s'ornaient de vertes palmes, luttes commémoratives fidèles à la tradition
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
doute,
iln’y avait plustrace deces villes-fortins, parl’établissement desquellesons’assurait jadislapossession d’une
province etqui sont àl’origine detant devilles brésiliennes delacôte oudes fleuves : RiodeJaneiro, Vitoria,
Florianopolis danssonîle,Bahia etFortaleza surlecap ; Manaus, Obidosaubord del’Amazone ; ouencore VillaBella de
Mato Grosso dontlesruines périodiquement envahiesparlesIndiens Nambikwara subsistentprèsduGuaporé : jadis
garnison fameused’un capitão
demato – capitaine
delabrousse –àla frontière bolivienne, c’est-à-dire surlaligne
même quelepape Alexandre VIavait symboliquement tracéeen1493 àtravers leNouveau Mondeencoreinconnu, pour
départager lesconvoitises rivalesdelacouronne d’Espagne etde celle duPortugal.
Vers lenord etvers l’est, seremarquaient quelquesvillesminières aujourd’hui désertes,dontlesmonuments délabrés
– églises d’unflamboyant baroqueduXVIII esiècle –contrastaient parleur somptuosité avecladésolation environnante.
Bourdonnantes tantquelesmines étaient exploitées, maintenant léthargiques, ellessemblaient s’êtreacharnées à
retenir danschaque creuxetchaque plide leurs colonnades torses,deleurs frontons àvolutes etde leurs statues
drapées, desparcelles decette richesse quiengendra leurruine : l’exploitation dusous-sol sepayait auprix dela
dévastation delacampagne, surtoutdesforêts dontlebois alimentait lesfonderies.
Lescités minières sesont éteintes
sur place, aprèsavoirépuisé leursubstance, commel’incendie.
L’État deSão Paulo évoque aussid’autres événements : lalutte qui,dèsleXVI esiècle, opposa lesjésuites etles
planteurs, chacundéfendant uneautre forme depeuplement.
Aveclesréductions, lespremiers voulaient arracherles
Indiens àla vie sauvage etles grouper sousleurdirection dansungenre devie communal.
Danscertaines régions
reculées del’État, onreconnaît cespremiers villagesbrésiliens àleur nom d ’aldeia ou
de missão, et
mieux encore àleur
plan ample etfonctionnel : égliseaucentre, commandant uneplace rectangulaire deterre battue envahie parl’herbe, le
largo
damatriz, et
entourée derues secoupant àangle droit, bordées demaisons bassesremplaçant leshuttes
indigènes d’autrefois.
Lesplanteurs, fazendeiros, jalousaient
lepouvoir temporel desmissions quifreinait leursexactions
et les privait ausside main-d’œuvre servile.Ilslançaient desexpéditions punitivesàla suite desquelles prêtresetIndiens
se débandaient.
Ainsis’explique cetrait singulier deladémographie brésiliennequelavie devillage, héritière des
aldeias ,
se soit maintenue danslesrégions lesplus pauvres, tandisqu’ailleurs, làoù une terre richeétaitâprement
convoitée, lapopulation n’avaitd’autre choixquedesegrouper autourdelamaison dumaître, danslescahutes depaille
ou detorchis toutessemblables, oùlepropriétaire pouvaitgarderl’œilsurlescolons.
Aujourd’hui encore,lelong de
certaines lignesdechemin defer où, enl’absence devie communale, lesconstructeurs sontréduits àétablir
arbitrairement desstations àdistance régulière, lesnommant parordre alphabétique : Buarquina,Félicidade,Limào,
Marilia (vers1935, lacompagnie Paulista en
était àla lettre P)ilarrive que,surdes centaines dekilomètres, letrain ne
s’arrête qu’àdes« clés » : haltesdesservant une fazenda qui
rassemble toutelapopulation : ChaveBananal, Chave
Conceiçâo, ChaveElisa…
Dans certains cas,aucontraire, lesplanteurs décidaient, pourdesraisons religieuses, defaire abandon deterre àune
paroisse.
Ainsinaissait un património, agglomération
placéesousl’invocation d’unsaint.
D’autres patrimoines ontun
caractère laïc,quand unpropriétaire décidaitdesefaire povoador, populateur
etmême plantador
decidade : planteur,
mais deville.
Ilbaptisait alorssaville deson nom : Paulopolis, Orlandia ;ou,par calcul politique, illa plaçait sousle
patronage d’unpersonnage célèbre :Presidente-Prudente, Comelio-Procopio,Epitacio-Pessoa…Carmême danslecycle
de vie sibref quiétait leleur, lesagglomérations trouvaientencorelemoyen dechanger plusieurs foisdenom, chacune
de ces étapes étantégalement révélatrice deleur devenir.
Audébut, unsimple lieu-dit repéréparunsobriquet ; soità
cause d’une petite culture aumilieu delabrousse : Batatais, Pommes-de-terre ;
soitenraison d’unecarence de
combustible pourchauffer lagamelle dansunsite désolé : Feijào-Cru, Haricot-cru ;
soitenfin parce quelesprovisions
manquent enatteignant uneétape lointaine, quidevient : Arroz-sem-Sal, Riz-sans-sel.
Puisunjour, surquelques milliers
d’hectares reçusenconcession, un« colonel » –titre libéralement distribuéauxgros propriétaires etaux agents
politiques –cherche àse bâtir uneinfluence ; ilrecrute, ilembauche, ilrabat unepopulation flottante,etFeijào-Cru se
change enLeopoldina, Fernandópolis.
Plustard, lacité née ducaprice etde l’ambition s’étioleetdisparaît : iln’en reste
que lenom dequelques masuresoùs’éteint unepopulation minéeparlamalaria etl’ankylostomiase.
Oubien laville
prend ; elleacquiert uneconscience collective,veutoublier qu’ellefutlejouet etl’instrument d’unhomme : une
population fraîchement émigréed’Italie,d’Allemagne etd’une demi-douzaine d’autresprovenances, sesent unbesoin de
racines, etva chercher danslesdictionnaires leséléments d’unnom indigène, généralement tupi,quilapare àses yeux
d’un prestige précolombien : Tanabi,Votupuranga, TupáoouAymoré…
Mortes, lesbourgades fluvialestuéesparlechemin defer, mais dont subsistent, çàetlà, les vestiges illustrant uncycle
avorté : audébut, auberge ethangars surlarive, pour permettre auxpiroguiers depasser lanuit àl’abri desembûches
indiennes ; puis,aveclapetite navigation àvapeur, les portos
delenha où,
tous lestrente kilomètres environ,les
bateaux àaubes etàcheminée grêles’arrêtaient pourfairedubois ; enfin, lesports fluviaux auxdeux extrémités du
tronçon navigable, et–aux endroits rendusinfranchissables pardes rapides oudes chutes –les centres de
transbordement.
En 1935, deuxtypes devilles conservaient unaspect traditionnel toutenrestant vivantes.
C’étaient les pousos,
villages
decarrefour, etles bocas
desertão, « bouches
delabrousse », àl’aboutissement despistes.
Déjàlecamion.
»
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