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Un vocabulaire très spécialisé

Publié le 20/11/2011

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La sémiologie est à la mode, la sexualité aussi ; il fallait bien que l'une et l'autre se rencontrent. Pierre Guiraud, professeur de linguistique générale à la Faculté des lettres de Nice, a fait ce qu'il fallait pour cela dans un livre publié aux Editions Payot, qui s'appelle justement Sémiologie de la sexualité. La question que se pose l'auteur est simple : il y a tout un vocabulaire, en particulier, qui traduit toute une psychologie en général, dont le système linguistique est en relation avec le lexique exargotique quotidien. Le con, l'imbécile patenté, et la connerie, la stupidité, en sont les plus fréquents témoignages. Il s'agissait jusqu'à présent, d'un territoire réservé, d'un domaine scandaleux. Qu'un professeur de Faculté lui accorde le sérieux de son attention mérite qu'on s'y arrête.

« lui ou non.

J'immolerais les grands hommes à tous les imbéciles ; en littérature, j'établirais que le médiocre, étant à la portée de tous, est le seul légiti­me et qu ' il faut donc honnir toute espèce d'origina ­ lité, comme dangereuse, sotte, etc.

Ce serait peut­ être une œuvre étrange et capable de réussir car elle serait toute d'actualité».

Les Editions Aubier­ Montaigne la rééditent.

Les amateurs de mots et d'idées ne peuvent pas rester indifférents à cette collection assez complète de stupidités qui mérite­ rait d'être revue et corrigée chaque année, comme les autres dictionnaires.

Chaque page apporte au lecteur un peu de satisfaction, ne serait-ce que par la façon que Flaubert a de présenter les choses.

On peut citer, à titre d'exemples, quelques formules assez bien venues : «Académie françai­ se : La critiquer, mais tâcher d'en faire partie si on peut ...

Baccalauréat: Tonner contre...

Légion d'honneur: La blaguer, mais la convoiter ...

Quand on l'obtient , toujours dire qu'on ne l'a pas deman­ dée ...

Députés : Trop de bavards à la Chambre.

Ne font rien ...

Ecriture : Indéchiffrable, signe de scien­ ce.

Exemple : les ordonnances des médecins ...

Epoque (la nôtre): Tonner contre.

L'appeler époque de transition, de décadence...

Frauder : Frauder la douane n'est pas tromper, c'est une preuve d'esprit.

Macadam : A supprimé les révolu­ tions.

Plus moyen de faire des barricades ...

Suici­ de : Preuve de lâcheté ...

» Une version très incom­ plète du Dictionnaire avait été publiée à la suite de Bouvard et Pécuchet.

Des manuscrits inédits ont permis d'augmenter cette nouvelle présentation de plus de trois cents articles.

Etrange écriture L'essai sur les hiéroglyphes égyptiens de Wil­ liam Warburton que publie Patrick Tort (Aubier­ Montaigne) a presque, deux siècles et demi.

On pourrait, quand l'écriture égyptienne ne pose plus guère de problèmes aux spécialistes ; se demander l'intérêt d'un ouvrage largement dépassé par le temps.

En fait, l'écriture égyptienne, dont le secret était perdu depuis l'époque romaine, a toujours été, pour les Occidentaux, un mystère qui atteignait les sour­ ces mêmes de leur pensée.

La Renaissance imagi­ na, sur de faux obélisques, de faux hiéroglyphes.

Il y avait, dans les symboles, une formulation visible du vocabulaire, qui posait la question précise de la traduction lisible du verbe.

L'histoire de ce livre est singulière ; son influence s'est fait sentir sur des personnages aussi remarquables que Condillac, Rousseau et les rédacteurs de l'Encyclopédie; elle traverse, dans la seconde moitié du xvm· siècle tous les débats sur les origines du langage et de l'écriture et sur les rapports de l'un et de l'autre.

Ce livre n'est pas, à proprement dire, un vrai livre, mais un chapitre d'un grand ouvrage à venir.

En 1744, le français Léonard des Malpeiries préserva un morceau de The divine delegation of Moses demonstrated, œuvre d'un pasteur anglican, qui était passée à peu près inaperçue jusqu'alors en France, mais dont une seconde édition, publiée en Angleterre en 1842, prouve qu'elle avait eu, outre-Manche, un certain retentissement.

William Warburton avait rêvé sur les hiéroglyphes, il n'était pas le premier et ne devait pas être le dernier : Malpeines aussi, lisant ce travail, se mit à rêver .

Il lui donna un autre titre et le publia en y ajoutant des notes, des résumés en marge et un copieux avertissement qui double l'œuvre originale.

Ce texte, un peu rébarbatif, est réédité pour la première fois avec tout son apparat critique.

S'il n'a pas de signification précise dans le domaine du déchiffrement de l'égyptien ancien, il apporte un éclairage intéressant sur l'époque des Lumières et sur sa curiosité.

Les premières études faites sur cet essai n'avaient été attentives qu'à certains thèmes qui y sont traités : l'origine et la finalité des systè­ mes de signes, par exemple, l'histoire comparée des langues et des écritures aussi.

Pourquoi y relève+ on moins souvent ce qui est dit de la science des rêves comme science de l'écriture dont l'intérêt est pourtant tout à fait frappant ? On y trouve aussi une théorie politique, une interprétation de la poli­ tique et de la politique de l'interprétation, une ana­ lyse des structures du pouvoir en relation avec le pouvoir de l'écriture, réservé aux lettrés et enfin une étonnante description du prêtre -savant qui ajoute toujours un supplément de code ésotérique à ce qu'il écrit, afin justement de soustraire l'écriture à ceux qu'il veut garder en suggestion et de garder le pouvoir qu'il détient pour lui seul.

L'idée de Warburton, c'est que l'écriture égyp­ tienne a d'abord été destinée à la communication transparente, dans les domaines de la science, de l'histoire, de l'économie et de la politique , en quoi il avait raison.

Il lui fallait donc expliquer comment cette transparence primitive avait pu, et dû se voi­ ler ; pourquoi l'écriture était devenue l'instrument d'un pouvoir abusif, celui d'une caste privilégiée qui assurait, directement ou non, une hégémonie.

A travers son introduction et un très riche appareil de notes qui fait apparaître le réseau de textes auxquels se réfère Warburton, l'éditeur de ce livre singulier et passionnant, Patrick Tort, met en évidence les efforts du pasteur pour repousser une interprétation matérialiste de l'écriture.. »

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