précieuse bouteille et son huile lors du sacre de presque tous les Capétiens.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
côté
ducatéchisme.
Remettonsdoncleschoses àl’endroit : lemiracle pourClovis nefut pas d’être lepremier
païen àêtre éclairé parleslumières célestes,maisaucontraire d’êtreledernier delaliste, pourpouvoir choisir,
parmi plusieurs, lavérité laplus efficace.
À dire vrai, enmettant ainsinotre pauvre vieuxFranc surlegril duscepticisme, jen’innove enrien.
Tous lesgrands
historiens républicains l’ontfaitdepuis longtemps.
Poureux,quin’aimaient guèrelesrois etse méfiaient dela
religion, cettehistoire de« baptême » deleur beau paysétait unescène primitive tropembarrassante pournepas
chercher àla torpiller d’unemanière oud’une autre.
Il paraît qu’audébut duxxe
siècle, unéditeur facétieux ouétourdi, pourraconter laconversion dupaïen àla suite
de labataille deTolbiac, avaitosédans unmanuel d’histoire unpassage àla ligne redoutable, quifaisait qu’ony
lisait cette phrase : « EtClovis embrassa lecul-te desafemme. »
Je n’ai jamais vucefameux manuel, etj’ignore s’ilaexisté, maisjeme souviens bienqu’à l’école, autournant des
années 1960 et 1970,onnepassait pasune année sansqu’en douce, surleton delaconfidence amusée,un
instituteur nenous glisse l’anecdote.
Jeme demande maintenant sitout celanetraduisait pastout simplement
cette gêne.
Lablague surlefameux « cul-te » deClotilde, c’étaitaussiunefaçon detirer letapis souslespieds d’un
personnage aussilourdement chargépolitiquement.
L’historien ChristianAmalvi 1
explique trèsbien comment, souslaIIIe
République, lesmanuels setiraient labourre
sur cette affaire.
Lapromesse deTolbiac –« Dieu deClotilde, situ m’accordes lavictoire, jeme fais baptiser » –
était, pourlescatholiques, lesigne indiscutable d’unchoix deDieu.
Pourlesrépublicains, elleprouvait lecynisme
d’un opportuniste prêtàtout.
Parler
deFrance auve
siècle n’apas desens On
peut encore allerunpeu plus loinpour tenter dedéminer cetencombrant mythenational.
Dansl’expression le
« baptême delaFrance », n’est-cepaslemot « France » quiestleplus gênant ? ParlerdeFrance auve
siècle n’a
pas desens, l’idée necommencera àapparaître quedessiècles plustard.
Pourtant, danslaplupart deslivres
d’histoire grandpublic quisont publiés encoreaujourd’hui, danslaplupart desesprits, quoiqu’on pense del’acte,
la conversion deClovis etson règne restent unbien national.
Pourquoi ? Enquoi l’histoire d’unchefbarbare quifit
main basse surlamoitié del’Europe occidentale nousappartiendrait enpropre ?
Les rois deFrance onttenté decapter cethéritage pourdesraisons religieuses, onenaparlé.
LaIIIe
République,
en pleine période defièvre nationaliste, cherchaàle récupérer d’uneautremanière.
Onpouvait alorscontester le
personnage, onvient delevoir, mais personne neremettait encause qu’ilfutbien dechez nous, cepetit roifranc
était unvrai roideFrance, c’étaitindiscutable.
Enpleine élaboration d’uneidentité nationale quiétait censée
prendre sesracines danslaprofondeur dessiècles, l’événement permettaitdemitonner cespetites soupes
nationalisto-ethnologiques dontonétait friand àl’époque.
Onnecachait paslesorigines germaniques deClovis,
au contraire.
Enmontrant ceGermain dominant laGaule –c’est-à-dire « nosancêtres » –puis seconvertissant, on
pouvait fantasmer notrepayscomme lecreuset dela« vieille souchegauloise », dela« force germanique », etde
la douce pureté évangélique.
Fieretjoyeux comme unGaulois, civilisécomme unRomain, fortcomme unBarbare,
et affiné parlebaptême, c’estainsiquel’onrêvait leFrançais, cetêtre forcément unique.Admettons leprincipe
de ces tranches napolitaines.
Dansbiendesdomaines, ilest indéniable quelehaut Moyen Âges’est constitué peu
à peu grâce àtous cesapports successifs.
Répétonsceque nous écrivions pourlesGaulois : enquoi celaconcerne-
t-il notre seulpays ?
L’Espagne, l’Angleterre, ontconnu touràtour lesCeltes, puislesRomains, puislachristianisation, puisla
domination desrois germaniques.
Allonsplusloin.
Franchissons ledétroit deGibraltar poursuivre d’autres
Barbares germaniques desve
et vie
siècles : lesVandales.
Chassésd’Espagne parlesWisigoths, ilsvont s’installer
dans unedesplus riches provinces del’Empire romain,l’ancien domaine deCarthage, c’est-à-dire grosso
modo l’actuelle
Tunisie.Sil’on joue aujeu des cousinages historiques, ondoit donc l’admettre : àce moment de
l’histoire, laTunisie, ancienne provinceromaine, christianisée enmême tempsqueRome, puisdevenue un
royaume germanique (dirigépardes chrétiens ariens),estune proche parente delaGaule, etsurtout del’Italie,
ancienne provinceromainechrétienne devenueunroyaume auxmains d’Ostrogoths (égalementariens).Tandis
que laScandinavie, d’oùsortirent, dessiècles plustôt,lesmêmes Vandales, estétrangère àcette histoire.
Ellene
fut jamais colonisée parRome.
Tout cela, protestera-t-on, nouséloigne denos Mérovingiens.
Revenons-y.Ilssont considérés parlaplupart des
Français commelapremière dynastiefrançaise.
PatrickGeary,grandhistorien américain duhaut Moyen Âge 2
européen, nouslerappelle : pourleshistoriens allemands duxixe
siècle, lesMérovingiens étaientdefaçon tout
aussi évidente desrois allemands.
L’opinionn’arien d’illégitime : lesfils deMérovée étaientgermaniques –avant.
»
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