royaume vieux de plusieurs siècles.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
tout
oppose lesdeux hommes.
Charlesestlettré etfin, mais aussi impulsif etcolérique, et,comme sonpère, ilest
l’homme delasplendeur bourguignonne, portantbeau,menant grandtrain.Faceàlui, notre roideFrance ades
airs decousin deprovince.
Ilest toujours malvêtu, monte demauvais chevaux, détestelaCour etl’apparat,
n’hésite pasàdormir dansdevilaines auberges quandilvisite sonroyaume, suivitoutauplus desdeux outrois
compagnons quiforment saseule escorte.
Biendeschoses aussilesrapprochent.
Nousnesommes pas,ici,dans
une deces guerres entreétrangers, commeonenverra auxixe
siècle ouau xxe
.
Les deux hommes sontparents,
ils se connaissent bienetdepuis longtemps.
Louis,danssajeunesse, détestaittantsonpère, atant comploté
contre lui,tant suscité derévoltes pourtenter deluiravir sontrône qu’ilamême étécontraint, pourfuirlacolère
du roi, desesauver loinduDauphiné dontilétait leseigneur.
C’estPhilippe leBon quiluiaoffert l’asile, prèsde
Bruxelles : ilydemeura desannées, jusqu’àlamort duroi son père, observant àloisir cette courdeBourgogne qui
le fascinait autantqu’illajalousait.
Charles VII, connaissant sonfilsmieux quepersonne, avaitdit,d’une formule
restée célèbre : « MoncousindeBourgogne nourritlerenard quiluimangera sespoules. »
Il lui faudra quelques annéespouryparvenir.
Dèsledébut durègne deLouis, levent mauvais desretournements
d’alliances seremet àsouffler.
Lenouveau roidoit déjà faire faceàune fronde desgrands duroyaume, réunisdans
« la ligue duBien public », dirigéeparlepropre filsdeson prétendu protecteur d’hier :celuiquines’appelle
encore quelecomte deCharolais, notreCharles, futurTéméraire.
Gardons-en quelquesimages :cellede
l’incroyable entrevuedePéronne (1468),parexemple.
Louis XIserend enPicardie, danslechâteau deson cousin
devenu duc,pour négocier lapaix.
Celui-ci apprend lejour même quedesémissaires duroi deFrance sontentrain
de fomenter unesédition àLiège, villequ’il convoite.
Hystérique, furieux,leTéméraire veutsevenger decette
fourberie entuant leroi deses propres mains.Ilse retient maistraîne leperfide jusqu’à Liège.Pourluimontrer qui
est lemaître, ilfait brûler lapauvre villeetfait massacrer devantluises habitants quiosaient croireenson
alliance.
Puisillui soutire d’énormes concessions territorialespourluietses amis, lesautres princes frondeurs.
Louis, penaud, craintif,réussitàs’échapper desgriffes dufurieux enfaisant touteslespromesses, et,sitôt rentré
en sûreté àParis, n’entient aucune etrelance deplus belle plans etmanigances pourvenir àbout durival détesté.
Ce jeu dedupes, decolères, deretournements dureradixans.
Bien d’autres pionsapparaissent surl’échiquier.
Pour mener àterme lajonction entresesÉtats, Charles mènelaguerre àl’est, ilcombat lesSuisses, qu’ondit
payés parLouis XI, etqui luiinfligent desdéfaites cuisantes.
Ledieu desarmes n’estplusavec leBourguignon.
Il
s’entête, affrontemaintenant unautre alliéduroi deFrance, leduc deLorraine, etmeurt finalement en1477,
devant Nancyqu’ilassiège.
Ilfaudra plusieurs jourspourretrouver soncorps, nuetgelé, àmoitié dévoré parles
loups.
Splendeurs etdéchéance delapuissance humaine.Legrand Michelet tireradelascène despages riches en
frissons.
Louis XIentire legros lot.Laseule héritière deCharles leTéméraire estMarie deBourgogne, unefille
bien jeunette.
Leroi perfide enprofite pourconfisquer lesterres qu’ilestime desasuzeraineté, laBourgogne, la
Picardie, leBoulonnais.
L’histoire nes’arrête jamais.Parcegeste même, Louisvientdesemer lesgraines d’unautre conflit quin’est pas
près definir.
Parcrainte d’uneFrance sibrutale, MariedeBourgogne irachercher unmari quil’en protège : elle
épouse unprince d’Empire, Maximilien d’Autriche.Celafaitnaître unenouvelle rivalitéquidéchirera l’Europe
pendant dessiècles, cellequioppose lamaison deFrance etlafamille deMaximilien, lesHabsbourg.
Mais lechapitre ouvertparPhilippe leHardi centansplus tôtest clos.
Aucun nouvel Étatneverra lejour entre la
France etleSaint Empire, nuln’assistera àla résurrection del’ancienne Lotharingie, ceroyaume médianissude
l’empire deCharlemagne, commel’avaitimaginé CharlesleTéméraire.
Tousleshistoriens, àraison, enterrent
cette espérance, etlefont avec uneformule consacrée, onlaretrouve danstousleslivres : c’estlafin du« rêve
bourguignon ».
Les choses auraient-elles putourner autrement ? AvecunCharles unpeu moins fanfaron quiseserait gardé d’aller
mourir bêtement devantNancyetun Louis moins habile aujeu des alliances, laBourgogne aurait-elleréussison
coup ? LaFrance vivrait-elle aujourd’hui àcôté decegrand paystoutenlongueur quiirait deLyon àla mer du
Nord etlaséparerait del’Allemagne ? Ilest toujours tropfacile outrop difficile deremonter autrement lefilm des
faits.
Onpeut remarquer toutefoisquelaplupart deslivres français leprésentent avecunepointe àpeine cachée
de soulagement.
Ilest vrai que pour notre histoire,
cetÉtat bourguignon avaitungrand défaut : ilse serait bâti,
pour partie aumoins, audétriment de notre pays,
ilaurait étéconstitué deprovinces quisont naturellement
les
nôtres comme laBourgogne, précisément.
Voilàentout casceque chaque Français adans latête, voilà ceque
quelques sièclesdeconstruction nationaleyont mis : essayons doncmaintenant d’interroger cettecertitude.
Comment
seconstitue unroyaume Louis XI
est,pour lefaire, leroi idéal.
Ilest toujours aimédeshistoriens français,écrivions-nous, carilest undes
souverains quiont leplus agrandi leroyaume.
Ilne s’embarrassait pastoujours demorale pourparvenir àses fins :.
»
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