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tournai mon arme vers McKinnon et lui mis une balle dans la tête.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

tournai mon arme vers McKinnon et lui mis une balle dans la tête. Puis je balançai deux ou trois grenades incendiaires en direction des bandidos et sortis de là juste avant que la baraque ne disparaisse dans les flammes. 47 Tess me regardait comme si je venais d'étrangler son chat. Non, plutôt comme si je l'avais coupé en morceaux et jeté dans un mixer. Un regard que je n'oublierai jamais. Elle garda le silence, pendant de longues minutes. J'étais à la torture. Je ne disais rien, moi non plus. 'attendais simplement qu'elle digère ce qu'elle venait d'entendre. Au bout d'un moment, le silence était devenu insupportable. -- Dis-moi quelque chose, fis-je, très doucement. Tess soupira avec lassitude. Elle parla enfin, presque à voix basse. -- C'est juste que... je ne... c'est la deuxième fois en une semaine que tu me balances des trucs de ton assé, et ça... je ne peux pas croire que tu ne m'en aies jamais parlé... Il y avait de la douleur dans ses yeux. Et je détestais cela, car j'en étais responsable. -- Je n'en suis pas particulièrement fier. -- Quand même... -- Je... je me dégoûtais. J'ai du mal à vivre avec l'idée d'avoir fait cela. Et je ne voulais pas te perdre non lus, à cause de ça. Je la regardais, maintenant, et je n'étais pas sûr que nous nous en remettrions. Elle n'essaya même pas de me contredire, ce qui ne m'avançait guère. Elle se contenta de détourner le egard, hochant la tête, l'air résolue, comme si elle cherchait quelque chose - n'importe quoi pour limiter les conséquences de la dispute. -- Pourquoi était-il si important de l'arrêter ? Quelle est cette drogue sur laquelle il travaillait ? Je fronçai les sourcils. C'était ce qui rendait la situation encore pire. -- Nous ne l'avons jamais trouvée. Son secret a disparu avec lui. Et avec Navarro, je pense. Mais quelqu'un le veut, ce secret, quelqu'un qui est prêt à tout. Je lui parlai de ce que j'avais lu sur McKinnon après notre retour du Mexique. J'avais cherché à en savoir le lus possible à son sujet. C'était devenu une obsession. J'avais mis la main sur le dossier que la DEA avait constitué sur lui, et j'avais mené quelques investigations de mon côté. McKinnon était un homme tranquille, modeste et respecté, anthropologue et ethnopharmacologue en irginie du Nord. Après avoir enseigné pendant des années à Princeton (dont il était diplômé) et à l'université de Hawaii à Manoa, il avait obtenu de la National Geographic Society une bourse lui permettant d'aller étudier les Indiens de régions reculées d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud et l'usage médical qu'ils faisaient de certaines plantes. Durant ses voyages, il chercha les remèdes traditionnels dont le secret se transmettait oralement d'un guérisseur à l'autre, et en conçut une fascination croissante. Il s'était transformé en chasseur de remèdes et demeura quelque temps dans certaines tribus isolées de l'Amazonie et des Andes afin d'établir la nomenclature des plantes qu'ils utilisaient, finançant ses prospections successives en donnant des conférences et en vendant articles et reportages photographiques à des journaux et des magazines. Sa vie et son oeuvre avaient fusionné, et il n'avait ni femme ni enfants. -- Comment a-t-il fini par découvrir une superdrogue ? demanda Tess. Je lui rappelai que de nombreuses cultures, surtout en Extrême-Orient, considèrent que le corps et l'esprit forment un tout, contrairement à ce que prétend la médecine occidentale. On ne pouvait, selon elles, soigner l'un sans soigner l'autre. J'avais découvert que les chamans amazoniens poussaient cette logique à un niveau plus élevé encore. Ils croyaient qu'une vraie guérison impliquait le corps, l'esprit et l'âme. Certains croyaient que les maladies du corps et les maladies mentales étaient causées par des esprits néfastes, que ceux-ci devaient être neutralisés grâce à des rituels religieux qui impliquaient souvent la présence de substances psychoactives - des hallucinogènes comme l'ayahuasca, dont ils se servaient pour soigner aussi bien la dépression que des cancers métastasés. Pour un homme comme McKinnon, qui étudiait les remèdes administrés par les guérisseurs et les chamans, ça signifiait qu'il fallait apprendre et comprendre les propriétés des concoctions que les guérisseurs avaient mises au point tout au long des siècles, et des plantes psychoactives qu'elles contenaient. -- La quête de McKinnon impliquait qu'il participe à des rituels religieux et qu'il prenne toutes sortes d'hallucinogènes, dis-je à Tess. Un jour, son travail a mis cette drogue sur son chemin. -- Vous ne savez pas où il l'a découverte, avec quelle tribu ? -- Non. Et il est évident que Navarro ne le savait pas non plus. Pas plus que celui qui court après, maintenant, qu'il s'agisse de Navarro ou de quelqu'un d'autre. -- Mais il est clair que ce produit est vraiment puissant... sans quoi ils ne feraient pas tout cela, cinq ans plus tard, non ? Peut-être as-tu fait ce qu'il fallait... Peut-être... peut-être que s'il avait vécu, les choses seraient bien pires, à l'heure qu'il est... Michelle avait dit la même chose. J'essayais de m'en persuader depuis des années, et le fait d'entendre Tess le répéter... il y avait peut-être du vrai. En cet instant précis, j'étais heureux que Tess soit encore à mes côtés. -- Mais alors, qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle. Et comment ce produit aurait-il pu supplanter tous les autres ? Je m'étais posé la question, à l'époque. -- Il y a trois raisons à cela. Primo, McKinnon affirmait que son produit aurait un succès énorme, qu'il contenait une telle énergie que les gens seraient incapables d'y résister, que comparée à ça la meth paraîtrait aussi fade que de l'aspirine... Ce sont les mots mêmes qu'il a employés... Deuzio, il était parvenu à le synthétiser sous forme de pilules. Ce qui veut dire qu'il est facile à prendre. Et l'on sait que la bonne drogue au bon moment peut se répandre aussi vite que la peste. Tertio, puisque Navarro en serait le producteur exclusif, il pourrait le rendre aussi addictif qu'il le souhaiterait. Ce qui serait une catastrophe... car nous parlons ici d'un hallucinogène très lourd. -- C'est-à-dire ? -- Le cerveau de la plupart des êtres humains n'est pas programmé pour supporter les effets d'un allucinogène de cette puissance. C'est aussi simple que ça. Le cerveau peut gérer les effets de la coke ou de 'héroïne, mais un hallucinogène hard-core est très différent. Il présente un risque sérieux de détériorer en rofondeur le tissu psychologique du consommateur. C'est pourquoi certaines religions païennes, par exemple, onsidèrent que les drogues doivent être réservées au plus petit nombre. C'est-à-dire qu'on ne peut les prendre u'à l'issue d'une initiation. Ou comme élément d'un rituel, d'un rite de passage... On le fait une fois dans sa ie, peut-être quand on atteint l'âge adulte, à l'aube de la maturité, ou quand on est malade et qu'on a besoin 'être guéri... Les seules personnes qui peuvent en prendre régulièrement sont les chamans et les guérisseurs, t il y a une raison à cela : ils sont entraînés à en contrôler les effets, ils ont consacré leur vie entière à upporter les conséquences de ce qu'on voit, de ce dont on fait l'expérience pendant un trip. Sur le plan biologique, et surtout psychologique, l'individu moyen n'est pas équipé pour ça. Il n'est pas entraîné à réagir à ne telle intensité, et d'un point de vue social l'utilisateur moyen ne doit pas y avoir accès. Sur la base de ce ue nous en savons, le risque est réel, si une telle drogue se banalisait, qu'elle crée des problèmes ramatiques. Les consommateurs connaîtraient des troubles de fonctionnement importants. Ils pourraient évelopper dépression chronique et instabilité mentale, souffrir de maladies nerveuses inguérissables. Les ervices psychiatriques auraient à gérer l'afflux de centaines de milliers de patients. Il suffit de voir à quel point a meth est destructrice, comment elle transforme en zombies des gens en pleine santé, qui ont tout pour éussir... Et ça pourrait être bien pire, ajoutai-je. La meth et le crack, aussi dégueulasses soient-ils... ne eformatent pas le cerveau. Ils font planer, on devient accro, ils vous bousillent le corps, mais quand tu cesses 'en prendre ton cerveau retrouve plus ou moins son état normal, même si tout s'écroule autour de toi. Les allucinogènes hard-core opèrent tout autrement. Ils sont capables de reprogrammer le cerveau. Celui qui rend des trucs comme ceux dont parlait McKinnon court réellement le risque d'être un autre homme à l'arrivée, vec des points de vue moraux potentiellement différents, une perception totalement différente du monde dans equel il vit, de ses rapports à ce monde... Tess semblait larguée. -- Comme... comme l'ayahuasca ? C'est un hallucinogène hard-core, non ? Je me rappelle un article sur es dépressifs chroniques qui étaient allés passer une semaine ou deux au fond de l'Amazonie, auprès de hamans qui leur en avaient fait prendre. A leur retour, ils disaient que ça les avait guéris... -- Oui, mais ils l'avaient fait dans le cadre d'une cérémonie, assistés d'un guérisseur. Et ils l'avaient pris pour se soigner. Ce genre d'article donne parfois l'impression que ces drogues sont un remède facile à tous os problèmes. On croirait presque que l'ayahuasca est la panacée contre la dépression, et qu'on devrait prescrire de l'iboga à tous les héroïnomanes pour les aider à s'en sortir. Or, avec ces hallucinogènes, la question est moins du côté de la drogue que du consommateur. La question est de savoir dans quel état d'esprit on se trouve, ce qu'on espère en tirer, si on a la résistance nécessaire... et le soutien adéquat. C'est rucial. L'assistance, le cadre ritualisé et sacré, avec ceux qui t'entourent et les chamans qui veillent sur toi et te uident durant ton trip. Si le produit est balancé dans la rue, le junkie moyen, pas plus que l'ado de banlieue qui 'éclate dans un squat, dans sa cave ou dans le vacarme et la lumière stroboscopique d'une boîte de nuit, 'aura rien de tout cela. Qui le guidera ? Où sera le sorcier expérimenté capable d'interpréter avec lui les mages refoulées auxquelles il sera confronté, de lui expliquer qu'il n'est pas en train de devenir dingue et de 'aider à comprendre ce que son inconscient est en train de lui dire ? -- D'accord, mais si la drogue se révèle dangereuse et provoque de mauvais trips, ça dissuadera les gens 'en prendre, non ? Je n'ai pas l'impression qu'elle serait très populaire dans les boîtes... Je secouai la tête, un peu ironique. -- La psychologie du drogué n'a pas grand-chose à voir avec le bon sens. Tu le sais bien. Les gens herchent ce qui est dangereux. Comme avec l'héroïne. Régulièrement, on voit arriver dans la rue une nouvelle olécule qui provoque des tas d'overdoses. Et tu sais quoi ? Tout le monde veut y goûter. Ils sont prêts à payer ncore plus cher pour ça. Ils le cherchent. Suffit de savoir que des gens en meurent pour que ça devienne ncore plus populaire. Comme avec le sida et les seringues, ou le krokodil, ce substitut de l'héroïne qui fait tant e ravages à Moscou. Les gens qui aiment ce genre de saloperies ne réagissent pas de manière rationnelle, ar définition. Ils cherchent le frisson le plus fort disponible sur le marché. Ils en aiment le côté sombre... bien lus intense qu'un film d'horreur en relief. Et si ce n'est pas plus difficile que d'avaler une pilule... Tess soupira.

« 47 Tess meregardait commesije venais d’étrangler sonchat.

Non,plutôt comme sije l’avais coupéen morceaux etjeté dans unmixer.

Unregard quejen’oublierai jamais. Elle garda lesilence, pendant delongues minutes.

J’étaisàla torture.

Jene disais rien,moinon plus. J’attendais simplement qu’elledigèrecequ’elle venaitd’entendre. Au bout d’unmoment, lesilence étaitdevenu insupportable. — Dis-moi quelque chose,fis-je,trèsdoucement. Tess soupira aveclassitude.

Elleparla enfin, presque àvoix basse. — C’est justeque… jene… c’estladeuxième foisenune semaine quetume balances destrucs deton passé, etça… jene peux pascroire quetune m’en aiesjamais parlé… Il yavait deladouleur danssesyeux.

Etjedétestais cela,carj’en étais responsable. — Je n’en suispasparticulièrement fier. — Quand même… — Je… jeme dégoûtais.

J’aidumal àvivre avec l’idée d’avoir faitcela.

Etjene voulais pasteperdre non plus, àcause deça. Je laregardais, maintenant, etjen’étais passûrque nous nousenremettrions. Elle n’essaya mêmepasdeme contredire, cequi nem’avançait guère.Ellesecontenta dedétourner le regard, hochant latête, l’airrésolue, commesielle cherchait quelquechose–n’importe quoipour limiter les conséquences deladispute. — Pourquoi était-ilsiimportant del’arrêter ?Quelle estcette drogue surlaquelle iltravaillait ? Je fronçai lessourcils.

C’étaitcequi rendait lasituation encorepire. — Nous nel’avons jamaistrouvée.

Sonsecret adisparu aveclui.Etavec Navarro, jepense.

Mais quelqu’un leveut, cesecret, quelqu’un quiestprêt àtout. Je luiparlai deceque j’avais lusur McKinnon aprèsnotreretour duMexique.

J’avaischerché àen savoir le plus possible àson sujet.

C’était devenu uneobsession.

J’avaismislamain surledossier quelaDEA avait constitué surlui,etj’avais menéquelques investigations demon côté. McKinnon étaitunhomme tranquille, modesteetrespecté, anthropologue etethnopharmacologue en Virginie duNord.

Après avoirenseigné pendantdesannées àPrinceton (dontilétait diplômé) etàl’université de Hawaii àManoa, ilavait obtenu delaNational Geographic Societyunebourse luipermettant d’allerétudier les Indiens derégions reculées d’Amérique centraleetd’Amérique duSud etl’usage médical qu’ilsfaisaient de certaines plantes.Durantsesvoyages, ilchercha lesremèdes traditionnels dontlesecret setransmettait oralement d’unguérisseur àl’autre, eten conçut unefascination croissante.

Ils’était transformé enchasseur de remèdes etdemeura quelquetempsdanscertaines tribusisolées del’Amazonie etdes Andes afind’établir la nomenclature desplantes qu’ilsutilisaient, finançantsesprospections successivesendonnant desconférences et en vendant articlesetreportages photographiques àdes journaux etdes magazines. Sa vie etson œuvre avaient fusionné, etiln’avait nifemme nienfants. — Comment a-t-ilfinipar découvrir unesuperdrogue ?demanda Tess. Je luirappelai quedenombreuses cultures,surtoutenExtrême-Orient, considèrentquelecorps etl’esprit forment untout, contrairement àce que prétend lamédecine occidentale.

Onnepouvait, selonelles,soigner l’un sans soigner l’autre.J’avais découvert queleschamans amazoniens poussaientcettelogique àun niveau plus élevé encore.

Ilscroyaient qu’unevraieguérison impliquait lecorps, l’esprit etl’âme.

Certains croyaient que lesmaladies ducorps etles maladies mentales étaientcausées pardes esprits néfastes, queceux-ci devaient êtreneutralisés grâceàdes rituels religieux quiimpliquaient souventlaprésence desubstances psychoactives –des hallucinogènes commel’ayahuasca, dontilsse servaient poursoigner aussibienla dépression quedescancers métastasés.

Pourunhomme commeMcKinnon, quiétudiait lesremèdes administrés parlesguérisseurs etles chamans, çasignifiait qu’ilfallait apprendre etcomprendre lespropriétés des concoctions quelesguérisseurs avaientmisesaupoint toutaulong dessiècles, etdes plantes psychoactives qu’ellescontenaient. — La quête deMcKinnon impliquaitqu’ilparticipe àdes rituels religieux etqu’il prenne toutessortes d’hallucinogènes, dis-jeàTess.

Unjour, sontravail amis cette drogue surson chemin. — Vous nesavez pasoùill’a découverte, avecquelle tribu? — Non.

Etilest évident queNavarro nelesavait pasnon plus.

Pasplus quecelui quicourt après, maintenant, qu’ils’agisse deNavarro oudequelqu’un d’autre. — Mais ilest clair queceproduit estvraiment puissant… sansquoiilsne feraient pastout cela, cinqans plus tard, non?Peut-être as-tufaitcequ’il fallait… Peut-être… peut-êtreques’ilavait vécu, leschoses seraient bien pires, àl’heure qu’ilest… Michelle avaitditlamême chose.

J’essayais dem’en persuader depuisdesannées, etlefait d’entendre Tess lerépéter… ily avait peut-être duvrai.

Encet instant précis,j’étaisheureux queTess soitencore àmes côtés.

—Mais alors, qu’est-ce quec’est ?demanda-t-elle.

Etcomment ceproduit aurait-il pusupplanter tousles autres ?. »

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