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SARTRE (Jean-Paul)

Publié le 02/04/2015

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SARTRE (Jean-Paul)

Né en 1905, il a commencé une carrière de philosophe universitaire en entrant à l'École normale supérieure et en passant l'agrégation. Il s'est d'abord intéressé à la psychologie phénoménologique (L'Imagi­nation, 1936, La Transcendance de l'Ego, 1938, Esquisse d'une théorie des émotions, 1939, L'Imaginaire, 1940), et est à ce titre l'un des principaux introducteurs de Husserl en France. La phénoménologie devait le conduire à une certaine conception de l'homme, dont il donne d'abord une formulation littéraire (La Nausée date de 1938, Le Mur de 1939), puis philosophique : L'Être et le néant, Essai d'ontologie phénoménologique, 1943. Cette conception d'une huma­nité embarquée dans un monde qu'elle n'a pas choisi, mais toujours responsable parce que de part en part libre (1), devait être popu­larisée sous le nom d'existentialisme par des pièces de théâtre, des romans et des textes de vulgarisation : L'Existentialisme est un huma­nisme, 1946, Réflexion sur la question juive, 1947. L'existentialisme appelle un engagement politique, et finalement l'élaboration au moins programmatique de nouvelles sciences humaines.

En 1944, Sartre quitte l'enseignement pour diriger la revue des Temps Modernes, où il entreprend de lutter contre toutes les formes d'aliénation. De nombreux essais critiques et politiques témoignent de cet effort, et sont repris dans les divers volumes de Situations ; mais surtout Sartre entreprend de définir une approche de l'homme en tant qu'individu et liberté, qu'il met en oeuvre dans des essais de critique littéraire existentielle (Baudelaire, 1947, Saint-Genêt, comédien 'et martyr, 1952), et dans l'exposé méthodologique que constitue La Critique de la raison dialectique, 1960. Suit alors un

long silence occupé par des activités politiques, la participation au tribunal Russell et ponctué par fe refus du prix Nobel. Les évé‑

nements de Mai 68 où le style des interventions correspond à ses conceptions de la spontanéité humaine, l'engagent dans des actions

politiques d'éclat ; la parution de son Flaubert (L'idiot de /a famille, 1971, 1972, 1973) déploie un modèle complet d'interprétation

existentielle. Sartre est mort en 1980.

De la psychologie phénoménologique et de l'existen­tialisme littéraire à l'ontologie phénoménologique et à la critique de la raison dialectique, l'oeuvre philosophique de Sartre, qui se renie et se corrige sans cesse, conserve une unité certaine : produire une approche de l'homme comme sujet, c'est-à-dire comme conscience et comme liberté (2). La phénoménologie donne une définition de la conscience trop étroite, qui n'arrive pas à intégrer les phénomènes que thématisent la sociologie ou la psychanalyse. Dans L'Étre et le néant, Sartre en produit une autre : la conscience est l'Eire connaissant en tant qu'il est, non en tant qu'il est connu, elle est autre chose qu'une connaissance retournée sur soi. Face à la psychanalyse qui postule un inconscient inacces­sible au sujet, la psychanalyse existentielle soutient que le fait psychique coextensif à la conscience correspond toujours au. choix du sujet même s'il ne lui est pas connu.

La place de la conscience dans la nature est un mystère : dans la Critique de la raison dialectique, Sartre abandonne l'ontologie. La subjectivité se définit par trois points :

1 — La conscience est ce qu'il est nécessaire de supposer pour rendre compte de l'homme et de ses oeuvres. Cette fonction ne peut être ressaisie dans le domaine objectif ; le subjectif est un moment nécessaire dans la constitution de tout processus objectif où l'homme agit et qui devient de ce fait une praxis.

2 — Elle est négativité, dépassement : On ne peut expliquer le passage entre deux états subjectifs que par la conservation de l'un dans sa négation. La subjectivité est l'arrachement de soi à tout l'Être.

3 — Elle est « pour soi « : spontanéité créatrice de ses propres normes, elle est position totalisante du donné, mais cette position est de plus auto-position. Echappant à l'objec­tivité, non donné mais posé par soi (causa sui), le pour soi est aussi pour autrui. Le corps met en cause cette intériorité absolue. Autrui, m'objective par mon corps. Il est cependant le médiateur indispensable entre moi (objet) et moi-même (sujet).

1. L'homme pour Sartre n'est pas défini et déterminé par une

essence abstraite, il est désigné comme l'originalite d'une existence, d'une liberté.

2.   L'élaboration de cette conception a fortement influencé l'antipsychiatrie anglaise : R.D. Laing, et D.G. Cooper explicitent l'origine sartrienne de leurs thèses dans Raison et violence, 1964.

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