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ACTE IV Le décor de l'acte IV représente une chambre dans la demeure de Don Juan. C'est la fin de...

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« ACTE IV Le décor de l'acte IV représente une chambre dans la demeure de Don Juan.

C'est la fin de la journée, car le maî­ tre de maison se préoccupe de son souper, et fait raccom­ pagner ses visiteurs à la lueur des flambeaux. Alors que le décor de la forêt favorisait des rencontres diverses, le retour à l'appartement, lieu traditionnel de la comédie, concentre l'attention sur le personnage principal. C'est ainsi que nous allons voir défiler une galerie de « fâcheux » (comme dans la comédie du même nom), dont les interventions successives nous plongent dans la vie quo­ tidienne du Grand Siècle.

Cependant le surnaturel reprend ses droits à la fin de l'acte, lorsque la statue invite Don Juan à dîner. La scène 1 apparaît comme un écho de la fin de l'acte pré­ cédent : Don Juan et Sganarelle discutent du signe de tête de la statue.

Puis Monsieur Dimanche, fournisseur du maî­ tre de maison, est annoncé (scène 2), et berné de plaisante façon par Don Juan et son valet (scène 3). A peine est-il parti que survient Don Louis (scène 4), qui se répand en imprécations, reproches et menaces contre les débauches de son fils.

Don Juan le fait fuir par son insolence, et reçoit les reproches de son valet (scène 5). Apparaît alors Done Elvire, qui, ayant renoncé à sa ven­ geance, tente, par ses larmes et ses prières, d'entraîner Don Juan sur le chemin du Ciel (scène 6).

Mais Don Juan reste insensible et ne songe qu'à souper, occasion de berner Sga­ narelle et d'introduire ainsi un peu de gaieté dans cette som­ bre galerie (scène 7). L'acte IV finit, comme le précédent, par l'apparition du Commandeur.

Mais cette fois, la statue marche et parle, et c'est elle qui invite Don Juan à souper pour le lendemain (scène 8). ACTE IV, SCÈNE 1 (DON JUAN, SGANARELLE) Si cette scène sert de transition, elle n'en est pas moins essentielle.

Nous assistons à la fin d'une discussion entre maître et valet sur la nature de l'apparition.

Don Juan cher­ che une explication rationnelle : il peut s'agir d'un « faux jour» ou d'une« vapeur » qui leur aura troublé la vue.

Sga­ narelle, au contraire, est affirmatif : c'est le Ciel, scandalisé par la vie de son maître, qui a « produit ce miracle» pour le convaincre (de l'existence de Dieu ?) et l'éloigner (du vice ?) •..

Sganarelle insiste : Don Juan ne doit point nier ce qu'ils ont vu, le signe de tête n'est pas une illusion ! A ces objurgations, Don Juan répond par des menaces brutales : mille coups de nerf de bœuf sauront bien dissuader son valet de l'importuner davantage sur ces questions.

Là-dessus, il commande à dîner « le plus tôt que l'on pourra». IBIJ?ti�,14�1t·1hJ=i Don Juan ébranlé La scène 1 s'ouvre au milieu d'une discussion, conformément à un usage théâtral répandu au XVII• siècle (cf.

1, 1 ; Il, 1 ).

Secrètement ébranlé par le signe de tête du Commandeur, Don Juan persiste à nier ce que sa raison ne comprend pas.

Face à Sganarelle, prompt à voir partout l'intervention du Ciel, il défend une conception résolument maté­ rialiste et rationaliste du monde, et cherche une explication naturelle au prodige qu'il vient de voir.

Mais son exaspération face aux « ser­ mons» et aux« sottes moralités» de Sganarelle n'en traduit pas moins son ébranlement intérieur, tout autant, d'ailleurs, que son incapacité à se remettre en question.

En effet, cette attitude de refus systémati­ que du surnaturel sera une constante de la fin de la pièce, jusqu'à l'engloutissement final. Poésie et coups de bâton Le style des répliques de cette courte scène est remarquablement varié.

Les expressions de Don Juan, « trompés par un faux jour, ou surpris de quelque vapeur», évoquent l'aspect nocturne de l'imagi­ naire, tel qu'il se manifeste, par exemple, dans la scène du spectre au début d' Hamletde Shakespeare.

Or Don Juan est un héros solaire, comme l'indiquent son habit doré et sa blondeur, pour qui ne comp­ tent que les lumières de la raison et du plaisir.

Mais son agnosticisme bute sur ce qu'il ne comprend pas.

et sa brutalité à l'égard de Sgana­ relle est révélatrice du désarroi d'un homme qui ne maîtrise plus un monde vacillant. Sganarelle, qui connaît son Don Juan sur le bout du doigt, est passé maître dans l'art de l'apaiser à force d'humour et de fausse humilité. Mais il sait bien que c'est lui qui a raison, et que les coups de bâton n'y peuvent rien.

L'aspect farcesque de cette fin de scène éloigne la menace qui pèse sur Don Juan, et adoucit ce que l'inexplicable a d'inquiétant. La scène se termine sur un détail matériel essentiel : Don Juan sou­ haite souper« le plus tôt que l'on pourra».

Mais le souper n'aura lieu qu'à la scène 7. ACTE IV, SCÈNES 2 ET 3 (DON JUAN, SGANARELLE, LA VIOLETTE, PUIS M.

DIMANCHE) l;J:f.iH,'11=1 La Violette annonce la venue d'un marchand, Monsieur Dimanche, qui insiste pour parler à Don Juan.

Sganarelle devine l'un de ses créanciers venu réclamer son dû.

Don-Juan explique alors sa « politique » : Il a le « secret de les ren­ voyer satisfaits sans leur donner » un sou ! Qu'on introduise Monsieur Dimanche ! Don Juan l'accueille bruyamment : quelle joie de le voir ! L'ordre qu'il a donné de ne pas être dérangé n'est pas pour lui ; ses laquais sont des « coquins » de ne pas distinguer le « meilleur de [ses] amis ! » Monsieur Dimanche ne peut que s'excuser, remercier.

Il tente timidement d'exposer l'objet de sa visite, Don Juan l'interrompt, réclame à grands cris un siège pour son visiteur, non point un pliant, mais un fauteuil comme il le ferait pour une personne de qualité, veut le faire asseoir« contre [lui] », insiste.

Monsieur Dimanche élude(« cela n'est point nécessaire»), s'étonne(« Monsieur, vous vous moquez ...

»), finit par accepter.

Don Juan s'inquiète alors de sa santé.

Son hôte a un teint admirable ! Mais comment vont sa femme, sa fille, son fils, son chien? Qu'il soit assuré de l'amitié qu'il lui porte.

Monsieur Diman­ che veut-il souper avec lui? Non, il doit s'en retourner tout de suite.

Eh bien, vite, qu'on apporte un flambeau et que quatre ou cinq de ses gens l'escortent.

Don Juan se lève, accable Monsieur Dimanche de compliments : « il est [son] serviteur et de plus [son] débiteur».

Monsieur Dimanche pousse une exclamation : va-t-il enfin pouvoir réclamer son dû ? Mais Don Juan ne lui en laisse pas le temps, lui offre de le reconduire.

Monsieur Dimanche est confus, proteste. Don Juan, en dernier témoignage d'amitié, lui donne I'acco­ lade...

et sort. Monsieur Dimanche reste seul avec Sganarelle, qui, à l'imi­ tation de son maître, continue sur le même ton.

Mais cette fois, Monsieur Dimanche l'interrompt.

Il avoue que tant de politesse l'empêche de réclamer son argent.

Si Sganarelle pouvait intercéder en sa faveur? Lui aussi, d'ailleurs, lui doit de l'argent, s'en souvient-il? Mais Sganarelle, reprenant la tactique de son maître, avec moins d'habileté toutefois, l'empêche de poursuivre, le prend par le bras, le pousse cava­ lièrement dehors. IB•JWl�d=i�it·1l;J=i La satire des mœurs Le grand seigneur mauvais payeur est un personnage fréquent sous l'Ancien Régime.

L'aisance de Don Juan et la timidité de Monsieur Dimanche reflètent la différence des conditions entre les deux per­ sonnages.

Littéralement subjugué par le grand seigneur qu'est Don Juan, le tailleur n'ose s'imposer et réclamer son dû.

C'est sur cet écart des conditions que va jouer Don Juan pour éconduire son créancier tout en le flattant par l'intérêt qu'il feint de lui porter.

Prestige d'une noblesse décadente et financièrement dépendante d'un côté, sottise d'une bourgeoisie fascinée par l'éclat d'une classe qu'elle essaye d'imi­ ter,.... »

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