Naturalisme

A (Philos.) 1 Doctrine qui enseigne que la nature (1 et 2) existe par elle-même, sans avoir eu besoin d’un créateur; c’est, par ex., la doctrine d’Épicure, de Lucrèce, etc.; syn. matérialisme, panthéisme; anton . déisme. 2 (Morale) Doctrine suivant laquelle la sagesse consiste, pour l’homme, à suivre les instincts que la nature (2 et 6) a mis en lui : ex . le naturalisme de Rabelais. En ce sens, le naturalisme s’oppose aux religions dans la mesure où leurs préceptes briment les instincts de l’homme et spécialement au christianisme dans sa croyance au péché originel. Mais il ne conduit pas forcément à l’athéisme : pour Rabelais la nature est bonne parce que Dieu l’a créée.

B (Esthétique) 3 Toute doctrine littéraire qui pense que l’art doit reproduire la nature (10), sans rien de faux ni d’artificiel (emploi à éviter, car il y a des façons fort différentes de comprendre cette imitation). 4 (xixe s.) Par spécialisation progressive du sens 3, le mot devient d’abord synonyme de réalisme (2), puis, sous l’influence de l’emploi de naturaliste au sens de celui qui s'occupe des sciences de la nature, il finit par qualifier une école littéraire qui cherche à introduire dans l’art la méthode des sciences expérimentales appliquée à la biologie par Claude Bernard (Introduction à la médecine expérimentale, 1855). Zola propose pour le roman la méthode suivante : partir d’un fait social ou individuel qui suggère une observation, inventer, à son propos, une situation qui constitue l’hypothèse, la développer jusqu’au dénouement, ce qui correspond à l’expérience (Le roman expérimental, 1880). 5 (Au sens péj.) Parti pris fréquent chez les écrivains naturalistes de reproduire, par l’art, ce qu’il y a dans la réalité de plus matériel et de plus grossier; réalisme (4) exagéré : ex. le naturalisme du poème de Baudelaire Une charogne.