Nihilisme, Nihiliste

 1 (Philos., vers 1810) Négation de toute croyance, en vertu de l’idée qu’il n’existe rien d’absolu. Royer-Colla rd : « Le nihilisme qui caractérise la philosophie de ces derniers temps est né de la satiété «. 2 En Russie, après la mise à la mode par Tourguéniev (dans Père et Enfants, 1862) du mot nihiliste qu’il définissait ainsi : « quelqu'un qui ne s'incline devant aucune autorité, n'admet aucun principe comme article de foi, de quelque respect que soit entouré ce principe «, nihilisme s’applique à la jeunesse libérale contestataire, puis spéc. à sa partie extrémiste qui veut tout détruire de l’état existant et pratique le terrorisme. 3 De nos jours, spéc. chez Camus (rHomme révolté, 1951), au sens 1, mais avec des connotations historiques issues du sens 2, la négation de toutes les valeurs (que postule au contraire la révolte), poussée à l’extrème et érigée en système, à tel point que ceux-mêmes qui ont proclamé le néant de toute morale ont voulu construire « un royaume purement terrestre où régnerait la règle de leur choix « et « bâtir l'histoire par tous les moyens «, ce qui aboutit, au nom d’un utopique bonheur futur, à l’asservissement actuel des peuples.