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Articulations, formation du plan Un autre critère d'évaluation important de votre copie, c'est votre faculté à construire un plan. Il...

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« Articulations, formation du plan Un autre critère d'évaluation important de votre copie, c'est votre faculté à construire un plan.

Il s'agit d'ordonner les idées, mais surtout de créer une dyna­ mique de la pensée, qui expose les termes d'un problème et permet d'arriver à une proposition de solution.

C'est pourquoi, ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas tellement les «parties» (le contenu) mais les «articulations», c'est-à-dire le mouvement par lequel on passe d'une partie à l'autre. Structure générale d'une dissertation .

Position d'un p�oblèm�' (introductiô�) Hyp,Qthèse de réponse (1 re partie) •. "···'' , Examen des limites de la i re hypothèse et proposition d'une 2 e hy"pothè;,: c2 e partie} .

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On peut admettre cette formule, à condition de comprendre: 1.

Que chaque partie ne propose pas une«thèse» mais une HYPOTHÈSE: c'est une différence importante, car une «thèse» est une affirmation qui se donne pour vraie, alors qu'une«hypothèse» est une supposition de réponse possible. Cette confusion entraîne souvent des formulations très maladroites, consistant à dire (lors de l'annonce du plan): « Dans une première partie, nous démontre­ rons une thèse, et dans la seconde partie, nous démontrerons le contraire». C'est absurde!!! Il ne s'agit pas de démontrer une chose et son contraire mais d'examiner la valeur respective d'argumentations contradictoires, ce qui est très différent. Dans le premier cas, vous vous contredisez vous-même (et votre note s'en res­ sent, même si vos idées sont bonnes par ailleurs).

Dans le second cas, vous faites progresser votre réflexion sur un problème en essayant d'atteindre une solution générale.

Retenez donc bien que: Chaque partie n'est pas, en soi, une «démonstration».

C'est la dissertation dans son ensemble qui est une démonstration. En examinant plusieurs hypothèses successivement, et en les critiquant jus­ qu'à parvenir à celle qui résiste le mieux à la critique, vous construisez une démonstration. 2.

La 3e partie, dite« synthèse», ne consiste pas à dire: « c'est un peu la thèse et un peu l'antithèse»: là encore, c'est absurde.

La 3e partie n'est donc pas un compromis, ou une tentative de rendre compatible ce qui ne l'est pas en répé­ tant ce qui a déjà été dit dans les deux premières parties.

La 3e partie consiste à proposer une solution au problème posé en introduction et insuffisamment résolu par les deux premières hypothèses. 3.

Il n'est PAS NÉCESSAIRE que le plan soit strictement en TROIS parties.

Il peut être plus commode d'en avoir deux, ou quatre, ou même cinq.

Au-delà, on risque tout de même de rendre le propos plus confus. Attention toutefois au plan en deux parties: très fréquent, il correspond sou­ vent à une incapacité à proposer une solution au problème.

On en reste alors à l'exposé de deux thèses contradictoires, et l'on conclut de manière sceptique sur l'impossibilité de trouver une solution unitaire.

C'est un peu comme si, en mathématiques, vous écriviez que vous ne pouvez pas résoudre le problème au lieu de faire la démonstration demandée.

C'est toujours possible, mais il ne faut pas s'étonner d'avoir la note qui correspond. La réflexion en mouvement L'essentiel est donc, quel que soit le nombre de parties, de créer une dynamique de la réflexion.

L'ethnologue Claude Lévi-Strauss donne, dans Tristes tropiques (1955) une bonne description de cette dynamique générale, même si c'est, en fait, pour s'en moquer et pour expliquer pourquoi il a été dégoûté de la philo­ sophie.

Il parle de sa classe de terminale: «Là,dit-il,j'ai commencé à apprendre que tout problème, grave ou futile,peut être liquidé par l'application d'une méthode, toujours identique, qui consiste à opposer deux vues traditionnelles de la question; à introduire la première par les justifications du sens commun, puis à les détruire au moyen de la seconde; enfin à les renvoyer dos à dos grâce à une troisième qui révèle le caractère également partiel des deux autres, ramenées par des artifices de vocabulaire aux aspects complémentaires d'une même réalité: forme et fond, contenant et contenu, être et paraître, continu et discontinu, essence et existence, etc.». Et il ajoute:« Ces exercices deviennent vite verbaux,fondés sur un art du calem­ bour qui prend la place de la réflexion; les assonances entre les termes, les homophonies et les ambiguïtés fournissant progressivement la matière de ces coups de théâtre spéculatifs à l'ingéniosité desquels se reconnaissent les bons travaux philosophiques». Même si elle est assez méchante, cette description indique bien le mouvement d'ensemble qu'il faut chercher à créer.

Tout l'art consiste à ne pas en rester à un exercice purement formel, mais à prendre appui sur ces indications de forme pour donner corps à une réflexion, menée avec toute l'honnêteté intellectuelle possible. Les grandes étapes de la dissertation Première partie La première partie propose une première hypothèse de réponse.

Il ne s'agit pas qu'elle soit «vraie», mais seulement plausible.

Que.vous la jugiez insuffisante n'est pas grave: cela fait partie de la dissertation.

On part de ce qui est le moins satisfaisant pour aller vers ce qui l'est le plus.

La première partie expose donc un point de vue «naïf», une vue traditionnelle, justifiée par le sens commun: c'est la voix du bon sens, l'«évidence première»; c'est souvent aussi la voix de la tradition, ce qu'«on dit» en général.

On peut regrouper toutes ces catégo­ ries sous la notion de doxa: c'est-à-dire l'«opinion commune», la position qui vous semble la plus couramment partagée. Sur un sujet comme «Est-il déraisonnable de croire en Dieu?», la première réponse peut être «non»: la religion est un phénomène si répandu, qu'il peut paraître même assez provocant de poser une telle question.

«Non» apparaît comme une réponse première par une sorte de raison statistique, qui n'a rien de rigoureux, mais qui est simplement la voix du plus grand nombre, ce qui peut justifier que l'on commence par cette réponse.

Encore une fois, on ne commence pas par elle parce qu'elle est «plus vraie», mais parce qu'elle semble plausible à première vue - Et il faut garder en mémoire que la mettre en pre­ mier suppose que l'on soit ensuite capable de la critiquer. En plus de pouvoir apparaître comme la voix du plus grand nombre, la réponse «non, la religion n'est pas déraisonnable» peut s'appuyer sur une certaine logique: si l'on considère que la religion fournit une certaine morale, qui enseigne à vivre en paix avec autrui en se gardant des extrêmes (il y a des objec­ tions possibles à cela, mais on les garde pour la 2e partie); et qu'on considère que «raisonnable» signifie justement «ce qui se trouve au juste milieu» et qui permet la régulation des rapports avec autrui, alors il y a une connivence logique entre les notions de «religion» et de «raisonnable». Il n'y a pas une«bonne» première réponse: ce qui apparaît comme plus«évi­ dent» à l'un apparaîtra comme moins «évident» à l'autre. Vous êtes libre de commencer par l'hypothèse que vous voulez et de justifier pourquoi c'est cette réponse là qui vous paraît être la «doxa».

Tout dépend de ce que vous voulez montrer en 3 e partie: le choix de votre première partie n'est pas «bon» ou «mauvais» en soi, et le correcteur ne vous juge pas sur cela.

Ce qui compte, c'est la cohérence de votre projet argumentatif. Par exemple, vous pouvez commencer par répondre «oui il est déraisonnable de croire en Dieu» parce que, selon une autre logique, la «raison» et la «croyance» sont des concepts qui s'opposent; ou, simplement, parce que vous êtes athée.

(Mais attention, si vous posez cela en premier, il vous faudra exa­ miner les critiques possibles de l'athéisme dans votre 2 e partie). Ast.uce pour bien choisir sa première partie, . . "'• . ; L�b}[umeritation développée en première pàrtie doit être clairn�t;àutonoôi��; "Si.

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le�:e. xposeJ:l:une apreJ:}'autre:sff• • ;; Deuxième partie Comme on vient de le voir, la première et la deuxième parties sont souvent inter­ changeables.

L'important, c'est que la deuxième partie soit construite c mme une o que sa ritique de la première, un examen de ses limites, en faisant apparaître clogique apparente n'est pas universelle, et qu' l y a des contre-exemples aux exemples sur lesquels elle s'appuie. Par exemple, si vous avez commencé par expliquer pour quelles raisons «il n'est pas déraisonnable de croire en Dieu», vous examinerez ensuite les arguments de l'athéisme.

Et si vous avez commencé, au contraire, par l'idée qu'«il est dérai­ sonnable de croire en Dieu», votre seconde partie examinera les justifications «raisonnables» et éventuellement «rationnelles» de la croyance en Dieu [voir fiche saint Anselme pour une preuve classique de l'existence de Dieu]. Cela peut apparaître comme un jeu formel arbitraire, et cela le sera si vous vous arrêtez là dans le raisonnement.

Mais, en principe, l'organisation de vos deux premières parties est conditionnée par ce que vous voulez démontrer dans la troisième.

Sur ce sujet en particulier, tout dépend de vos propres convictions religieuses ou philosophiques, et ce n'est pas sur leur contenu que vous serez jugé, mais sur votre capacité à les argumenter.

Évidemment, si vos convictions vous interdisent l'argumentation rationnelle, ce ne sera pas très bon pour votre note de philosophie... Troisième partie La troisième partie est la plus importante: c'est là que vous proposez une solu­ tion au problème posé dans l'introduction.

Problème qui consiste toujours à dire que, à propos de la question posée, plusieurs réponses contradictoires sont pos­ sibles selon les définitions des notions dont on part.

Et ces réponses contra­ dictoires ont été examinées dans les deux premières parties.

A la fin de la deuxième partie, la tension du sujet est donc censée être en quelque sorte à son comble, puisqu'on est face à deux argumentations contradictoires qui ont pourtant chacune leur légitimité.

C'est ici que la plupart des élèves « cra­ quent», car ils sont également convaincus par leur double argumentation et, dans l'impossibilité de choisir, ils préfèrent conclure en disant que « chacun a droit à son opinion» ou que « c'est une question trop compliquée pour y répondre», ou que c'est« un peu l'un, un peu l'autre»... Poursuivons notre exemple pour montrer comment la troisième partie est pré­ parée par.... »

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