelle
par les lacons ou les exemples que nous lui prodiguons.
Amuser quelqu'un, au contraire, désigne l'action par laquelle nous apportons a quelqu'un
un sentiment de joie, une émotion agréable et divertissante.
Le sens dérive du sens
premier d'amuser est celui qui consiste a dire que l'amusement est une forme de perte du
temps, une activité vaine qui détourne l'individu des activités véritablement importantes
qui devraient occuper sa vie.
C'est ainsi que pour Pascal, l'amusement est le propre de
l'individu qui comble le vide de sa vie avec des émotions vaines.
En nous demandant en quoi la comédie instruit et amuse, nous posons une question qui
comprend toute une série de problèmes.
En effet, nous pouvons déjà remarquer que
l'instruction et l'amusement sont des activités non seulement hétérogènes du point de vue
de leur nature, mais aussi contraires puisqu'il semble difficile d'amuser alors que l'on
instruit (activité qui demande du sérieux, de la concentration sinon de la discipline) et
réciproquement.
Allant plus loin, l'histoire de la pensée de l'art en général et du théâtre en
particulier semble invalider la thèse du pouvoir d'instruction et d'amusement simultanée
par la représentation d'actions fictives.
En effet.
le théâtre a longtemps été pense comme
une forme d'expression corruptrice, contraire aux bonnes mœurs, a la vertu et a
l'instruction des hommes, précisément..
La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si le pouvoir d'instruction
et d'amusement appartient bel et bien a la comédie, qui est peut-être a l'inverse une
activité corruptrice pour les hommes.
I.
a.
La comédie n'est amusante mais non instructive
La comédie, condamnable au même titre que toutes les autres formes d'art
Si nous prenons le terme “comédie” dans son sens restreint, il n’est pas douteux que la
comédie soit capable de nous amuser, puisque le rire est précisément l’effet qu’elle
souhaite produire.
Il en va de même pour le sens élargi du terme (celui de spectacle
théâtral) puisque la comédie est un divertissement, a savoir une représentation distrayante
qui peut susciter chez nous un plaisir certain.
Cependant, nous dirons que s’il n’est pas
douteux que la comédie soit amusante, il est en revanche certain qu’elle n’est pas
instructive.
Si l’art nous apprend quelque chose, alors il est non seulement l’activité
pratiquée par quelqu’un qui détient un savoir (il faut le posséder soi même pour pouvoir le
délivrer aux autres) en même temps qu’il est un moyen d’accroître chez autrui la somme
de ses connaissances.
C’est précisément contre ces deux présupposés que s’élève Platon
dans la République : non seulement l’artiste ne détient pas le savoir de ce qu’il représente
(il peut peindre la production d’un menuisier, sans rien connaître à l’art du menuisier) ;
mais les produits de son activité ne délivrent aucune connaissance.
En effet, l’œuvre d’art
est éloignée « de trois niveaux de ce qui est réellement » (La République, Livre X, 598b).
Car Platon distingue entre trois niveaux de réalité : ce qui est réellement (la forme
intelligible) ; le phénomène existant (celui que nous apercevons de manière sensible) ; et
le simulacre (la copie artificielle du phénomène existant).
Pour Platon, l’art ne nous apprend
rien, car il ne produit que des faux semblants.
Comme nous le lisons dans la République :
« L’art de l’imitation est assurément loin du vrai, et apparemment, s’il s’exerce sur
toutes choses, c’est parce qu’il ne touche qu’à une petite partie de chacune, et qui n’est
qu’un fantôme.
Ainsi le peintre, affirmons-nous, nous peindra un cordonnier, un
menuisier, les autres artisans, alors qu’il ne connaît rien à leur art.
Cependant, pour
peu qu’il soit bon peintre, s’il peignait un menuisier et le leur montrait de loin, il pourrait
tromper au moins les enfants et les fous, en leur faisant croire que c’est véritablement
un menuisier ».
La République, Livre X, 598b.
Nous dirons donc que si l’art en général ne nous apprend rien, alors la comédie qui est une
forme d’art n’est elle non plus en aucun cas instructive.
b.
La comédie a un effet moralement pervers sur le spectateur
Nous défendrons donc la thèse suivante : si la comédie amuse incontestablement, il est
néanmoins incontestable qu'elle est incapable d'instruire les hommes.
Telle est la thèse
défendue avec véhémence par Rousseau dans sa Lettre sur les arts et les spectacles.
En
effet, d’après Rousseau, le spectacle théâtral est condamnable dans son ensemble, sans
distinctions, car il est incapable d’instruire les hommes.
Car la comédie en particulier est
cette forme d’expression qui incite les spectateurs a rire aux détriments de la morale, a
trouver amusants les êtres les plus dignes au demeurant de leur estime.
Tel est le cas dans
le Misanthrope de Molière, ou le personnage d’Alceste, qui est un honnête homme, un
homme d’honneur, est néanmoins tourne en ridicule par l’auteur de la pièce, qui fait de lui
un personnage dont on rie.
Nous dirons donc que la comédie amuse, mais qu’elle n’instruit
pas, puisqu’elle prétend susciter le rire sans considération morale aucune, sinon aux
détriments de la morale.
II.
Cependant, la comédie instruit et amuse en raison de son pouvoir
d'exemple
a.
La comédie instruit en donnant l'exemple de vies vécues par d'autres homes
Néanmoins, nous reviendrons ici sur la these que nous venons de soutenir.
En effet, il n'est
pas si certain que nous le pensions que la comédie est privée de la capacité a instruire les
hommes.
Il semble que la conception platonicienne de l’art nous empêche de penser la
capacité de l’art en général et de la comédie en particulier à nous apprendre effectivement
quelque chose.
Car pour tout un pan de l’histoire de la pensée occidentale, qui commence
avec Horace et se poursuit au moins jusqu’à Charles Perrault, à la fin du dix-septième
siècle, l’art apprend bien quelque chose au spectateur, et ce quelque chose est notamment
un savoir d’ordre moral.
Dans le cadre de cette pensée, l’art en lui-même n’a pas de valeur
éducative, mais il est l’enveloppe plaisante qui permet la transmission d’un message
éducatif.
C’est ainsi que chez Perrault, dans la préface à ses Contes en vers et....
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