xixe siècle).
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
implanté
enEurope.
Danslesmanuels, lebasculement dumonde païenaumonde chrétien sepasse àla vitesse
d’un coup degrâce : l’onction d’unfront royalparlesaint chrême suffit.« En496, parlebaptême deClovis, les
Francs seconvertissent auchristianisme. » Ledossier estclos, onpeut passer auchapitre suivant.
Dans laprofondeur deschoses, ilfallut dessiècles pourpasser d’unmonde àl’autre.
Plusexactement, commeon
vient delevoir pour l’esclavage, ilyeut des siècles durant lesquels lesdeux mondes n’enfinirent plusdese
chevaucher.
La conversion desBarbares estunépisode fascinant del’histoire.
Onadéjà parlé decette configuration rarequi
voit levainqueur seconvertir àla foi duvaincu.
C’estcequi sepasse quand lesFrancs embrassent ledieu quiest
alors celuideRome.
Lebrillant médiéviste BrunoDumézil aétudié deprès lesmécanismes decephénomène, ils
sont d’une grande complexité 3
.
L’historien expliqueparexemple comment l’aristocratie gallo-romaine, excluedes
cours princières despremiers envahisseurs quiétaient ariens(lesWisigoths, parexemple), sereplie surlagrande
structure depouvoir quireste àsa portée, l’Église, pourluidonner sesévêques, sesprélats.
Unedesraisons qui
poussent lesFrancs àdevenir catholiques estqu’ils peuvent ainsis’appuyer surune structure existante, cequi a
permis auxdeux mondes desefondre peuàpeu.
Dumézil explique aussicombien toutcelaapu varier selonles
régions etles moments.
Onavu des allers etretours spectaculaires d’unculte àl’autre : selonlescaprices, les
stratégies, lesintérêts oules choix detel outel roi, certains peuplesontpuainsi changer dereligion troisouquatre
fois enune génération.
La
rage dedétruire lesidoles Sauf
exception sanglante–on sesouvient delarage deCharlemagne danssaguerre « évangélisatrice » contreles
Saxons –,tout celas’est produit sanspersécution demasse, cequi estassez raredans l’histoire pourêtresouligné.
La doctrine, constamment reformuléeparlespapes, estqu’il fautconvertir parl’exemple etlapersuasion plutôt
que parlaforce.
Rome amoins d’égards pourlepatrimoine etlaculture desreligions antérieures.
Lestemples, les
statues, lesmonuments sontdétruits sansménagement, ourechristianisés.
Danslesrégions celtiques, onpose,
par exemple, descroix surlesmenhirs.
Partoutonprofane lesautels oùles gens venaient serecueillir depuisdes
siècles ouon les convertit enéglise.
Leslivres pieux sontpleins desaints admirables despremiers tempsdu
christianisme quipassent leurvieàcourir lestemples etles sanctuaires pour« briser desidoles », c’est-à-dire pour
faire disparaître unpatrimoine d’unerichesse extraordinaire, quiest, parleur faute, àjamais perdu.
Évidemment,
cela estmoins cruelqued’assassiner lesprêtres quiyofficiaient ! Aumoment delaRévolution française,aunom
de lalutte contre uncatholicisme alorsdétesté, onverra s’abattre pareilleragecontre lessymboles du
christianisme, onverra leséglises pillées, lesobjets duculte vendus oudétruits.
Ce« vandalisme révolutionnaire »,
comme onl’appelle, estresté undes griefs majeurs decertains catholiques contrelagrande tourmente issuede
1789.
Sansesprit depolémique, onpeut rappeler iciqu’en s’enprenant avecviolence auxinsignes d’unereligion
qu’elle espérait dépasser, laRévolution n’afait que reproduire ceque lecatholicisme ens’implantant avaitfaità
l’égard desdieux quil’avaient précédé.
Au moment del’effondrement deRome –vers leve
siècle –,l’Europe occidentale estencore partagée.
À
l’intérieur decequi était l’Empire, desterres majoritairement chrétiennesparseméesdepoches depaganisme.
Au-delà desfrontières, d’immenses espacespriantlesdieux desBarbares.
Quelquessièclesplustard, c’estpartout
la chrétienté ,
c’est-à-dire ununivers uniformément chrétien,sinonquelques raresminorités, commelesJuifs
dont nous reparlerons.
Seulementilne faut pasoublier lalente subtilité aveclaquelle lephénomène estdevenu
réalité.
Dessignes runiques retrouvés dansleJura, nous explique l’ Histoire
desétrangers 4
, prouvent queles
peuplades germaniques quiyétaient installées continuaient àsacrifier àleurs anciens dieuxjusqu’au viie
siècle,
soit deux siècles aprèslaconversion deClovis, leurchef mythique.
Commentnepas voir aussi quebien des
pratiques religieuses apparemment nouvellesrecouvrent fortmaldesréalités plusanciennes ?
Songeons auculte dessaints, parexemple.
EnGaule, ils’est développé àpartir duve
siècle, autourdesaint
Martin deTours, d’abord.
Onvient enpèlerinage jusqu’àsa chapelle ,
c’est-à-dire lemonument oùl’on garde
une partie dufameux manteau qu’ilapartagé avecunpauvre, la chape
– c’est
l’origine dumot.
Etle
martyrologe –la liste detous lescanonisés –et les lieux depèlerinage quivont avec grossiront bienvite.D’un
point devue catholique, lessaints ontune grande importance théologique : ilsfont donaumonde del’exemple de
leurs vertus, etcomme onest sûr qu’ils sontauparadis, ilspeuvent servirauxfidèles d’intercesseurs auprèsde
Dieu.
D’autres historiens, commel’Israélien AviadKleinberg, ontsurlephénomène unregard unpeu différent : le
culte dessaints estfort commode pouruneautre raison, ilsert desubstitut aupolythéisme quel’ondemande aux
populations d’abandonner, alorsqu’ilétait pratiqué depuisdesmillénaires 5
.
Dès lemoment oùlechristianisme est
devenu laseule religion autorisée, partoutdanslessanctuaires del’Empire romain,leChrist aremplacé Jupiter,la
Vierge aremplacé AthénaouHéra, lesstatues dessaints inventés lesuns après lesautres sontvenues prendre la
place desdieux mineurs quiysiégeaient, etles évêques engrande tenuesontallés placer lessources magiques, les
arbres bénitsoùles peuples venaient chercher laguérison oules miracles, souslaprotection nouvelledetel autre.
»
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