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MORT

Publié le 02/04/2015

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MORT

La mort est un événement biologique inévitable mais susceptible d'être provoqué ou retardé ; en ce sens la connaissance des méca­nismes de la mort dépend uniquement de la biologie. Paradoxalement l'importance philosophique de la mort tient à ce qu'elle est essentiel­lement une catégorie du vécu de conscience ; la mort est pour la conscience un vécu particulier, toujours vécu comme à venir et jamais là, et comme négation (1) du fait même de vivre, c'est-à-dire pour la conscience d'être conscience. Cette négation de la vie au coeur de la vie est prbductrice d'angoisses ; divers mécanismes de défense sont élaborés contre cette angoisse : mythes religieux (prolongation

indéfinie de la vie après la mort), rites funéraires (situation de la mort par rapport à la vie), éducation morale. Si la philosophie moderne a pu thématiser la mort comme signe de la finitude et de l'individualité humaine (voir Heidegger), c'est traditionnellement par l'éducation morale que la philosophie concerne la mort (Platon : « Philosopher, c'est apprendre à mourir «) ; bien souvent elle se contente de reprendre les mythes religieux (cf. les stoïciens). Seul le matérialisme épicurien paraît avoir élaboré une solution originale et forte : elle consiste à nier que la mort soit en soi une catégorie du vécu de conscience (quand nous sentons, nous ne sommes pas morts, quand nous sommes morts, nous ne sentons plus). La solution est loin d'avoir la trivialité qu'on lui prête parfois ; il ne s'agit pas pour Épicure de nier que la crainte de la mort soit une angoisse, une douleur réelle, mais d'affirmer que ce vécu de conscience provient seulement de l'erreur et de la superstition (d'où la critique épicurienne de la religion). En remarquant comment notre façon de « vivre « la mort dépend de notre civilisation, la tâche que l'épicu­risme assigne à la philosophie, c'est en déconstruisant les mythes, de rendre à la mort sa facticité et sa pureté d'événement vide de sens, faire de cette vacuité non le scandale dont se révolte la conscience (cf. les existentialistes), mais l'absence de soucis.

 

1. Voir autrui, pour une interprétation (humaniste) du rôle de la mort comme une négation dans la philosophie de Hegel.

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