Souvenez-vous, on l'a vu passer déjà lors du chapitre traitant de la bataille de Bouvines.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
10
Rachi
Un vigneron nomméSalomon
Avec lesrois etles batailles, onusait naguère d’unautre bonmoyen defaire entendre lesgrandeurs del’histoire
de France auxenfants desécoles : leculte desgrands hommes.
Surunplan pédagogique, ila ses vertus.
J’avoue
que, sij’étais instituteur, pourfairecomprendre àmes élèves larichesse etlacomplexité denotre Moyen Âge,je
ne manquerais certainement pasd’évoquer lavie d’un personnage remarquable ettrop peuconnu denos
contemporains : lerabbin Salomon, filsd’Isaac, « RabbiShlomo Its’haqi », celuiquepartradition onnedésigne
qu’en contractant cenom.
Celadonne Rachi.
Notre homme (néen1039 ou1040 etmort en1104 ou1105) vécutdanslabelle villedeTroyes, célèbre pourses
foires commerciales etsituée enChampagne.
CommetouslesChampenois, ilparlait undialecte français.
C’esten
partie danscette langue qu’ilécrivit uneœuvre considérable, descommentaires irremplaçables visantàexpliquer,
à mieux comprendre, undes grands livresdesareligion, leTalmud.
Parailleurs –la littérature, aujourd’hui comme
hier, adu mal ànourrir sonhomme –,ilavait unmétier trèsliéàsa Champagne natale :ilvivait duproduit deses
vignes.
Oui,sij’étais instituteur, jeserais content etfier d’apprendre àmes petits élèves queprès demille ans
avant leurnaissance, onpouvait croiseràTroyes, enChampagne, ungrand écrivain delangue française, juifet
vigneron.
Repères
– 797 :
IsaacleJuif envoyé parCharlemagne auprèsd’Haroun al-Rachid – v. 1040-1104 :
vieetmort deRachi – 1215 :
quatrième conciledeLatran, intensification delalutte contre leshérésies etmesures deségrégation contrelesJuifs – 1348-1349 :
GrandePeste ;massacre denombreux Juifs,accusés d’avoirempoisonné lespuits – 1394 :
expulsion desJuifs duroyaume deFrance
Pendant longtemps, dansleslivres d’histoire denotre pays,desJuifs, onneparlait pas.Ouplutôt, onfinissait par
en parler lorsqu’ils apparaissaient miraculeusement etfort tard, avecl’affaire Dreyfus.
Ilfallait attendre les
malheurs dupauvre capitaine accuséàtort d’avoir trahisonpays pour découvrir uneréalité presque jamais
évoquée danslereste desmanuels : ilyavait donc desJuifs enFrance.
Depuisquelques décennies, onavoulu
remédier àcet oubli, eton acommencé àparler desJuifs auMoyen Âgesous unautre angle : celuideleur
persécution.
Il ya de quoi dire, eneffet.
L’antijudaïsme estune réalité delachrétienté médiévale.
Unspécialiste duhaut Moyen
Âge comme BrunoDumézil faitremonter àDagobert unepremière grandetentative d’enfiniravec ceux qui
étaient alorslesderniers nonchrétiens delaGaule mérovingienne, enles forçant àla conversion.
Deson côté des
Alpes, leroi des Lombards, écritl’historien, lesforça àchoisir « entre leglaive etl’eau dubaptême » etleroi des
Wisigoths d’Espagne cherchaàles réduire enesclavage.
Tristepériode.
D’autres, piresencore, suivront.
Onaparlé, déjà,desviolences terriblescommises contrelesJuifs en1095, partout
où ont déboulé cesfoules fanatisées quipartaient àla première croisade.Délireeschatologique quifaisait croire
que lamort des« perfides » hâteraitleretour tantattendu duMessie ? Oufolie detroupes tellement désireuses
d’en finiravec les« infidèles » qu’ellessefirent lamain surlespremiers infortunés rencontrés enchemin ? On
discute toujours entrespécialistes pourconnaître lesraisons profondes decette hystérie collective.
Onest sûr que
des milliers degens enfurent lesvictimes, lesJuifs deRouen etsurtout ceuxdelavallée duRhin, deCologne, de
Mayence.
Bientôt, onimpute auxfilsd’Israël desforfaits imaginaires quetoute l’Europe chrétienne tiendrapouraussi vrais
que larésurrection duSeigneur etlebleu delarobe delaSainte Vierge : cesont lesaccusations de« crimes
rituels », cesrapts d’enfants dontlesJuifs serendraient coupablesauxalentours dePâques pourleurfaire subir
mille tortures, comme« ils »enont faitsubir auChrist, etpeut-être mêmelesmanger.
Lapremière accusation est
attestée àNorwich, enAngleterre, vers1150, etconcerne l’enlèvement d’uncertain petitGuillaume.
ÀPontoise,
un petit Richard auraitsubilemême sort,lesaccusations sontidentiques.
Onenretrouvera unpeu partout.
Lors desmassacres de1095, lesévêques souvent, lesseigneurs parfoisfontcequ’ils peuvent poursauver des
populations quisont deleurs villes etde leurs villages depuisdessiècles.
L’empereur Henri IVsignedestextes qui
permettent auxJuifs dereprendre leurreligion, caraucune conversion nesaurait êtrevalide quiaitété imposée
par laforce.
Aumilieu duxiie
, saint Bernard deClairvaux, aumoment desmassacres déclenchés audébut dela
deuxième croisade,cellequ’ilaprêchée lui-même, semet encolère : « Pourquoi tournervotrefureur contre les
Juifs ? Ilssont l’image vivante delapassion duseigneur. » End’autres termes,ilne s’agit pasd’aimer lesJuifs
puisqu’on saitqu’« ils » onttuéleChrist, maisc’estprécisément parcequ’ilssontlestémoins vivantsdececrime.
»
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