n'aime que les cabinets noirs, les manoeuvres de coulisses et de caniveaux.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
reviennent
forcémentauxgrands prélats toujours issusdesgrandes familles : onl’acompris, danscemonde, onne
s’entend qu’entregrands.Lespetits curésdeparoisse n’ontdroit, eux,qu’à la« portion congrue », cesmiettes qui
leur permettent àpeine detenir leuréglise etd’accomplir leursdevoirs, etles rendent amers :nombreux seront
les membres dubas clergé quijoueront unrôle actif dans laRévolution.
La noblesse formeledeuxième ordre,leglaive dumonde, celuiquiestencharge delaguerre etde ladéfense du
peuple etdu roi.
C’était l’idéededépart.
Elleestbien loin.Leroi paie unearmée permanente, iln’a plus besoin,
comme auMoyen Âge,deconvoquer leban etl’arrière-ban deschevaliers pourallerguerroyer.
Deplus, l’ordre a
bien changé.
Parmiles30 000 familles quilecomposent –ce qui représente 140 000membres –,1 000 seulement,
la « noblesse d’épée »,descendent delachevalerie féodale.Lesautres forment la noblesse
derobe ,
celle dont
les titres ontétéachetés avecunecharge.
Ausein decevaste ensemble, d’autresdiversité existent : commeilya
un bas clergé, ilya des petits nobles quiseront tentéseuxaussi d’appuyer laRévolution àses débuts.
Mais lamajorité préfères’accrocher auxfameux privilèges, dont
sesmembres veulentcroirequel’origine se
perd dans lespages jaunies degrimoires immémoriaux : seulslesnobles ontdroit deporter deschaussures à
talons rouges, seulsilsont droit debâtir destours, seulsilsont droit auxgirouettes, seulsilsont droit d’être reçuà
la Cour.
Danslesseigneuries qu’ilspossèdent encore,ilssaignent lespaysans avecdesdroits ancestraux, euxaussi.
Et comme celaatoujours été,ilséchappent àpresque touslesimpôts puisqu’ils sontcensés payer« l’impôt du
sang ».
La seule chose quichange, finalement, estque cetétat defait, figédepuis dessiècles, devient deplus enplus
insupportable àceux quecette géométrie étrangeaplacés enbas delapyramide, àdevoir porter touslesautres.
Ceux-là forment l’immense massedessujets duroi, ilsne sont nidu premier ordrenidu deuxième : ondit qu’ils
sont letiers état.
Ils forment l’écrasante majorité.Pardéfinition leurmonde estcomposite.
Desdomestiques etdes négociants, des
vagabonds etdes financiers, desartisans etleurs ouvriers, etsurtout l’immense « paysannat », seslaboureurs et
ses bergers, sesgros propriétaires repletsetses maigres cultivateurs.
Touscesgens ontaumoins unechose en
commun : cesont eux,tous ensemble, quifont tourner vaillequevaille cettevieille machine encombrée de
parasites grâceauproduit deleurs impôts.
Ilsen paient toutletemps, surtout, etàtout lemonde, auchâtelain,
au clergé etaux représentants duroi, lesfermiers généraux détestables etcorrompus, etque l’onhait plus encore
que lesautres.
Ilsen paient enargent ouennature.
Si la division decette société serésumait àce triptyque, elleaurait lemérite d’unecertaine clarté.Raté.Ilfaut lui
ajouter milleautres clivages.
LaFrance d’avant 89,dira Mirabeau audébut delaRévolution, était« une agrégation
inconstituée depeuples désunis ».
Tenterd’allerd’unbout duroyaume àl’autre, c’estaccepter deseperdre dans
un maquis linguistique, administratif, juridique,c’estpasser dudroit coutumier auxsurvivances dudroit romain,
c’est payer unoctroi àl’entrée d’unecommune ouaupassage d’unpont : déjààl’époque, personne nes’y
retrouvait.
Lesprovinces ontleurs coutumes, lesvilles ontlesleurs, lesvillages enont d’autres, etles métiers leurs
chartes etleurs usages quivarient selonleslieux.
Rienn’est semblable, rienn’est unifié, niles patois, niles poids,
ni les mesures.
Un seul, placé ausommet, estchargé detenir toute lapyramide : leroi, clédevoûte fragile pourunédifice si
branlant.
Politiquement, lesystème n’apas changé depuislesiècle précédent : noussommes encoresouslerègne
de l’absolutisme dedroit divin.
Onavu combien cetteforme degouvernement convenaitàLouis XIV.
Lesdeux
Louis suivants ontplus dedifficultés àfaire entrer leurmain malassurée danscegant defer.
Parfois, Louis XV fait
des crises d’autorité, ilordonne, iltrépigne, ilse fâche.
Celadure peu.Louis XVI n’essaiemêmepas,ilcherche une
autre méthode pourgouverner, maisnelatrouve pas.
Le pouvoir gardequelques symboles del’autorité absolue.Leplus célèbre estla« lettre decachet », quipermet
d’envoyer quiconque, sansjugement, moisiràla Bastille oudans toute autreprison duroi.
Enréalité, lesdeux en
usent peu,mais quand ilslefont, onenparle bienplusqu’auparavant.
Lesmentalités, lasociété, lemonde ont
changé.
Lapersonnalité dessouverains n’estpastout.
Qu’aurait faitunLouis XIV en1788 ? Peut-être pasmieux
que sondescendant, sansdoute encore plusmal.
L’Ancien Régime,cen’est passeulement unmoment
d’incompétence royale,c’estunensemble deforces contraires quicherchent unpoint d’équilibre dansununivers
bancal etn’y arrivent pas.C’est ceque nous allons étudier maintenant.
Pourquoi l’AncienRégimea-t-ilfinipar s’effondrer danslebruit sourd d’une têtequitombe dansunpanier rempli
de son ? Ou,sil’on veut, pourquoi laRévolution ? Onn’aura paslaprétention dedonner àla question uneréponse
imparable.
Celafaitdeux cents ansque desmilliers despécialistes lacherchent sanslatrouver.
Onpeut toutefois.
»
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