ACTE 1, SCÈNE 3 l;J4i1h'Il=i Camille croit que Curiace a refusé par amour pour elle de combattre pour Albe, elle...
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ACTE 1, SCÈNE 3
l;J4i1h'Il=i
Camille croit que Curiace a refusé par amour pour elle de
combattre pour Albe, elle s'en réjouit, mais s'inquiète de la
réaction de son père, le vieil Horace.
Curiace la détrompe: il
ne trahira ni sa patrie ni Camille.
S'il est là, c'est que la paix a
été faite (v.
235-278) !
Il rapporte le discours du dictateur d'Albe au moment où la
bataille allait éclater: les deux villes s'apprêtaient à mener un
combat fratricide et leurs ennemis communs en profiteraient;
c'est contre eux qu'il faudrait s'unir; chaque ville pourrait
choisir des champions, la ville gagnante dirigerait les deux
villes unies en un seul peuple.
La proposition a été acceptée
avec enthousiasme (tirade v.
279-327).
Libre d'entrer à Rome, Curiace est venu demander la main
de Camille et l'a obtenue.
Camille cache son bonheur avec
pudeur (v.
328-346).
COMMENTAIRE
Un faux dénouement*
Cette scène fait finir le premier acte sur une détente inattendue : la
guerre qui devait réduire à l'esclavage une des deux villes n'aura pas
lieu.
Sabine, dans la scène d'exposition {v.
79-80), résumait la situation:
« Mais aujourd'hui qu'il faut que l'une ou l'autre tombe,
Qu'Albe devienne esclave, ou que Rome succombe» ...
avec des mots proches de ceux qu'employait Camille à la fin de la scène 2
(v.
229).
Or, dès le deuxième vers que prononce Curtace, on apprend qu'il
n'est «ni le vainqueur ni l'esclave de Rome• (v.
236); c'est que, après des
combats singuliers, les vaincus deviendront «sujets sans devenir esclaves»
(v.
312).
On semble assister à la résolution du confltt guemer; à la disparition
des dilemmes (v.
266) et, avec le mariage promis aux amants, à la fin heureuse du roman d'amour; dans tous les cas, on passe de la division à
l'union, ce que concré1ise l'évocation de la fusion des deux camps (v.
332):
La conclusion de Julie n'évoque-t-elle pas enfin l'invocation aux immortels
qui clôt bien des tragédies? Ainsi par un coup de théâtre, la tension de
l'acte s'apaise Sfl un faux dénouement qui n'est que le tremplin d'un
deuxième acte qui, en deux scènes et en deux coups de théâtre, fera
replonger les héros dans des malheurs plus grands encore.
Une savante modulation
La scène commence par une méprise* qui permet de retarder l'annonce
de la nouvelle heureuse Qe même procédé sera u1ilisé pour le récit de Valère
à l'acte IV, scène 2).
Camille croit que Curiace a déserté par amour.
Son élan
passionné (voir les tournures de proportion des vers 250-252 où l'amour est
mis au-dessus de l'honneur) s'infléchit en inquiétude (v.
253 et suivants)
dans un dialogue où Curiace affiche en revanche une joie sans mélange
où amour et honneur sont réconciliés (v.
266).
L'annonce claire de la paix
(v.
272-275) est comme accompagnée musicalement par la répétition immédiatement après le mot «guerre» du monosyllabe «paix» en début de vers
sous l'accent de coupe, par Curiace, puis dans une exclamation incrédule
par Camille.
Quelques mots de Julie pour contenir l'émotion, et se déroule le
majestueux morceau historique.
Nouvelle exclamation de Camille, cette fois
de bonheur, mais ensuite inflexion nouvelle : elle redevient une jeune fille soumise à sa famille, pressée par son amant mais pleine de pudeur.
Toute cette
scène est une réussite «musicale•: le récit, d'abord nécessaire à l'intrigue,
devient le pivot d'une scène d'amour à la fois violente et subtile.
Le récit de Curiace
C'est la récriture d'un passage de Tite-Live (XXIII, 5 à 10) et il semble
qu'on est ici au plus près de !'Histoire.
Pourtant une comparaison
s'impose, qui montre le travail de stylisation de Corneille.
Il ne mentionne
pas l'incursion des Romains dans le camp albain ni la mort du roi d'Albe
(c'est pour le remplacer qu'a été nommé un «dictateur», Metius Suffetius):
la proposition ne se fait pas dans une position de faiblesse, elle_ n'a que
des raisons nobles.
Il supprime totalement le cynisme du dictateur évoquant les prétextes (violences et butins non rendus) et le véritable motif....
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