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ACTE 1, SCÈNE 1 Sabine confie à Julie son angoisse secrète face au terrible malheur qui se prépare. Épouse du...

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« ACTE 1, SCÈNE 1 Sabine confie à Julie son angoisse secrète face au terrible malheur qui se prépare.

Épouse du romain Horace, mais née dans une famille d'Albe où elle a trois frères, elle déplore la guerre entre les deux villes.

Si Rome a pour destin de conqué­ rir le monde, elle lutte aujourd'hui contre la ville même où est né son fondateur (v.

1-60). Julie s'étonne.

C'est que jusqu'ici Sabine avait caché ses sentiments : dans la guerre se joue maintenant le sort d'une des villes et elle avoue son déchirement (v.

61-134). COMMENTAIRE Une scène d'exposition* pathétique* Au début d'une pièce, l'auteur doit exposer les faits indispensables à la compréhension de l'intrigue et faire connat1re les principaux personnages. Cette première scène* remplit son rôle de scène d'exposition : on y apprend le conflit entre Albe et Rome (v.

19) qui va déchirer deux familles unies par un mariage (v.

98). Mais le spectateur oublie le caractère utilitaire de cette scène car il est plongé d'emblée dans la situation tragique par excellence.

«Qu'un indif- férent tue un indifférent cela ne touche guère [...] mais quand les choses arrivent entre des gens que la naissance ou l'affection attache aux intérêts l'un de l'autre [...] c'est ce qui convient merveilleusement à la tragédie», écrit Corneille dans son deuxième Discours «Sur la tragédie», citant Artstote, philosophe antique dont la Poétique est la référence majeure pour les théortciens de l'époque. D'autre part, cette situation est exposée par le personnage pour qui ce déchirement est le plus atroce : Sabine, romaine par son manage et albaine par sa naissance, sera, quelle que soit l'issue de la guerre, «du parti qu'affligera le sort» (v.

89-94).

Prise dans un dilemme* pathétique, elle n'est plus dans la crainte mais déjà dans la déploration.

Un contemporain de Corneille, l'abbé d'Aubignac, souligne dans son traité sur le théâtre la difficulté pour des acteurs peu expérimentés, qui ne sont pas encore échauffés, des débuts «en falaise» de Corneille qui feront l'admiration de Charles Péguy. Cette scène, en outre, met en place une opposition fondamentale entre la «gloire», «la vertu» et d'autre part la «faiblesse», les soupirs et les larmes. Sabine et Camille, dans des situations comparables, réagissent tout différemment: la première «commande à ses pleurs» (v.

13), «fait vanité [se fait gloire] d'être toute romaine» (v.

72), a honte de son désespoir (v.

132); la seconde se laisse aller à la douleur puis à la joie (v.

95-109). Un art de l'attente et de la surprise Dès les premiers vers, une attente est créée: Sabine parle d'un «grand malheur» avant que.... »

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