A partir du début de l'année 1993, le président de la République Ghulam Ishaq Khan et le Premier ministre Mian...
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A partir du début de l'année 1993, le président de la République Ghulam Ishaq
Khan et le Premier ministre Mian Nawaz Sharif se sont affrontés à propos du 8e
amendement (1985) à la Constitution de 1973, qui donne au chef de l'État des
pouvoirs que le chef de gouvernement a jugés exorbitants...
Après s'être
concertés avec le général Abdul Waheed, chef d'état-major de l'armée de terre,
tous deux ont démissionné le 18 juillet 1993.
Respectivement, le président du
Sénat, Wasim Sayyad, et Moeen Qureshi, ancien deuxième plus haut responsable de
la Banque mondiale, se sont vus chargés d'assurer l'intérim et d'organiser des
élections anticipées à échéance de quatre-vingt-dix jours.
Politiquement neutre, M.
Qureshi a gouverné par décrets: au plan économique, la
dévaluation de la roupie, la réduction du déficit budgétaire par restriction des
subventions à plusieurs produits (pétrole, gaz, électricité, blé...),
l'institution d'un impôt foncier, ainsi que l'activation des privatisations lui
ont permis d'améliorer les réserves de change et d'obtenir des fonds
supplémentaires de la part du FMI (Fonds monétaire international) et de la
Banque mondiale; il a également pris des mesures contre le trafic de drogue,
augmentant les amendes et interdisant l'éligibilité aux personnes compromises;
enfin, il a fait publier la liste des personnalités bénéficiaires de prêts
bancaires non remboursés et subordonné leur éligibilité à un remboursement, sous
quinze jours.
Modeste succès et pieuses ambitions du PPP
Le scrutin général du 6 octobre 1993 a accordé une majorité relative au Parti du
peuple pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto (86 sièges sur 201, contre 72 au
principal parti de la majorité sortante: la Ligue musulmane du Pakistan (faction
Nawaz) - PML (N) - de M.
Nawaz Sharif.
Toutefois, s'alliant avec des
indépendants et de petits partis, B.
Bhutto a obtenu une majorité parlementaire
de 121 voix et a donc pu être nommée Premier ministre le 19 octobre.
Les élections provinciales du 9 octobre ne lui ont donné la majorité absolue
qu'au Sind, sa province d'origine, avec 56 sièges sur 100.
Au Pendjab, c'est la
PML (N) qui a obtenu la majorité relative avec 106 sièges sur 240 contre 94 au
PPP, mais ce dernier a tout de même obtenu de gouverner, grâce au concours de la
faction Junejo (18 sièges) de la Ligue musulmane PML (J), rivale de celle de M.
Nawaz Sharif et qui a bénéficié de 18 sièges.
Dans la province Frontière du
nord-ouest et au Baloutchistan, l'indécision des résultats a entraîné des
alliances de gouvernement favorables à M.
Nawaz Sharif, devenu chef du groupe
parlementaire d'opposition à l'Assemblée nationale.
Toutefois, suspendu deux
mois durant par le président, le gouvernement de la province Frontière a été
rétabli le 25 avril 1994, avec cette fois une majorité favorable au PPP.
Enfin, le 13 novembre, le collège électoral réunissant les représentants des
cinq assemblées législatives et du Sénat a élu le nouveau président: le sardar
Farooq Ahmed Khan Leghari, cinquante-trois ans, proche de B.
Bhutto et réputé
incorruptible.
Cette période électorale a mis en évidence l'absence persistante - de succès aux urnes des partis fondamentalistes, regroupés pour
les campagnes en un Front islamique du Pakistan (PIF) dirigé par le qazi Hussain
Ahmad, amir (président) du plus important de ces partis, le Jamaat-e Islami
(JI), qui n'a obtenu que 3 sièges à l'Assemblée nationale - comme aux élections
de 1990 - et 2 sur 87 au Sénat.
Ainsi, il apparaît que l'importance des
fondamentalistes dans les années quatre-vingt a été, au sein de ce pays très
majoritairement musulman, tout artificielle, due uniquement à la faveur du
général-président Mohammad Zia-ul Haq (au pouvoir de 1977 à 1988) qui réislamisa
le pays "par en haut".
Après la mort de ce dernier, en 1988, les gouvernants
pakistanais ont eu moins d'égards pour eux...
ainsi, le 15 août 1993, le qazi
Hussain Ahmad, s'étant opposé physiquement à l'expulsion de squatters, s'est vu
arrêté et emprisonné pour quelques heures.
Durant ses premiers mois d'exercice, le gouvernement Bhutto a lancé un certain
nombre de groupes de travail et de commissions liés aux différents problèmes
sociaux et économiques, ainsi que son projet phare, le "nouveau contrat social",
consistant en une dévolution au niveau des collectivités locales des pouvoirs
administratifs et fiscaux, jusque-là cantonnés à trois niveaux: l'État central,
la province et le district.
Il a par ailleurs créé une cellule anticriminalité,
une autre pour la protection des droits de l'homme, initié un programme de
distribution de titres de propriété aux paysans sans terre et décidé de rétablir
un quota de sièges réservés aux femmes dans les assemblées nationale et
provinciales.
Le gouvernement a également annoncé un programme en huit points:
réduction du déficit budgétaire, maîtrise de l'inflation et du chômage,
développement des ressources humaines, développement de l'agriculture et de
l'énergie, protection de la mère et de l'enfant, défense des droits de l'homme,
lutte contre la drogue et rupture de l'isolement international.
En réaction à l'opération militaire anti-banditisme engagée le 31 mai 1992 pour
ramener l'ordre dans la province du Sind, le MQM (A) - Mouvement de la
communauté Mohadjir - a organisé du 30 avril....
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