Vocabulaire: COMPRIMÉ2, -ÉE, participe passé et adjectif.

Vocabulaire: COMPRIMÉ2, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de comprimer* II.— Emploi adjectival. A.— Qui est fortement serré, pressé ou tassé; dont le volume est réduit sous l'effet d'une pression physique. Les hommes, comprimés dans des espaces trop resserrés (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 3, 1801, page 75 ). Des amas de neiges comprimées (ALEXANDRE ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, page 39) : Ø 1. La tête comprimée entre leurs paumes pour qu'elle n'éclatât point, les jeunes gens soupiraient comme écrasés par la rafale de l'indiscutable beauté. FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 155. — Spécialement. PHYSIQUE. Air, gaz comprimé. Une circulation d'eau froide destinée à refroidir le gaz comprimé (ALFRED LEDIEU, ERNEST CADIAT, Le Nouveau matériel naval, tome 2, 1899, page 53 ). De l'air comprimé sous une pression de un à trois kilos (Arts et littérature dans la société contemporaine (direction Pierre Abraham) 1935, page 2812 ). B.— Au figuré. Qui est entravé dans son développement ou dans ses manifestations. Passions, pensées comprimées. Quand la liberté de la presse est tout à fait comprimée, l'opinion sommeille, mais rien ne l'égare (BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 196 ). Un rire comprimé qui sonne en éternuement (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 138) : Ø 2.... toute sa personne avait cet air réduit, comprimé, pour ainsi dire diminué, des gens qui travaillent beaucoup sans agir. EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 216. Fréquence absolue littéraire : 396. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 901, b) 412; XXe. siècle : a) 417, b) 531. Forme dérivée du verbe "comprimer" comprimer COMPRIMER, verbe transitif. A.— Presser, serrer fortement quelque chose; en réduire le volume sous l'effet d'une pression physique. Comprimer une artère, un gaz. La tumeur pancréatique comprimant le canal cholédoque (ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. 1965, page 154) : Ø 1. Messieurs, soyez préfet de l'Aisne, Mettez aux pois les canetons Ou comprimez l'acétylène! Moi j'attrape les hannetons! Ballade pour faire connaître mes occupations ordinaires dans La Négresse blonde (GEORGES FOUREST) Paris, José Corti, 1964 [1909] , page 90. — Par métaphore : Ø 2. Son oeil d'obsédé, de maniaque ou de visionnaire s'en empare [des personnages de roman] à son gré ou les abandonne, les étire dans une seule direction, les comprime, les grossit, les aplatit ou les pulvérise pour les forcer à lui livrer la réalité nouvelle qu'il s'efforce de découvrir. NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 75. — Emploi pronominal à valeur passive. Une machine à vapeur pompe dans la boîte de l'air qui s'y comprime au point de faire tinter les oreilles assez désagréablement (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à une autre inconnue, 1870, page 149 ). B.— Au figuré. Réprimer, réduire, contenir dans certaines limites en exerçant une action contraignante, une force susceptible d'expansion telle que : 1. Un mouvement individuel ou ses manifestations. Comprimer sa joie, ses larmes, un rire, un sourire. De vieilles tendances sado-masochistes, que l'adulte normalement comprime (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 117) : Ø 3. Il s'agit d'étouffer son coeur, de comprimer ses instincts, de cacher sa sensibilité, de mettre une muselière et un masque à toutes ses tendresses maladives qui pourraient appeler ou pleurer! HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 459. — Par métonymie. [Le complément désigne la personne ou l'organe siège de ces manifestations] Comprimer son coeur : Ø 4.... trop grande pour ses douze ans, elle [Élodie] avait la laideur molle et bouffie, les cheveux rares et décolorés de son sang pauvre, si comprimée d'ailleurs par son éducation de vierge innocente, qu'elle en était imbécile. ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 50. 2. Un mouvement social, une action collective. Comprimer un parti. Ils [les hommes du passé] résolurent (...) de refouler et de comprimer à jamais la force ascensionnelle de l'humanité (VICTOR HUGO, Napoléon le Petit, 1852, page 228) : Ø 5. Il comprimait toutes les turbulences sous le poids des intérêts coalisés pour la réussite de la grande entreprise. EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1899, page 223. 3. Un phénomène économique. Comprimer les prix, les salaires. Au cours de la période même où l'invention, en produisant des biens nouveaux ou en comprimant les coûts, stimule les exportations (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 74 ). Remarque : On rencontre dans la plupart des dictionnaires l'adjectif dérivé comprimable. Qui peut être comprimé. Synonyme plus usité compressible*. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 328. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 742, b) 420; XXe. siècle : a) 395, b) 297.