Une heure plus tard, en quittant l'immeuble, il remarqua qu'un journal était tombé de la boîte aux lettres de sa voisine.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
12
Au cœur duQuartier latin,confortablement installéeaupremier étageduStarbucks Coffeequifait
l’angle duboulevard Saint-Germain etdu boulevard Saint-Michel, Marionprofitait d’unepause entredeux
cours.
Ellesirotait uncafé auxépices, sansquitter desyeux sonclavier etson écran.
Unemiette de
cheesecake s’étaitlogéeàla commissure deses lèvres.
Elleparcourait unarticle enligne du New
York Times quand
une-mail tomba danssaboîte.
Battements decœur.
Sourire furtif.Cette fois,Yvan
Sauvage nel’avait pasoubliée.
Etilla gratifiait d’unebiseamicale avantdesigner.
Encore uneffort,
camarade.
Lemardi suivant, Marionserendit comme convenu chezYvan.
Enchemin, elles’aperçut qu’elle
était unefoisdeplus enavance.
Ellepréféra patienter unquart d’heure assisesurunbanc, del’autre
côté delarue.
Leciel légèrement voilétamisait lalumière matinale.
Danssonsalon, prèsdelafenêtre,
Yvan passait unechemise.
Commeilse penchait auxcarreaux pours’assurer dutemps, lamétéo étant
incertaine, ilaperçut Marion,àdemi cachée parlesplatanes quibordaient letrottoir.
Ilreconnut chezelle
ce geste rapide etfélin qu’elle avaitpourremettre del’ordre danssescheveux.
Àcet instant, ilsut qu’ils
passeraient unebelle journée.
Ilétait presque huitheures, delaroute lesattendait pourrejoindre
Chambord.
Marion sortaitdesarêverie quandYvans’approcha d’elle.
— Prête pournotre rendez-vous avecl’Histoire ?
Yvan semblait dejoyeuse humeur.
Conquérant avecça.
— Plus quejamais !
Elle portait unjean slimterriblement moulant.Toutd’uncoup, Yvanréalisait qu’elleavaituncorps
en dessous desépaules, etqu’il luiplaisait.
— Je suisgaré àdeux minutes d’ici,fit-ilenlaprécédant.
— J’ai apporté toutl’équipement dubon petit reporter, ditMarion.
Comme Yvantendait lebras pour luiprendre sonsac, elleajouta :
— Merci, jelegarde avecmoi,quand ildeviendra troplourd, chermonsieur, vouspourrez vous
montrer galant.
Yvan désigna savoiture sansfairedecommentaire.
UneTwingo del’autre siècle.
Décidément, il
aimait sesentir àl’étroit.
Elles’installa surlesiège avant, lamine réjouie.
Ilsgagnèrent rapidement le
périphérique àl’approche delaporte d’Ivry etroulèrent endirection del’autoroute A10.Lefrais parfum
qui émanait ducou deMarion enveloppait l’habitacle.Yvanjetafurtivement unœil sur lesConverse
roses desapassagère.
Ilse sentit soudain trèsvieux.
— Nous devrions arriverdansdeuxheures, déclara-t-il pourmeubler lesilence.
J’aiprévu des
repérages indispensables ànotre enquête.
Unguide nousaccompagnera pourunepartie delavisite.
La
journée seracourte, j’aiégalement relevéuntas dechoses àvoir.
C’était parti… Ilséchangèrent surleur programme lereste dutrajet, établissant l’ordredespriorités,
et pinaillant surdes questions dedétail.
Marion s’affirmait laplus méthodique desdeux.
Enfin, ils
pénétrèrent souslecouvert forestier etlaroute devint plussinueuse.
Quandlasilhouette duchâteau se
découpa àl’horizon, chacunsetut.
Ilsapprochaient d’unpalais delégende.
Marionréprima unfrisson,
saisie parune prémonition àla fois terrifiante etattirante, inéluctable.
Yvanremarqua quelajeune fille
s’agitait surson siège etse frottait discrètement lesbras, comme s’ilsladémangeaient.
Ellenequittait
pas desyeux lafaçade del’édifice.
Yvan suivitlechemin deterre quimenait auparking.
Lechâteau avaitdisparu, masquépardes
frondaisons.
Marionrecouvra soncalme.
Ellepensait auxcartes queluitirait satante.
Marion n’accordait
aucun créditàce jeu devoyance, maisJane ycroyait durcomme fer.Etsielle n’avait pastout àfait
tort ? — Nous ysommes, ditYvan endétachant saceinture desécurité.
Marion agrippa sonsac.
— Au travail !
Ils suivirent lechemin balisépourlestouristes, derrièreuncouple devisiteurs dontlesenfants, des
jumeaux, restaientàla traîne, jouantauxchevaliers etbataillant l’uncontre l’autreavecdesbranches
mortes.
Soudain, ungrognement partidesbuissons interrompit leursjoutes etles gamins semirent à
galoper versleurs parents enjetant desregards inquiets autourd’eux.
— Je n’aime pastrop lessangliers, avouaMarion.
Elle s’était rapprochée deson compagnon.
— Le domaine deChambord estleplus giboyeux d’Europe, maisrassure-toi, lessangliers chargent
principalement enhiver.
— Si tuledis…
La chaleur naissante delamatinée réveillait lesparfums d’humus dessous-bois alentour.Des
rambardes enbois seprofilèrent, invitantMarionetYvan àemprunter uneallée bordée dechalets qui
abritaient desrestaurants etdes boutiques desouvenirs.
Lechâteau apparutdenouveau.
Auloin, ils.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Journal et Lettres, de Maurice de Guérin
- Du Côté de Chez Swann savait qu'elle était toujours à la maison à faire sa sieste ou à écrire des lettres avant l'heure du thé, et où il aurait plaisir à la voir un peu sans la déranger.
- Luigi Pirandello par Nino Frank Né en 1867, à Agrigente, c'est par un volume de poésies, bien entendu, que Pirandello avait débuté dans les lettres, une vingtaine d'années plus tard, en même temps qu'il débutait dans l'enseignement.
- Une heure plus tard, les silhouettes de quelques maisons basses en briques séchées se détachèrent plus nettement. Paul Ohl, Soleil noir : le roman de la Conquête, Québec Amérique
- «Titre», Je me permets de vous écrire car j'ai constaté que le nouveau facteur chargé de distribuer le courrier dans mon immeuble ne dépose jamais les colis ou les enveloppes qui ne peuvent pas être contenues dans les boîtes à lettres individuelles.