venu à escorter les Juifs américains dans les shtetls de leurs ancêtres, et il nous avait répondu, avec un peu de circonspection, Je ne dis pas ce que je fais à la plupart des gens, je ne crois pas qu'ils comprendraient.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
toujours
envie ;elle vivait enbas delaroute.
Peut-être quecette Olgaserait enmesure de
nous direquelque chose.
Nous noussommes levéstousensemble, Ninaprenant avecautorité latête delaprocession
– elle nousavait clairement adoptés,nousetnotre quête – etnous avons descendu laroute en
direction dechez Olga.
La route quenous avions empruntée pourallerdel'appartement deNina àla maison d'Olga,
nous l'avons découvert parlasuite, étaitlaroute quiconduit ducentre delaville aucimetière,
en passant parlavieille scierie.
Maintenant quenous marchions surcette route etavant que
Maria nenous quitte, nousluiavons demandé comment lesJuifs etles Ukrainiens
s'entendaient avantlaguerre.
Nousavions, bienentendu, faitnos recherches etnous savions
donc déjàtoutconcernant lessiècles decompétition économique etsociale entreJuifset
Ukrainiens :les Juifs, sansnation, politiquement vulnérables,dépendantsdesaristocrates
polonais quiétaient lespropriétaires deces villes etpour quilesJuifs, afind'assurer leur
sécurité, travaillaient commeintendants, toutenleur prêtant deleur argent ;les Ukrainiens
qui, pour laplupart, travaillaient laterre, quisesituaient auniveau leplus basdutotem
économique, unpeuple dontl'histoire, ironiquement, étaitàbien deségards comme uneimage
dans unmiroir, oupeut-être commeunnégatif photographique, decelle desJuifs :un peuple
sans Etat-nation, vulnérable,oppressépardes maîtres cruelsdumême acabit-comtes polonais
ou commissaires soviétiques.C'étaitenraison decet étrange effetdemiroir que,précisément,
les choses avaient évolué,verslemilieu duXXe
siècle, selonlaterrible logiqued'unetragédie
grecque, delamanière suivante :ce qui était bonpour undeces deux groupes, quivivaient
côte àcôte dans cesvilles minuscules depuisdessiècles, étaitmauvais pourl'autre.
Lorsque les
Allemands, en1939, avaient cédélapartie orientale delaPologne (qu'ilsvenaient deconquérir)
à l'Union soviétique autitre dupacte germano-soviétique, lesJuifs delarégion s'étaient réjouis,
sachant qu'ilsvenaient d'êtredélivrés desAllemands ;mais lesUkrainiens, peuple
farouchement nationalisteetfier, avaient souffert souslesSoviétiques, quiétaient alors
décidés àécraser l'indépendance ukrainienneetles Ukrainiens.
ParlezauxUkrainiens du
XX e
siècle, comme nous
l'avons souvent faitaucours decevoyage, etils évoqueront leur
holocauste àeux, lamort, danslesannées 1930,decinq àsept millions depaysans ukrainiens,
affamés parlacollectivisation forcéedeStaline...
Labonne chance miraculeuse desJuifs de
Pologne orientale, en1939, adonc étéundésastre pourlesUkrainiens delamême Pologne
orientale.
Al'inverse, lorsqueHitleratrahi, deuxansplus tard, lepacte germano-soviétique et
envahi lapartie delaPologne qu'ilavait donnée àStaline, celaaconstitué, évidemment, un
désastre pourlesJuifs, maisunebénédiction pourlesUkrainiens, lesquelssesont réjouis de
l'arrivée desnazis quileslibéraient deleurs oppresseurs soviétiques.Ilest remarquable de
penser quelesdeux groupes quiont vécu dans unetelle proximité pendanttantd'années aient
pu être àce point différents, souffriretexulter derevers defortune àce point différents et
même opposés.
C'était enconnaissance decause quenous avions demandé àAlex d'interroger Mariasurla
façon donts'étaient traitésautrefois lesJuifs etles Ukrainiens.
Tout lemonde s'entendait bien,pourlaplupart, a-t-ilrépondu aprèsavoirparlé pendant un
moment avecMaria.
Elleditque lesenfants jouaient souventensemble surlaplace, les
Ukrainiens etles Juifs ensemble.
C'est parce quejesavais fortbien oùpouvait menerlefait dejouer ensemble – comment sous
le bien seconnaître, laconnaissance mutuelle,peutsecacher unseconnaître tropbien – que
j'ai posé cequi me paraissait êtrelaquestion logiquesuivante.
Yavait-il eudes Ukrainiens qui.
»
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