« AGIS DE TELLE SORTE QUE LES EFFETS DE TON ACTION SOIENT COMPATIBLES AVEC LA PERMANENCE D'UNE VIE AUTHENTIQUEMENT HUMAINE...
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«
« AGIS DE TELLE SORTE QUE LES EFFETS
DE TON ACTION SOIENT COMPATIBLES
AVEC LA PERMANENCE D'UNE VIE
AUTHENTIQUEMENT HUMAINE
SUR TERRE.»
Jonas
En
1979, le philosophe Hans Jonas publie Das Princip
Verantwortung (Le Principe responsabilité).
ouvrage qui
s'est vendu à plus de 130 000 exemplaires (record du siècle
pour un ouvrage de philosophie) et qui lui a valu le prix de
la Paix des librairès,.
allemands ( I 987).
·
:.
i 'Dans Le Pri1Ù;ÎP.e responsabilité (trad.
Jean Greisch,
Cerf, 1990), Jonas" critique les idéaux du progrès et les
utopies (d'où le titre de l'ouvrage qui est comme une
0
~ ( ) nse au Principe espérance d'Emst Bloch) et avance une
nom~Île conception de l'éthique qui prend en compte le
peiuvoir technologiqùe exorbitant qui résulte des progrès
scientifiques, en particulier ceux réalisés dans le domaine de
la génétique.
La possibilité d'altérer irréversiblement la
nature et la-vie met l'homme face à de nouvelles obligations
qui trouvent leur traduction dans l'impératif catégorique
jonassien:
0
« Agis de telle sorte que les effets de ton action soient
compatibles avec la pennanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.
»
Dans
sa lutte contre la nature, l'homme n •a cessé de
développer ses moyens d'intervention, mais l'utopie d'une
transformation indéfinie et forcément positive de la nature et
de l'homme a fait son temps.
En effet, si, pendant longtemps, les inconvénients liés aux actions techniques ont été
négligeables au regard des bienfaits obtenus, il n'en va plus
de même aujourd'hui, où l'utilisation des techniques
comporte des risques qui menacent l'avenir même de
l'espèce humaine et de la planète : bombe atomique, effets
de pollution et de dégradation de l'environnement, manipulations génétiques ...
« Avant notre époque les interventions de l'homme dans
la nature, telles que lui-même les voyait, étaient essentiellement de nature· supe,jicielle et sans pouvoir d'en
perturber l'équilibre [...} Tout cela s'est transformé de
manière décisive.
La technique moderne a introduit des
.
objets tellement inédits et des conséquences tellement
inédites, que le cadre de l'éthique an.tJsieure ne peut plus
les contenir.
»
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D'où la nécessité d'une nouvelle élliique.
Il s'agit non
seulement de définir quelles sont les conditions d'utilisation
légitime de tout ce qui est possible techniquement, w~
aussi d'empêcher que l'application des déc_ouvertes sd~tifiques ne conduise au pire.
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Pour la première fois dans son histoire, l'humanité est
confrontée à une nouvelle dimension dè son agir, dans la
mesure où les techniques issues des sciences biologiques
sont à même de transformer les propriétés du vivant en tant
qu'espèce ou en tant qu'individu.
Face à ce changement
qualitatif de l' agir humain, les hommes ne peuvent plus se
contenter de légiférer après coup et au coup par coup.
Et si
les anciennes prescriptions de l'éthique du « prochain »
les prescriptions de la justice, de la miséricorde, de l'honnêteté, etc.
- , en leur immédiateté intime, sont « toujours
valables pour la sphère la plus proche, quotidienne, de
l'interaction humaine», la transformation de la nature de
l'agir humain rend nécessaire une transformation de
l'éthique:
« Non seulement au sens où de nouveaux objets de ['agir
ont matériellement élargi le domaine des cas auxquels il
faut appliquer les règles de conduite en vigueur; mais au
sens bien plus radical que la nature qualitativement
inédite de certaines de nos actions a dégagé une
dimension intégralement nouvelle de la signification
éthique qui n'était pas prévue dans les points de vue et
les canons de l'éthique traditionnelle.
»
Le domaine croissant de l' agir collectif, dans lequel
l'acteur, l'acte et l'effet ne sont plus les mêmes que dans la
sphère de la proximité, impose à l'éthique « une nouvelle
dimension de responsabilité jamais imaginée auparavant».
A ceux qui récusent tout droit d'imposer des limites à la
~hnoscience, Jonas oppose ainsi une éthique inédite.
Il
affirme que la responsabilité à l'égard de l'humanité à venir
est aujourd'hui un principe.
Ethique nouvelle, car jusqu'alors il ne paraissait ni sérieux ni très raisonnable· de
prétendre que l'humanité à venir puisse avoir des droits.
Ethique qui inverse le « Tu dois donc tu peux » de Kant en
un « Tu peux donc tu dois ».
Ethique qui conduit chacun de
nous à se considérer comme un des gérants de la planète et,
par conséquent, comme responsable....
»
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