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Régime, est devenu républicain sous la Convention.

Publié le 06/01/2014

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Régime, est devenu républicain sous la Convention. Il mène désormais grand train, passe pour organiser des orgies fastueuses avec l'argent de toutes les corruptions. Les corrupteurs n'en manquent pas, qui amassent de leur côté des fortunes immenses en trempant dans tous les trafics liés à l'approvisionnement des armées. Car les armées font merveille. Le pauvre Robespierre pensait que seule la vertu pouvait conduire au salut de la patrie. Le Directoire prouve le contraire. Le régime passe pour un des plus vénaux de l'histoire, rarement le pays a connu autant de victoires. Le péril n'est plus aux frontières, et à force de repousser l'ennemi, les soldats réussissent à bâtir autour de la patrie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, une ceinture de « républiques soeurs ». De nombreux généraux, les Jourdan, les Hoche, connaissent alors la gloire qui leur vaut d'avoir laissé leur nom à des places et des lycées. Le plus fameux est un jeune officier d'origine corse. Il a brillé au siège de Toulon, au temps de la Terreur. Ses sympathies robespierristes lui ont valu un court emprisonnement sous Thermidor. Mais Barras connaît ses qualités militaires et l'envoie en Italie combattre les Autrichiens. Il y révèle les qualités qui feront sa légende : un sens de la stratégie hors pair qui anéantit l'ennemi ; une ambition démesurée qui le fait se comporter en véritable vice-roi de tous les territoires qu'il conquiert et un sens de sa propre propagande tout aussi exceptionnel. En une campagne (1796-1797), Napoléon Bonaparte est devenu le plus populaire des militaires français. La période mérite-t-elle mieux que le mépris dont on l'accable en général ? De nombreux historiens, aujourd'hui, trouvent le jugement injuste. La Convention thermidorienne et le Directoire ne se sont pas contentés de mettre un frein à la Révolution, ils l'ont continuée de bien des manières. C'est à eux que l'on doit par exemple la création de l'Institut de France ; la première école normale - faite pour enseigner l'art d'enseigner - ; la création de l'Institut des langues orientales ; du Conservatoire des arts et métiers ou la première séparation des Églises et de l'État. Le principal reproche qu'on ne peut manquer toutefois d'adresser à ce régime, c'est d'avoir été incapable de se maintenir. On l'a vu, par sa nature même il était instable et parfaitement ingouvernable. Du coup, il passe son temps à lutter contre tous ceux qui veulent l'abattre. Un jour (5 octobre 1795, ce qu'on appelle « journée de Vendémiaire »), il faut faire tirer au canon contre des royalistes (et c'est déjà le jeune Bonaparte qui dirige le feu). Un autre (en 1796), il faut frapper à gauche en stoppant la « conjuration des Égaux » de Gracchus Babeuf qui rêvait d'abolir la propriété et d'établir l'égalité absolue entre les hommes. À force, l'idée se fait jour dans plusieurs têtes de mettre en place un pouvoir fort. « Je cherche une épée », dit Sieyès, l'âme du complot. Plusieurs noms reviennent. Un certain général Joubert a les faveurs de beaucoup, mais il est tué au combat de Novi en Italie. Pourquoi pas ce Bonaparte ? Après l'Italie, on l'a envoyé en Égypte pour y établir une belle colonie qui coupe la route des Indes aux Anglais. Militairement, l'opération a été désastreuse. Sitôt à l'ancre, la flotte a été coulée par l'amiral Nelson à Aboukir. Mais le général a le sens de l'organisation, des grands mots - « du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent » - et de la communication : des savants, des écrivains composent sa suite pour donner du prestige à l'expédition. Flairant qu'il y avait à faire à Paris, Bonaparte a laissé l'armée rôtir dans les sables du désert et s'en est revenu. Retour triomphal, délire d'amour populaire, illumination dans les villages où il passe. Décidément, l'épée s'impose. Les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), le Directoire connaît un ultime coup d'État qui manque de rater et réussit quand même grâce à l'intervention de la troupe et à un homme bien placé : Lucien Bonaparte, un des frères du général, qui est président d'une des chambres. Le pays connaîtra un nouveau système : le Consulat, dirigé en principe par trois consuls. Un seul comptera : Bonaparte. Première proclamation officielle du nouveau régime, au mois de décembre 1799, lors de la mise en place de la Constitution : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée, elle est finie. » 31 La Révolution Quel bilan ? Quel avenir ? Elle a inventé la nation, et cela a pu déboucher sur le nationalisme. Elle a proclamé les droits de l'homme, et on ne peut s'empêcher de l'associer à la guillotine. Elle a ouvert la voie à la démocratie, et a fini par accoucher de l'Empire. On vient de le voir, il n'est pas facile de s'y retrouver dans le récit de la Révolution française. En penser la cohérence non plus. Le problème n'est pas nouveau. Dès la fin de la période révolutionnaire s'ouvre une autre querelle, celle de son interprétation. Pour Michelet, et la gauche de la première moitié du xixe siècle, la Révolution française est une heure bénie de l'histoire puisqu'elle voit enfin le triomphe du vrai héros, « le peuple » - même si, on le sait, « le peuple » est un héros très flou dont personne n'a jamais réussi à déterminer l'identité. Pour la droite catholique de la même époque, elle est maudite dans son essence, pour avoir osé ébranler les bases saines d'une société d'ordres, Dieu, le roi, l'Église. Lamartine, le romantique au grand coeur, exalte les Girondins, dont il écrit l'histoire. À la fin de ce même siècle, les grands historiens socialistes n'en tiennent que pour Robespierre, précurseur d'un idéal de société égalitaire. Pour les contrer, leurs rivaux radicaux-socialistes célèbrent Danton, son rival et sa victime, Danton qui désapprouva la violence, et dont on répète les nobles envolées : « mieux vaut cent fois être guillotiné que guillotineur », « après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple ». En janvier 1891, lors d'un débat parlementaire exalté pour savoir s'il faut ou non interdire à la Comédie-Française de jouer une pièce antirobespierriste parfaitement oubliée aujourd'hui (Thermidor, de Victorien Sardou), Clemenceau croit en terminer en assommant ses adversaires de sa formule choc : « La Révolution française est un bloc ! » Le trait se veut définitif. Il n'en finit avec rien, les polémiques reprendront à la première occasion et chaque camp continuera à fissurer le « bloc » comme il en a toujours été. Mythologie révolutionnaire Durant les deux siècles qui l'ont suivie, la passion autour de la Révolution a été tumultueuse. De nos jours, sans aucun doute, la Seconde Guerre mondiale a pris cette place d'événement historique fondateur de notre mythologie politique : Vichy contre la Résistance, collabo contre armée de l'ombre et « les pires heures de notre histoire », formule convenue ressassée à propos de tout et n'importe quoi. C'est désormais entre 1940 et 1945 que se tient le noeud névrotique de la mémoire nationale. Pendant les cent cinquante ans qui précédèrent, 1789 et 1793 jouèrent ce rôle. Dans la vie politique française, au moins jusqu'à la première moitié du xxe siècle, c'est dans la mythologie révolutionnaire que l'on va piocher les références que l'on s'envoie à la figure. « Terroriste ! » était un mot courant qui ne désignait alors ni un islamiste barbu ni un indépendantiste basque poseur de bombes, mais un partisan des Montagnards. « Septembriseur ! » était une insulte que tout le monde comprenait : elle désignait les auteurs des massacres de septembre 1792 dans les prisons parisiennes. L'historiographie est à l'avenant. Peu de périodes ont été aussi décortiquées, tant coupées en petits morceaux que l'on oppose les uns aux autres, peu ont suscité autant d'interprétations aussi divergentes. Sur le plan universitaire, une des grandes batailles du xxe siècle a eu lieu dans les années 1960 quand l'historien François Furet et quelques-uns de ses proches (comme Denis Richet ou Mona Ozouf) ont décidé de rompre avec la domination communiste sur l'histoire de la Révolution et de jeter à terre le « catéchisme » sectaire qui, selon eux, lui servait de grille de lecture. Pour les marxistes, 1789 est une « révolution bourgeoise » qui invente des « libertés formelles », cette poudre aux yeux qui n'a d'autre intérêt que de permettre à la bourgeoisie de détrôner l'aristocratie et d'asseoir le système qui lui convient, le capitalisme. 1793 et la Terreur, en donnant le pouvoir aux sans-culottes, préfigurent la seule révolution qui compte, puisqu'elle est censée avoir apporté aux hommes la paix et le socialisme, la révolution russe de 1917. François Furet passera une partie de sa vie d'universitaire à démonter patiemment cette thèse : pour lui, grâce à des élites éclairées, 1789 nous a apporté des libertés indispensables, et la Terreur est un dérapage sinistre. Aujourd'hui, les derniers admirateurs de la révolution russe ont du plomb dans l'aile, les thèses de Furet dominent, et, selon le jeu de balancement le plus classique dans l'histoire de la pensée, ce sont celles-là, considérées comme trop libérales, que de jeunes historiens cherchent à remettre en cause. De son côté, le vieux courant contre-révolutionnaire n'a pas désarmé. On l'a vu refleurir à la fin de ce même xxe siècle, au moment où les célébrations de son bicentenaire replaçaient 1789 sous les feux de l'actualité, derrière un autre grand historien comme Pierre Chaunu et quelques polémistes, liés au courant de la droite catholique. Bien sûr, l'arsenal idéologique de ce camp s'était alors considérablement modernisé. Aucun de ses penseurs n'aurait eu l'idée de voir dans la Révolution le résultat d'un « complot maçonnique » inspiré par Satan, comme le faisaient leurs aînés au xixe siècle, en suivant la thèse alors très populaire d'un auteur jésuite, l'abbé Barruel. Le raisonnement qu'ils utilisent recoupe celui dont ils se servent contre les Lumières, et dont nous avons parlé déjà. Il prétend juger la Révolution non pas tant au nom de ce qu'elle a détruit (la monarchie, la société d'ordres, etc.) qu'au nom de l'avenir funeste qu'elle aurait annoncé : les grands totalitarismes du xxe siècle. En gros, Robespierre a enfanté Hitler, Staline et Pol Pot, et la Révolution française est mère des révolutions qui ont suivi, la russe, la chinoise. Ne méprisons pas cet argumentaire, utilisons-le, il nous permettra quelques précisions d'importance. Contrer les contre-révolutionnaires Comme l'URSS, comme les fascistes, disent nos pamphlétaires, la Révolution n'a-t-elle pas voulu faire table rase du passé et créer un homme nouveau ? Songez aux horreurs du « vandalisme révolutionnaire », ajoutent-ils, songez à la rage des destructions d'églises et de monuments. Ces faits sont indiscutables. En quoi doivent-ils nous pousser à faire un parallèle avec ce qui a suivi, plutôt qu'avec ce qui a précédé ? La Révolution a-t-elle été le premier régime à vouloir régénérer l'humanité ? Allons ! Les grands monothéismes n'y ont-ils pas prétendu longtemps avant elle ? En voulant transformer les églises en temples de la raison, en voulant donner un nouveau sens à la vie humaine, la fin du xviiie siècle n'a jamais fait que répéter ce que le christianisme a fait à ses débuts (ou ailleurs l'islam) en saccageant les temples existant auparavant pour remplacer les anciennes divinités par un dieu nouveau, décrété unique. On peut se moquer du calendrier républicain, officiel en France à partir du « 14 vendémiaire an II » (c'est-à-dire le 5 octobre 1793) qui prétendait commencer une ère nouvelle au premier jour de la République (22 septembre 1792). En quoi est-ce plus ridicule que d'imposer aux innombrables non-chrétiens de la planète un calendrier qui débute à la naissance de Jésus ? Mais les massacres au nom du Bien, de la Vertu, du Progrès humain ?, continuaient les amis de Chaunu. Comment ne pas les rapprocher de ceux du xxe ? Certains intellectuels utilisaient particulièrement, pour ce faire, l'exemple des guerres de Vendée, rebaptisées par l'un des leurs le « génocide franco-français ». On voit l'importance du mot. Il posait l'événement comme une sorte de sinistre répétition de ceux opérés plus tard par Hitler ou Pol Pot. Une chose est certaine : au moins cette polémique a-t-elle servi à pousser de grands historiens à étudier de près un aspect atroce de notre histoire qui - pourquoi le nier ? - était minimisé jusque-là. Ainsi les travaux très précis de l'universitaire Jean-Clément Martin sur tous les soulèvements de l'Ouest. Ils aident, faits à l'appui, à démonter la thèse soutenue. Les horreurs furent réelles. On a parlé dans le chapitre précédent des épouvantables noyades commises par Carrier à Nantes, ou des « colonnes infernales » du général Turreau. Au total, selon Martin, on peut estimer à plus de 200 000 le nombre des victimes de la répression républicaine, chiffre insupportable. En quoi cela permet-il à quiconque d'y voir à l'oeuvre la même machine de mort que celle qui conduisit à Auschwitz ? Nul Jacobin, même le plus sanglant, n'a voulu alors anéantir une population particulière sur la seule base d'une « ethnie », comme les nazis cherchèrent à le faire avec les Juifs ou les Tziganes dont ils prétendaient qu'ils formaient des « races ». Dans les années qui ont suivi 1793, on s'est battu bleus contre blancs, c'est-à-dire républicains contre monarchistes. Certains Vendéens étaient bleus, et si la Convention a effectivement donné des ordres affreux de saccage total de la région, considérée comme un nid d'ennemis de la Révolution, si elle a pu demander qu'on n'épargne pas les populations civiles, elle n'a jamais ordonné qu'on aille traquer les Vendéens à Marseille ou à Dunkerque pour leur appliquer une « solution finale », comme les nationaux-socialistes le firent avec les Juifs dans tous les pays qu'ils occupaient. Et la Terreur ?, diront alors nos polémistes. Et ces charretées envoyées à la guillotine au nom de la Raison ne forment-elles pas l'avant-garde des cortèges horribles qu'on envoya au goulag ou dans les camps chinois au nom du socialisme ? Une fois encore, il ne faut nier ni les faits ni les contradictions qu'ils portent. Le même Saint-Just pouvait prononcer des phrases admirables de joie et d'espérance, comme sa formule fameuse : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », et se montrer dans les actes un pourvoyeur de la grande machine sanglante mise en place sous le gouvernement de ses amis. Une telle schizophrénie doit nous interroger. La Terreur a fait 20 000 morts « officiels », sans doute des centaines de milliers dans la réalité. N'aurait-elle d'ailleurs envoyé qu'un seul homme à la guillotine pour le punir de penser mal, c'était encore un de trop. Pourtant, y voir à l'oeuvre la première matrice du totalitarisme nous semble anachronique et faux. Le totalitarisme, comme l'indique ce nom lui-même, vise à étouffer l'individu dans un système posé comme un tout, dans un système fermé sur lui-même, un système fait pour que nul ne puisse y échapper. Dans sa nature même, la dictature de 1793-1794 est très différente pour une raison simple : elle finit abattue par le même régime que celui qui l'avait mise en place. On oublie trop ce fait pourtant essentiel. Robespierre, aidé, il est vrai, par un coup de force (celui du 2 juin 1793, qui permit l'arrestation des Girondins), règne au nom de la Convention. C'est cette même Convention qui, le 9 thermidor, vote sa chute, décide de mettre fin à la Terreur et de châtier certains de ceux qui en furent les instigateurs. Trop peu, sans doute. Nombre de terroristes passent entre les mailles du filet. Certains, pis encore, feront d'admirables carrières sous tous les régimes suivants, comme l'exécrable Fouché, Jacobin forcené qui deviendra un serviteur zélé de l'Empire, avant de revirer de bord pour

« 31 La Révolution Quel bilan ? Quelavenir ? Elle ainventé lanation, etcela apu déboucher surlenationalisme.

Elleaproclamé lesdroits del’homme, eton ne peut s’empêcher del’associer àla guillotine.

Elleaouvert lavoie àla démocratie, etafini par accoucher de l’Empire.

Onvient delevoir, iln’est pasfacile des’y retrouver danslerécit delaRévolution française.Enpenser la cohérence nonplus.

Leproblème n’estpasnouveau.

Dèslafin delapériode révolutionnaire s’ouvreuneautre querelle, celledeson interprétation. Pour Michelet, etlagauche delapremière moitiéduxixe  siècle, laRévolution françaiseestune heure béniede l’histoire puisqu’elle voitenfin letriomphe duvrai héros, « lepeuple » –même si,on lesait, « lepeuple » estun héros trèsflou dont personne n’ajamais réussiàdéterminer l’identité.Pourladroite catholique delamême époque, elleestmaudite danssonessence, pouravoir oséébranler lesbases saines d’unesociété d’ordres, Dieu, le roi, l’Église.

Lamartine, leromantique augrand cœur, exalte lesGirondins, dontilécrit l’histoire.

Àla fin dece même siècle,lesgrands historiens socialistes n’entiennent quepour Robespierre, précurseurd’unidéal desociété égalitaire.

Pourlescontrer, leursrivaux radicaux-socialistes célèbrentDanton,sonrival etsa victime, Dantonqui désapprouva laviolence, etdont onrépète lesnobles envolées : « mieuxvautcentfoisêtre guillotiné que guillotineur », « aprèslepain, l’éducation estlepremier besoindupeuple ».

Enjanvier 1891, lorsd’un débat parlementaire exaltépoursavoir s’ilfaut ounon interdire àla Comédie-Française dejouer unepièce antirobespierriste parfaitementoubliéeaujourd’hui ( Thermidor , de Victorien Sardou),Clemenceau croiten terminer enassommant sesadversaires desaformule choc :« LaRévolution françaiseestunbloc ! » Letrait se veut définitif.

Iln’en finitavec rien,lespolémiques reprendront àla première occasionetchaque campcontinuera à fissurer le« bloc » commeilen atoujours été.

Mythologie révolutionnaire Durant lesdeux siècles quil’ont suivie, lapassion autourdelaRévolution aété tumultueuse.

Denos jours, sans aucun doute, laSeconde Guerremondiale apris cette place d’événement historiquefondateurdenotre mythologie politique :Vichycontre laRésistance, collabocontrearméedel’ombre et« les pires heures denotre histoire », formuleconvenue ressasséeàpropos detout etn’importe quoi.C’estdésormais entre 1940 et 1945 que setient lenœud névrotique delamémoire nationale.

Pendantlescent cinquante ansquiprécédèrent, 1789et 1793 jouèrent cerôle.

Dans lavie politique française, aumoins jusqu’à lapremière moitiéduxxe  siècle, c’estdans la mythologie révolutionnaire quel’onvapiocher lesréférences quel’ons’envoie àla figure.

« Terroriste ! » était un mot courant quinedésignait alorsniun islamiste barbuniun indépendantiste basqueposeurdebombes, mais un partisan desMontagnards.

« Septembriseur ! » étaituneinsulte quetout lemonde comprenait : elledésignait les auteurs desmassacres deseptembre 1792 danslesprisons parisiennes.

L’historiographie estàl’avenant.

Peu de périodes ontétéaussi décortiquées, tantcoupées enpetits morceaux quel’onoppose lesuns auxautres, peu ont suscité autantd’interprétations aussidivergentes.

Surleplan universitaire, unedesgrandes batailles du xx e  siècle aeu lieu dans lesannées 1960quand l’historien FrançoisFuretetquelques-uns deses proches (comme Denis Richet ouMona Ozouf) ontdécidé derompre avecladomination communiste surl’histoire delaRévolution et de jeter àterre le« catéchisme » sectairequi,selon eux,luiservait degrille delecture.

Pourlesmarxistes, 1789 est une « révolution bourgeoise » quiinvente des« libertés formelles », cettepoudre auxyeux quin’ad’autre intérêt quedepermettre àla bourgeoisie dedétrôner l’aristocratie etd’asseoir lesystème quiluiconvient, le capitalisme.

1793etlaTerreur, endonnant lepouvoir auxsans-culottes, préfigurentlaseule révolution qui compte, puisqu’elle estcensée avoirapporté auxhommes lapaix etlesocialisme, larévolution russede1917. François Furetpassera unepartie desavie d’universitaire àdémonter patiemment cettethèse : pourlui,grâce à des élites éclairées, 1789nousaapporté deslibertés indispensables, etlaTerreur estundérapage sinistre. Aujourd’hui, lesderniers admirateurs delarévolution russeontduplomb dansl’aile, lesthèses deFuret dominent, et, selon lejeu debalancement leplus classique dansl’histoire delapensée, cesont celles-là, considérées comme trop libérales , que dejeunes historiens cherchent àremettre encause. De son côté, levieux courant contre-révolutionnaire n’apas désarmé.

Onl’avu refleurir àla fin decemême xx e  siècle, aumoment oùles célébrations deson bicentenaire replaçaient1789souslesfeux del’actualité, derrière unautre grand historien commePierreChaunu etquelques polémistes, liésaucourant deladroite catholique.

Biensûr,l’arsenal idéologique dececamp s’était alorsconsidérablement modernisé.Aucundeses penseurs n’auraiteul’idée devoir dans laRévolution lerésultat d’un« complot maçonnique » inspiréparSatan, comme lefaisaient leursaînés auxixe  siècle, ensuivant lathèse alorstrèspopulaire d’unauteur jésuite, l’abbé Barruel.

Leraisonnement qu’ilsutilisent recoupe celuidont ilsse servent contrelesLumières, etdont nous avons. »

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