70 L a l ittérature moyenâgeuse e st caractérisée, jusqu'en 1550, p ar l a s uprématie du don sur le métier, de la facilité sur le t ravail de la forme.
Publié le 20/08/2013
Extrait du document
«
CALVIN 71
plines.
L'écrivain cherche à étonner par la grandeur,
l'abondance, parfois le sublime du raffinement senti mental, ou par le bouffon et toutes les exagérations du réel humain.
La vie extérieure est souvent décrite avec naïveté; la vie intérieure, parfois fort bien analysée, est rarement reproduite avec cette vérité qui fait l'art classique.
L'art, qui se cherche avec une laborieuse
application dans l'usage des procédés traditionnels,
se sépare, quand enfin il est parvenu à se trouver, de la nature vraie des hommes et des choses; la naïveté reste encore le seul moyen d'expression de la vérité humaine.
Cette dissociation entre la nature et l'art est un des grands caractères du moyen âge.
L'autre carac
tère, qui se prolongera longtemps, est l'incertitude du goût : des rencontres admirables, perdues dans un bavar dage intolérable, ou au milieu de négligences choquantes; presque jamais un ensemble pleinement satisfaisant, ni une œuvre entière, ni même une page entière.
S'il faut faire une exception, si l'on peut discerner
quelque part le souci aigu de la perfection, c'est à
l'École lyonnaise qu'il faut penser, à la Délie de Mau
rice Scève.
Sans doute l'auteur n'a pas encore assimilé une longue tradition d'art au point de savoir unir l'aisance et la perfection; sans doute celle-ci n'est-elle obtenue que par une longue méditation, par une vigi
lance trop visible; mais l'esprit dans lequel l'œuvre est conçue et réalisée annonce incontestablement celui de la Renaissance..
»
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