Afrique du Sud 1981-1982 Le durcissement des Blancs Lors des élections législatives, anticipées de 18 mois, qui se sont déroulées...
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Afrique du Sud 1981-1982
Le durcissement des Blancs
Lors des élections législatives, anticipées de 18 mois, qui se sont déroulées en
avril 1981, le Parti national, majoritaire dans le pays, a perdu de nombreuses
voix au profit de l'extrême droite.
Beaucoup de nationalistes, fidèles
jusqu'alors à leur parti mais hostiles au comportement autoritaire du Premier
ministre P.
W.
Botha, et déconcertés par sa volonté d'assouplissement de la
politique d'apartheid, ont rejoint les rangs du parti réactionnaire Herztigte
Nazionale Party (HNP).
Le nombre des suffrages (blancs seulement) en faveur du
HNP est ainsi passé de 35 000 à près de 200 000, mais ce parti n'a pas réussi
pour autant à s'introduire au Parlement ; et le parti de M.
Botha a conservé la
très grande majorité des sièges en dépit des progrès réalisés par ailleurs par
le Parti fédéral progressiste (PFP), représentant l'opposition libérale
officielle.
Ces défections à droite sont dues principalement au projet de M.
Botha de
restituer certains droits aux Indiens et aux métis (environ 2,8 millions de
personnes) dans l'espoir d'en faire les alliés des Blancs (4,5 millions de
personnes) contre la majorité des noirs africains (70 % de la population).
Cette
question a continué de mûrir après les élections.
Début 1982, M.
Botha déclarait
qu'il préparait un "partage équilibré du pouvoir" avec ces groupes, nouvelle qui
provoqua une scission au sein du Parti national, lorsque le Dr Andries
Treurnicht se déclara hostile à un tel projet.
Celui-ci fut contraint de
démissionner du gouvernement et fut exclu du Parti national avec quinze autres
députés.
Ensemble ils fondèrent un nouveau parti (Conservative Party) en mars
1982.
A l'avenir, la force de l'opposition de l'extrême droite dépendra dans une
certaine mesure de la capacité du HNP et du CP d'abandonner leurs querelles pour
présenter un front uni.
Reste également à savoir jusqu'à quel point les
propositions de M.
Botha séduisent les véritables chefs de file des communautés
"de couleur" concernées.
Des études montrent que, dans leur grande majorité, les
Indiens et les métis sont peu enthousiastes à l'idée de s'aliéner les Africains
en acceptant des avantages politiques refusés à ces derniers.
Fin 1981, les
Indiens ont ainsi boycotté massivement les élections au South African Indian
Council, organisme à leurs yeux sans pouvoir réel risquant de demeurer inféodé
au gouvernement.
Chez les Noirs, on a constaté une diminution sensible de l'influence de la
philosophie de la "conscience noire" (Black consciousness).
Ce mouvement a connu
sa plus forte popularité en 1976 lors des révoltes des jeunes à Soweto et dans
d'autres quartiers noirs, mais ne s'est jamais vraiment remis du coup qui lui a
été porté en octobre 1977 par l'interdiction de ses principales organisations.
De plus, un nombre croissant d'anciens partisans de la "conscience noire"
considèrent que, si une politique "exclusiviste" a été utile pour rompre leur
dépendance à l'égard des Blancs libéraux, le moment est venu de s'engager dans
une politique de coopération entre les différentes communautés raciales.
Cette
coopération n'a cependant pas dépassé le stade des manifestations publiques
communes.
Par ailleurs, les actes de sabotage menés à l'initiative de la branche
en exil de l'African National Congress (ANC) se sont multipliés en 1981, dont
l'un des plus spectaculaires a été l'attaque à la roquette du quartier général
de l'armée près de Pretoria.
Face à la montée de la révolte, le gouvernement a annoncé en mars 1982 que tous
les Blancs de 17 à 60 ans n'ayant pas fait leur service militaire devraient
s'engager dans des unités de commando locales pour combattre l'ANC.
Le projet
d'incorporation des Indiens et des métis a été écarté après les violentes
protestations du PFP, mais il semble que lorsque certains droits leur auront été
restitués ils ne pourront plus échapper à ces mesures.
A la suite du raid sud-africain de janvier 1981 contre le Mozambique pour
détruire des maisons occupées par l'ANC, Pretoria s'est vu accusée de plus en
plus souvent de mener une campagne de déstabilisation contre ses voisins.
Sans
reconnaître ouvertement de telles intentions, l'Afrique du Sud a renouvelé ses
menaces de représailles si l'un d'entre eux permettait que des attaques soient
lancées contre elle à partir de son territoire.
M.
Robert Mugabe, Premier ministre du Zimbabwe, a fait savoir à plusieurs
reprises qu'il ne laisserait pas des organisations de guérilla installer des
bases militaires dans son pays.
Et si la plupart des voisins de l'Afrique du Sud
ont en 1981 vigoureusement dénoncé l'apartheid, plusieurs ont reconnu
publiquement qu'ils n'étaient pas en mesure de prendre des sanctions économiques
à l'encontre de Pretoria.
Des enquêtes ont montré que l'ANC bénéficie d'un soutien moral accru parmi la
population noire, sans aucun doute favorisé par l'intensification de sa campagne
d'insurrection.
Les mêmes enquêtes ont fait apparaître la popularité
grandissante du chef Gatscha Buthelezi, Premier ministre du Kwazulu et président
du plus important parti politique noir qu'ait connu l'Afrique du Sud, l'Inkatha
Yenkululeko Yesizwe.
En mars 1982, une commission nommée par l'administration du
Kwazulu (la commission Buthelezi) recommandait la création d'un gouvernement
multiracial à la tête du Natal et du Kwazulu formant une région intégrée à
l'intérieur....
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