Analyse du sujet et problématisation Par théâtre comique, on entendra ici essentiellement le genre de la comédie, mais aussi des...
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Analyse du sujet et problématisation
Par théâtre comique, on entendra ici essentiellement le genre de la comédie, mais
aussi des « sous-genres » théâtraux qui en sont dérivés.
Le théâtre désigne à la fois l'art de la représentation dramatique, un genre littéraire
particulier et le bâtiment dans lequel se déroulent les spectacles de théâtre.
Il est nécessaire, pour cerner le sujet sous tous ces aspects, de définir le terme
« comique », selon ces différentes acceptions.
Si par l’adjectif « comique », on entend
souvent « propre à susciter le rire ou le sourire », au XVIIe siècle, le terme comique ne
désigne pas prioritairement une œuvre amusante mais une œuvre traitant de sujets bas
et mettant en scène des personnages n'étant ni des dieux, ni des nobles, ni des
personnages fantastiques mais appartenant à la bourgeoisie ou au peuple.
Problématique : Quel rôle joue le théâtre comique ? A quoi sert-il ? Quels
sont les enjeux du comique au théâtre ?
I)
Le théâtre comique : un divertissement ( faire rire)
Le théâtre comique a pour fonction première de divertir, d’amuser les spectateurs.
Molière affirmait qu’une comédie était bonne lorsqu’elle faisait rire les honnêtes gens.
Quels
sont les moyens utilisés par les dramaturges comiques pour divertir ?
1)
Le comique de situation
Le comique peut résider dans la situation incongrue ou paradoxale d’un personnage
dans l’histoire racontée.
Il repose sur des quiproquos, des malentendus ou des conjonctions
d'événements.
Toutes les comédies du XVIIe et XVIIIe siècle ainsi que les vaudevilles
jouent du comique de situation pour divertir les spectateurs.
Ex :
·
Le mariage de Figaro de Beaumarchais : la scène de
reconnaissance où Figaro découvre que Marceline et Bartholo sont ses
parents fait émerger un comique de situation, Figaro ne comprenant pas
tout de suite ces révélations.
·
Les jeux de l’amour et du hasard de Marivaux : le comique de
situation correspond ici à l’intrigue même de la pièce : Une suivante et sa
maîtresse, une jeune fille de bonne famille, échangent leurs vêtements
pour que cette dernière puisse observer son prétendant sans être
reconnue par lui.
Malheureusement pour elle, il a eu la même idée.
Le
spectateur qui assiste à cette scène ne peut pas s’empêcher de s’en
amuser.
2)
Le comique de gestes
Le comique réside dans les coups, les chutes, les grimaces, les mimiques du
personnage.
Comique de geste est sûrement la première forme de comique ; il connaît ses
heures de gloire au XVIe siècle, avec la Commedia Dell’Arte : c’est un théâtre populaire
originaire d’Italie, qui apporte du renouveau (ou peut-être pas, les grecs utilisant des
masques pour jouer dans l’antiquité) en jouant avec des masques.
Les comédiens
improvisaient leurs textes à partir d’un canevas.
On y retrouve des personnages récurrents
dans les comédies, comme l’arlequin, personnage joyeux, bon vivant, que l’on retrouve
dans L’île des Esclaves de Marivaux, ou bien le Sganarelle, repris souvent par Molière qui
s’est beaucoup inspiré de ce théâtre.
Ex : Les fourberies de Scapin, farce de Molière : présence du comique de geste dans
la scène où Scapin donne des coup de bâtons à son maître.
3)
Le comique de mots
La comédie met la langue française dans tous ses états, déformations, jargons en
tous genres, prononciations qui sentent le villageois ou la précieuse; les façons de parler
outrées font toujours rire.
Parfois c'est la communication elle-même qui ne se fait plus.
Le
comique réside ici dans le jeu de mot, les défauts de prononciation, mais aussi dans les
images amusantes, les double sens.
Ex : Molière, Les femmes savantes, acte II, scène 6 :
Bélise (à la bonne).
— Veux-tu toute ta vie offenser la
grammaire?
Martine.— Qui parle d'offenser grand-mère ni grand-père?
àLes deux mots de prononciation presque identique créent un malentendu qui
ridiculise les prétentions pédagogiques de Bélise.
II)
Châtier les mœurs en riant : une des enjeux essentiels du
comique au théâtre (dénoncer et faire prendre conscience d’une
réalité socio-politique)
Cf.
le fameux adage : « castigat ridendo mores ».
Le comique permet au théâtre
d’exercer une fonction critique très puissante : quels types de critique véhicule-t-il ?
1)
Une critique sociale
Le rire et le comique permettent souvent de faire passer une critique sociale très
puissante.
Cette critique sociale peut dénoncer l’attitude de certains groupes sociaux, les
inégalités sociales, ainsi que certains types d’hommes ( elle se fait critique de caractère).
Ex :
·
Critique des inégalités sociales à travers la problématique du
rapport entre maîtres et valets dans le Mariage de Figaro de
Beaumarchais.
·
Molière et la critique de l’hypocrisie des dévots ( Tartuffe), satire
des précieuses ( Les Précieuses ridicules)…
·
Critique de « caractère » dans Don Juan de Molière.
Du coureur
de jupons au « plus grands des scélérats que la terre ait jamais connu »
selon son valet Sganarelle, Dom Juan cumule les fautes.
L’auteur dénonce
ici les mœurs « libertines » de son époque, mais surtout l’hypocrisie, la
manipulation, la tromperie qui sont des défauts inhérents à certains
hommes.
Le comique peut aussi servir une critique politique qui va souvent de paire avec la
critique sociale.
Le rire permet à la fois de dédramatiser la critique et d’échapper à la
censure et de la rendre d’autant plus sarcastique et convaincante.
Ex : L’île des Esclaves de Marivaux où la dénonciation politique est d’autant plus
évidente qu’elle est le moteur de la pièce, les rôles entre maîtres et esclaves sont inversés,
cependant, non pas dans un but de vengeance, mais dans un but de compréhension
mutuelle des différents parties pour améliorer le quotidien de chacun, comme le dit si bien
Trivelin : "Vous avez été leurs maîtres, et vous avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres
et ils vous pardonnent ; faîtes vos réflexions là-dessus.
La différence des conditions n'est
qu'une épreuve que les dieux font sur nous".
La dénonciation est ici mise en avant grâce
en particulier au personnage d’Arlequin, récurrent dans la Commedia Dell’Arte et utilisé ici
pour montrer, peut-être, que les serviteurs sont meilleurs que leurs maîtres et qu’une
réforme politique est nécessaire pour améliorer cette réalité sociale.
2)
La catharsis comique
Le mécanisme de la catharsis comique est à certains égards le contraire de la
catharsis tragique: au lieu de souffrir avec le protagoniste qui malgré son rang nous
ressemble, ici on s'en désassocie, toute notre réaction est d'éviter de lui ressembler.
C'est
le rire qui marque cette distance, ce refus de compassion.
C'est cette notion de la fonction
comique qu'affirme Molière dans la Critique de l'École des femmes et L'impromptu de
Versailles.
Comme le dit Dorante, le but de l'auteur comique est d'« entrer [...] dans....
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