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tonneau.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

tonneau. Les produits chimiques ont des qualités mystérieuses, cachées. Les libérer et les mettre en pratique de manière originale pouvait changer totalement la donne pour les artels - et leur rapporter des milliards. D'où la nécessité de cerveaux connaissant les techniques indispensables. D'où les enlèvements qui venaient d'avoir lieu. Jusque-là, les enquêteurs n'avaient pas grand-chose en fait d'indices. Ils n'avaient alpagué aucun suspect. D'après les vidéos des caméras de surveillance et les témoins, les kidnappeurs étaient des Blancs costauds, et c'était à peu près tout. Un témoin avait cependant précisé qu'ils avaient « le type motard ». Cela ne constituait pas un progrès majeur en soi, pas en Californie du Nord, où les bandes de motards sévissaient en nombre et ontrôlaient une partie importante du trafic de drogue - ils étaient en fait à l'origine de la montée de la meth -, ais c'était révélateur à d'autres égards. Les règles du jeu avaient changé. Depuis dix ans environ, les cartels mexicains s'étaient quasiment emparés du trafic de drogue aux Etatsnis, le hissant à un niveau de violence sans précédent. Ne se contentant plus de leur rôle établi de longue ate de principal fournisseur de marijuana du pays, ils avaient étendu leur territoire et accru leur puissance près « la Guerre à la drogue » menée par l'administration américaine, qui avait pris pour cible les trafiquants olombiens et sévèrement réduit leurs activités dans les Caraïbes et le sud de la Floride. Les Mexicains avaient ccupé la place laissée vacante. Ils avaient commencé par arracher la distribution de la cocaïne aux olombiens harcelés puis ils avaient élargi leur horizon. De simples « mules », ils étaient devenus acteurs rincipaux et avaient mis la main sur la chaîne d'approvisionnement. Et il ne leur avait pas suffi d'inonder les tats-Unis de coke et d'héroïne. Déterminés à aller de l'avant, ils étaient passés aux drogues de l'avenir : celles u'on pouvait fabriquer n'importe où, celles que les utilisateurs pouvaient consommer sans trop de omplications. C'étaient les cartels mexicains qui avaient compris les premiers le potentiel de la éthamphétamine et avaient fait de cette drogue grossière de motards cantonnée dans les vallées de alifornie du Nord le plus gros problème de stupéfiants jamais posé à l'Amérique. D'autres drogues ynthétiques - sous forme de pilules, un sacré progrès, exit l'attirail encombrant des camés des générations précédentes - avaient bientôt fait leur apparition. Les cartels mexicains menaient maintenant le jeu et à travers tous les Etats-Unis les bandes de motards, es bandes des rues et des prisons leur servaient de petits soldats. Selon les derniers chiffres de la DEA, les artels avaient étendu leurs activités à plus de deux cent cinquante grandes villes du pays. De Washington au aine, les grossistes mexicains contrôlaient tout et se révélaient de fins négociants. Leur puissance était démesurée, leur ambition dévorante et leur impudence sans limite. Rien ne semblait pouvoir les ébranler alors qu'ils étaient quasiment en guerre avec le gouvernement des Etats-Unis, une guerre non déclarée qui coûtait bien plus de vies américaines que celles livrées dans les déserts, à des milliers de kilomètres à l'est. Une guerre qui avait infligé à Corliss de profondes blessures. Des blessures qu'il n'oublierait jamais. Souvenirs d'une soirée de violence au Mexique, comme la douleur qui palpitait en ce moment dans son chine, et qui se réveillait toujours aux moments les moins opportuns. L'hypothèse qu'un cartel mexicain était derrière l'enlèvement de chercheurs américains était étayée par les progrès importants obtenus par la DEA et d'autres agences en fermant des centaines de laboratoires landestins de fabrication de meth à travers les Etats-Unis. Ces victoires avaient repoussé la production au sud de la frontière, où les narcos avaient installé de superlabos hors de portée des autorités mexicaines, où les talents des scientifiques kidnappés feraient probablement merveille. De plus, ce n'était pas la première fois que ce genre d'événement se produisait. D'autres scientifiques avaient disparu. A quatre reprises déjà, des chimistes travaillant pour de grandes entreprises pharmaceutiques avaient été enlevés en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Sans demande de rançon. On ne les avait jamais revus. Tout simplement. Puis deux autres incidents avaient suivi, cette fois du côté américain de la frontière. Un professeur de chimie d'El Paso, un an plus tôt. Un autre, quelques mois plus tard, à la sortie de Phoenix, kidnappé avec son assistant de laboratoire. Et maintenant ça. Sur le territoire même de Corliss. Une fusillade mortelle dans un coin idyllique de la côte Pacifique. Corliss avait soupçonné qu'il s'agissait de Navarro dès qu'il avait appris la nouvelle. A la différence de ses collègues, Corliss n'avait jamais cru que Navarro avait été tué pendant un affrontement entre cartels. Il savait que le monstre était encore en vie et quand Corliss avait vérifié les domaines de recherche des scientifiques enlevés - comme il l'avait fait pour les kidnappings précédents - il n'avait plus eu aucun doute. Cela correspondait à un schéma qu'il avait repéré mais gardé pour lui. Jusqu'à présent. Raoul Navarro, El Brujo - surnom signifiant le chaman, le sorcier, l'adepte de la magie noire -, était oujours à l'oeuvre. Corliss en était sûr. La brûlure s'intensifia dans sa colonne vertébrale. Il devient plus féroce, plus hardi, plus téméraire, pensa-t-il. Ce qui pouvait signifier deux choses. Soit ce salaud était aux abois. Soit il se rapprochait. Dans un cas comme dans l'autre, c'était une mauvaise nouvelle. Ou peut-être... une possibilité. De se venger. Corliss aspirait à se venger depuis le jour où Raoul Navarro et ses hommes lui étaient tombés dessus. Les mains moites, tremblantes, il prit dans le tiroir de son bureau une petite fiole en plastique d'aspect nodin. Après un coup d'oeil furtif à la porte pour vérifier que personne ne pouvait le voir, il glissa deux pilules ans sa bouche et les avala, sans eau. Il n'avait pas besoin d'eau. Plus maintenant. Il prenait ces pilules depuis i longtemps. Pour l'heure, il n'avait aucune preuve qu'il s'agissait bien de Navarro, naturellement, et il n'avait pas l'intention d'exprimer ses soupçons. Il l'avait déjà fait, des années plus tôt, à propos de la prétendue mort du caïd, et il ne connaissait que trop les ragots qu'on échangeait derrière son dos autour du distributeur d'eau fraîche. Apparemment, ses collègues et ses supérieurs n'avaient pas de temps à perdre avec sa « fixation élirante » sur l'homme qui avait anéanti sa vie, l'homme qui lui avait pris ce qu'il avait de plus cher au monde. Il se fichait de ce qu'ils pensaient. Il savait qu'El Brujo était toujours là. Et comme à chaque instant de sa vie éveillée, de jour comme de nuit, ette simple pensée faisait naître une tornade au creux de son estomac. Il se tourna de nouveau vers l'écran muet, fixa d'un regard éteint les mêmes images en boucle et songea à la partie de l'événement à laquelle il était le plus sensible : la souffrance que ce raid laisserait derrière lui. Des veuves et des orphelins. Des parents, des enfants, des collègues qui ne sauraient probablement jamais ce qui était arrivé aux disparus. Des innocents dont la vie allait être changée à jamais. Il tendit la main vers son téléphone, appuya sur la touche d'un numéro préenregistré. Son agent numéro un répondit aussitôt : -- Tu es où ? lui demanda Corliss. -- A la marina, répondit l'homme. Rencard avec un indic. -- Je viens de lire des informations sur les scientifiques enlevés au centre de recherches... -- Ils se contrôlent plus, ces cabrones. -- Je ne crois pas qu'il s'agisse de n'importe quel cabrón. L'homme marqua une pause, clairement désarçonné, puis reprit : -- Tu penses que c'est lui ? -- J'en suis certain, affirma Corliss. Il se représenta le chef du cartel mexicain, ce qui provoqua un déluge d'images douloureuses difficiles à refouler. Ses doigts se resserrèrent sur le téléphone, en firent craquer la coque. -- Viens quand tu auras fini, dit-il enfin. J'ai réfléchi. Il y a peut-être un moyen de le coincer. -- Ça a l'air intéressant, répondit Jesse Munro. Je serai là dans une heure. Samedi

« La brûlure s’intensifia danssacolonne vertébrale. Il devient plusféroce, plushardi, plustéméraire, pensa-t-il. Ce qui pouvait signifier deuxchoses. Soit cesalaud étaitauxabois.

Soitilse rapprochait. Dans uncas comme dansl’autre, c’étaitunemauvaise nouvelle. Ou peut-être… unepossibilité. De sevenger. Corliss aspirait àse venger depuislejour oùRaoul Navarro etses hommes luiétaient tombés dessus. Les mains moites, tremblantes, ilprit dans letiroir deson bureau unepetite fioleenplastique d’aspect anodin.

Aprèsuncoup d’œilfurtifàla porte pourvérifier quepersonne nepouvait levoir, ilglissa deuxpilules dans sabouche etles avala, sanseau.Iln’avait pasbesoin d’eau.Plusmaintenant.

Ilprenait cespilules depuis si longtemps. Pour l’heure, iln’avait aucune preuvequ’ils’agissait biendeNavarro, naturellement, etiln’avait pas l’intention d’exprimer sessoupçons.

Ill’avait déjàfait,des années plustôt,àpropos delaprétendue mortdu caïd, etilne connaissait quetrop lesragots qu’onéchangeait derrièresondosautour dudistributeur d’eau fraîche.

Apparemment, sescollègues etses supérieurs n’avaientpasdetemps àperdre avecsa«fixation délirante »sur l’homme quiavait anéanti savie, l’homme quiluiavait priscequ’il avait deplus cher aumonde. Il se fichait decequ’ils pensaient. Il savait qu’ElBrujo étaittoujours là.Etcomme àchaque instantdesavie éveillée, dejour comme denuit, cette simple pensée faisaitnaîtreunetornade aucreux deson estomac. Il se tourna denouveau versl’écran muet,fixad’un regard éteintlesmêmes imagesenboucle etsongea à la partie del’événement àlaquelle ilétait leplus sensible :la souffrance queceraid laisserait derrièrelui.Des veuves etdes orphelins.

Desparents, desenfants, descollègues quinesauraient probablement jamaiscequi était arrivé auxdisparus.

Desinnocents dontlavie allait êtrechangée àjamais. Il tendit lamain verssontéléphone, appuyasurlatouche d’unnuméro préenregistré. Son agent numéro unrépondit aussitôt: — Tu esoù ?lui demanda Corliss. — Ala marina, répondit l’homme.

Rencardavecunindic. — Je viens delire des informations surlesscientifiques enlevésaucentre derecherches… — Ilsse contrôlent plus,ces cabrones . — Je ne crois pasqu’il s’agisse den’importe quel cabrón . L’homme marquaunepause, clairement désarçonné, puisreprit :— Tu penses quec’est lui? — J’en suiscertain, affirmaCorliss. Il se représenta lechef ducartel mexicain, cequi provoqua undéluge d’images douloureuses difficilesà refouler.

Sesdoigts seresserrèrent surletéléphone, enfirent craquer lacoque. — Viens quand tuauras fini,dit-il enfin.

J’airéfléchi.

Ilya peut-être unmoyen delecoincer. — Ça al’air intéressant, réponditJesseMunro.

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