Vocabulaire: CONGELER, verbe transitif.

Vocabulaire: CONGELER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [Le complément désigne un liquide, un fluide] 1. Faire passer un corps de l'état liquide à l'état solide par abaissement de la température; spécialement transformer (l'eau) en glace. Le froid congèle l'eau au-dessous de 0o. C; un froid à congeler le mercure. Synonyme : geler. 2. Donner une consistance plus épaisse à un liquide gras, visqueux par coagulation. Congeler de l'huile, de la sauce. Synonyme : figer. Remarque : Cet emploi est considéré comme abusif par DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), mais Dictionnaire de l'Académie Française 1932 l'admet. Il est peu usuel. B.— [Le complément désigne un corps solide] Soumettre au froid, en abaissant la température nettement au-dessous de 0o. C (souvent, pour conserver). Voir Congélation. Congeler de la viande, des fruits; congeler les prises (sur un bateau de pêche). Congeler à coeur. Jusqu'au centre. Synonymes partiels : frigorifier, réfrigérer, surgeler. — TECHNIQUE. Congeler un terrain. [La méthode de fonçage Poetsch] consiste à congeler les terrains aquifères que doit traverser un puits (JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 902 ). C.— [Le complément désigne un tissu vivant] Altérer (une structure organique) par le froid. Congeler une préparation anatomique. Voir congélation. D.— Par métaphore. 1. Congeler le sang, le coeur, le cerveau. Inhiber les réactions, rendre incapable de fonctionner normalement (ce qui est assimilé métaphoriquement ou non à un fluide) : Ø 1. La rafale vous glaçait la moelle des os, vous congelait le sang des veines... ALEXANDRE ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, page 240. 2. Abstrait. Un froid qui congèle tout lyrisme (ANDRÉ GIDE, Journal, 1924, page 804 ). II.— Emploi pronominal. A.— Devenir solide sous l'effet du froid. L'eau se congèle à 0o. C; l'alcool se congèle difficilement. — [Correspond au sens I A 2] La graisse (d'oie) prend et se congèle (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 49 ). B.— Être maintenu à basse température, notamment pour être conservé. C.— Par analogie ou par métaphore. 1. [Le sujet est un nom de personne] Familier. Avoir très froid. Synonyme : se geler. (J'ai) travaillé chez Champion, où je me congelais (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1852, page 16 ). 2. [Le sujet est un nom de chose] Devenir froid, figé. Toutes mes idées se congelèrent (CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, Le Théâtre de Séraphin, 1860, page 363) : Ø 2. Andarran crut un instant qu'elle allait se congeler, cette parole, tant l'air se fit glacial, tant il y avait d'hostilité muette sur les visages. EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1889, page 294. Remarque : On rencontre dans la documentation a) le participe présent et adjectif congelant, ante, rare. Qui cause la congélation. Les malheureux ramassés sous la neige dans les attitudes diverses que la mort congelante leur a laissés (ALPHONSE DAUDET, Tartarin sur les Alpes, 1885, page 20). b) L'adjectif congélatif, ive, vieux ou littéraire Qui produit la congélation. Un sel congélatif (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 123). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 45.