Devoir de Philosophie

Montagnards contre Girondins, Danton contre Robespierre et règlements de comptes pour tout le monde à coups de procès expéditifs et de nuques tranchées.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

danton
Montagnards contre Girondins, Danton contre Robespierre et règlements de comptes pour tout le monde à coups de procès expéditifs et de nuques tranchées. Même ceux qui ne connaissent rien à la Révolution ont en tête cette idée des luttes fratricides perpétuelles qui l'ensanglantèrent. C'est une idée juste. À partir de 1793, la Révolution semble devenue folle : « Comme Saturne, elle dévore ses enfants », dira le conventionnel Vergniaud, qui en sera victime lui-même. Depuis septembre 1792, tout tourne, en France, autour de la Convention. À partir d'avril 1793, à cause de la guerre et des menaces qui pèsent sur la Révolution, un Comité de salut public de douze membres fera office de gouvernement. Il émane de l'Assemblée, pouvoir central et unique du pays, puisqu'il n'y a, pour le contrebalancer, plus de roi et pas encore de président de la République. Est-ce pour cette raison que les frères conventionnels vont s'entre-tuer ? La première grande opposition se joue donc, on vient de le dire, entre les Girondins et les Montagnards. Nous connaissons les premiers, ils étaient l'aile avancée au temps de la Législative, ils représentent maintenant les modérés. La place d'ultras leur a été ravie par ceux que l'on appelle les Montagnards, parce qu'ils siègent sur les bancs du haut de la Convention, ou encore les Jacobins, parce que c'est le nom du club où leurs leaders se réunissent. Au centre, la majorité de la chambre compose la « plaine » ou le « marais ». Certaines oppositions sont circonstancielles : quel sort doit-on faire au roi ? Faut-il ou non punir les responsables des massacres de Septembre ? Certaines autres engagent l'organisation sociale tout entière. Notre langue politique en garde d'ailleurs le souvenir : si on parle toujours de « jacobinisme » pour désigner une politique centralisée, c'est en référence aux lignes de fracture de 1793. Les Jacobins prônaient la supériorité de Paris. Les Girondins, favorables à un équilibre de toutes les régions, estimaient, selon le mot fameux d'un parlementaire, qu'il fallait réduire la capitale à son « 1/83 d'influence » - c'est-à-dire à n'être qu'un département parmi les 83 autres. À partir d'avril 1793, les Girondins tentent de faire cesser les attaques inouïes lancées constamment contre nombre d'entre eux par les sans-culottes de la Commune de Paris, ce gouvernement parallèle qui tient l'Hôtel de Ville, appuyé par des meneurs comme Marat et Hébert : les deux sont mis en accusation mais ils sont aussitôt acquittés par des jurés acquis d'avance. Fin mai-début juin, la Commune répond par un coup de force : elle envoie ses canons devant l'Assemblée pour la sommer de lui remettre les députés girondins. L'Assemblée cède, les députés demandés sont arrêtés dans la foulée. La voie est libre pour les Montagnards. Ils peuvent donc commencer à se déchirer entre eux : Danton en était le grand homme, il prend du champ, appelle à la modération, et laisse la place, en juillet, à son rival Robespierre, qui, bientôt, doit lutter contre d'autres rivalités au sein du Comité de salut public ou, du côté des sans-culottes, contre la surenchère des hébertistes, ou enragés. On le voit, la capacité à se subdiviser semble infinie. Qui, dans cette affaire, avait tort, qui avait raison ? Chacun, depuis deux siècles, essaie d'apporter à la question des réponses qui occupent des bibliothèques entières. On insistera sur un seul point : ces luttes sont d'autant plus tragiques que tous les conventionnels et leurs partisans étaient d'accord sur un point essentiel, ils étaient tous de fervents républicains. Il convient de le rappeler quand la propagande a parfois brouillé notre mémoire. Considérons par exemple un des actes les plus célèbres de la Révolution : l'assassinat de Marat dans sa baignoire (en juillet 1793) par une jeune Normande, Charlotte Corday. Contrairement à ce que croient trop de gens abusés par un reste de propagande jacobine, cette jeune femme n'avait rien d'une royaliste exaltée, elle était une jeune révolutionnaire girondine éprise de liberté, écoeurée par le coup de force sans-culotte de juin, qui pensait qu'il en allait du bonheur commun de débarrasser le pays du fou sanguinaire qui l'avait inspiré. Il suffit de lire Marat pour constater qu'elle n'avait peut-être pas tout à fait tort. Certains Girondins sont restés célèbres comme le philosophe Condorcet, qui dort au Panthéon, ou Mme Roland, femme d'un ministre et âme de ce courant politique. Elle mourut sur l'échafaud en s'écriant « Liberté ! que de crimes on commet en ton nom ». Certains autres n'ont guère eu le temps de se faire connaître. Vergniaud, cité plus haut, a été, nous disent les historiens, un des meilleurs orateurs de son temps et un des plus talentueux politiques. N'eût-il été victime de la guillotine - le 31 octobre 1793 avec 21 de ses pairs -, il aurait sans doute pu le prouver plus longuement. Il ne s'agit pas pour autant de réécrire l'histoire. Les Girondins auraient-ils fait mieux que leurs ennemis s'ils l'avaient emporté ? Nul ne le saura jamais. Ils se targuaient de faire plus de cas des libertés publiques que leurs rivaux, ils aimaient la modération. La modération était-elle de mise en juin-juillet 1793, au moment où la Montagne, et Robespierre, le chef qui s'y impose, prennent le pouvoir ? Les circonstances alors sont terribles. Pour les partisans de l'Incorruptible, elles seules expliquent le système dictatorial qui se met en place. Guerre extérieure, guerre intérieure C'est indéniable, à partir du printemps de 1793 les circonstances - c'est-à-dire le contexte intérieur et international - sont terribles. Pour en mesurer l'importance, il faut faire un retour en arrière de six mois et revenir au 21 janvier, jour de l'exécution de Louis XVI. Un grand symbole. De lourdes conséquences. Depuis des semaines, l'Angleterre était inquiète de voir les armées françaises progresser en Belgique et menacer le port d'Anvers, essentiel à son commerce. Le sacrilège commis sur la personne du souverain a été un bon prétexte : elle se lance dans une guerre contre la France. L'Espagne suit. L'Autriche et la Prusse étaient déjà dans la danse. Au total, cela fait presque un continent entier contre un seul pays, et encore, un pays bien divisé. La République a besoin de soldats, elle en ordonne partout la levée. Parfois, les paysans refusent. C'est le cas dans l'Ouest. Au printemps 1793, à Machecoul, des villageois massacrent les recruteurs. Les républicains engagent des représailles pour châtier cet affront. Bientôt les prêtres, quelques nobles, et les nostalgiques du temps des rois s'en mêlent. L'engrenage infernal est lancé. C'est le début d'un horrible conflit intérieur qui s'ajoute à celui qui se mène aux frontières : la guerre de Vendée. Après juin et l'élimination des Girondins, parce qu'elles sont indignées par le coup d'État de la Commune et l'arrestation de leurs députés, d'autres provinces, d'autres villes, Lyon, Marseille, se soulèvent à leur tour. Partie de Normandie, une petite armée progirondine marche sur Paris. Elle est arrêtée de justesse en juillet à Pacy-surEure. C'est un fait : à l'été 1793, vue du Comité de salut public, la situation est dramatique. La Terreur Est-ce pour autant qu'il faut refuser de voir la nature du système que Robespierre et ses amis mettent en place à ce moment-là ? Son nom seul fait frémir : la Terreur. Il n'a pas été donné a posteriori par ses détracteurs, il est revendiqué par ceux-là mêmes qui l'ont promu. Le 5 septembre 1793, Barrère, un des membres les plus influents du Comité de salut public, a fait passer un décret à la Convention qui déclare « la terreur à l'ordre du jour ». Le principe en est simple : la Révolution doit être impitoyable avec ceux qui la menacent. Il faut régner par la crainte. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », a résumé Saint-Just dans une de ces formules dont l'énoncé seul montre l'absurdité et la limite. Le mode opératoire est à la hauteur de l'enjeu. Dès le 17 septembre, une « loi des suspects » permet d'envoyer à peu près n'importe qui devant le tribunal révolutionnaire subir les réquisitoires du redoutable procureur Fouquier-Tinville. Il suffit de s'être montré « partisan de la tyrannie, du fédéralisme ou ennemi de la liberté ». Cela fera du monde. Les estimations font état de 17 000 personnes guillotinées après procès - plus de 500 000 furent arrêtées. Il faut ajouter à cette sinistre cohorte les victimes des innombrables exactions commises partout dans le pays par quelques-uns des « représentants en mission » de la République, qui en sont la honte. Citons Fouché ou Collot d'Herbois, envoyés pour réduire l'insurrection de Lyon, qui y firent des milliers de morts à la mitraille, parce qu'ils estimaient que la guillotine était « trop lente ». N'oublions pas le martyre de l'Ouest du pays : d'abord victorieux, les Vendéens essaient de faire la jonction avec les révoltés de Bretagne et du Cotentin qu'on appelle les « chouans ». C'est la « virée de Galerne ». Elle échoue. Après avoir redressé la situation à l'automne 1793, les républicains usent, pour organiser la répression dans l'Ouest, de méthodes révoltantes : à Nantes, Carrier fait noyer les suspects dans la Loire, un peu plus tard le général Turreau invente les « colonnes infernales », des troupes de soldats chargés de massacrer toute la population et de faire un désert d'un pays jadis prospère. Une économie dirigée La Convention montagnarde au temps du Comité de salut public, c'est donc avant tout une dictature sinistre qui règne par la peur. Seulement, on ne peut comprendre la faveur dont a joui ce gouvernement auprès d'une partie du peuple si on le réduit à cela. La Convention montagnarde, c'est aussi une politique sociale. Là encore, les circonstances sont pressantes. Dans le pays, la misère est grande. Les assignats ne valent plus rien. Les récoltes donnent mal. L'armée prend tout. Le rationnement est drastique. On fait aux boulangeries des queues interminables. On a faim. Poussé par les hébertistes, le Comité de salut public cherche comme il peut à résoudre cette situation, ou tout au moins à l'améliorer. Dès le printemps 1793, on a tenté une « loi du maximum » qui impose un plafond au prix de nombreuses denrées. Elle sera étendue plusieurs fois. Au printemps 1794, avec les décrets de Ventôse, Saint-Just propose que soient redistribués aux indigents les biens confisqués aux suspects. Les détracteurs de ces mesures ont beau jeu de noter que la première n'a servi qu'à augmenter la pénurie en freinant le commerce (les paysans cachaient leurs denrées pour ne pas les vendre à vil prix) et que la seconde, faute de temps pour l'appliquer, est restée un voeu pieux. Il n'empêche. Quoi que l'on pense de 1793, on ne peut nier ce fait. 1789 avait posé l'égalité politique entre citoyens. Avec cette tentative d'économie dirigée, les Jacobins ont été les premiers dans l'histoire de France à tenter de corriger les inégalités sociales. Robespierre On a cité son nom maintes fois, disons enfin un mot de Robespierre, petit avocat d'Arras devenu à trente-cinq ans le quasi-maître du pays. Il ne régna jamais seul. Au temps du Comité de salut public, le pouvoir était par essence collégial. Bien d'autres de ses membres furent tout aussi influents, Barrère par exemple, déjà nommé. N'empêche, Robespierre reste l'homme symbole de la période. Quel souvenir en garder ? Ses ennemis en font un monstre sanguinaire prêt à tout au nom de la vertu, un maniaque enivré par son rêve de pureté : « Il ira loin, avait prédit Mirabeau, il croit tout ce qu'il dit. » Ses admirateurs voient en lui le seul homme d'État qui fut capable de conduire la France dans les périls et qui chercha toujours à placer l'intérêt de la patrie au-dessus des factions. Le fait est qu'il n'hésita jamais à faire couper des têtes, mais prit un soin extrême à frapper de tous les côtés. En mars 1794, il fait exécuter les principaux enragés, ces sans-culottes ultras, les amis de Hébert. En avril, c'est déjà le tour des indulgents, c'est-à-dire ses anciens amis Danton et Camille Desmoulins, à qui ses sbires ont collé quelques accusations de malversations financières, et qui, dans la réalité, ont commis un outrage bien plus grand : ils ont eu le front de se montrer publiquement écoeurés par les dérives de la Terreur. Sur bien des plans, l'homme est insaisissable. À l'automne 1793, au plus fort de la déchristianisation, au moment où les hébertistes veulent faire de Notre-Dame un « temple de la Raison », il réprouve, comme Danton, les « mascarades antireligieuses ». En juin 1794, étonnant pontife moderne, il fait organiser les « fêtes de l'Être suprême », un sommet du kitsch révolutionnaire mis en scène par le peintre David. C'est l'apogée de son règne, et donc le début de la fin. Peu après, durant ce même mois de juin, à l'instigation d'autres membres du Comité, débute la « Grande Terreur » : officiellement, il s'agit d'en finir avec les exactions incontrôlées et d'en rester à la « sévérité nécessaire ». Concrètement, cela aboutit à une folie toujours plus meurtrière. Les suspects ont encore moins de droits qu'ils n'en avaient, les juges et les jurés sont encore plus hystériques, les charrettes de condamnés se succèdent à un rythme effréné. La France n'en peut plus. Du front arrivent des nouvelles de victoires. Pourquoi verser encore tant de sang ? On suspecte Robespierre de vouloir devenir dictateur. Le Comité lui-même, dont il s'éloigne, est prêt à se retourner contre lui. Ses anciens amis sentent le vent tourner, ils le lâchent. Il tente de retrouver la faveur de la Convention par un discours célèbre, qui le perd car il y parle de « ses ennemis » sans les nommer et ne réussit qu'à effrayer tout le monde. On le « décrète d'accusation » - selon la terminologie de l'époque - comme il l'a fait pour tant d'autres. Saint-Just veut le défendre, on ne le laisse pas parler. L'Incorruptible cherche refuge à l'Hôtel de Ville. Échec d'une tentative d'insurrection en sa faveur, arrestation de tout le monde. Nous sommes le 9 thermidor (27 juillet). Le 10, couvert de sang, ne laissant échapper que des borborygmes de sa bouche brisée la veille par une balle, à côté de 21 de ses compagnons, Robespierre est exécuté. Fin d'une époque. Thermidor et le Directoire La France est toujours dirigée par la Convention. Y manquent tous les députés victimes de la Terreur, évidemment. Pour le reste, elle n'a pas changé. Elle entre dans sa troisième et dernière phase, la période dite « thermidorienne » - on a compris d'où vient le nom. Fin de la dictature mais aussi fin des mesures sociales qui accompagnaient l'escalade révolutionnaire. On sent le changement de régime : quelques-uns des terroristes les plus excessifs de la veille paradent en nouveaux amis de la liberté pour garder leur place, comme le terrible Tallien par exemple. D'autres sont quand même jugés et punis pour leurs crimes. Partout, les proscrits d'hier sortent du bois. Leur vengeance peut être violente : dans maints endroits, et tout particulièrement dans le Midi, à la Terreur bleue (couleur de la République) succède la Terreur blanche : ce sont les Jacobins, désormais, que l'on massacre. Ailleurs on respire. La Convention se souvient qu'elle avait été élue pour donner une Constitution au pays, elle en produit une à l'été 1795. Nouvelles élections, nouveau régime : traumatisé par la dictature d'un comité appuyé sur une assemblée unique, on a tout joué sur un savant équilibre des pouvoirs. Deux chambres (le Conseil des CinqCents, ainsi nommé à cause du nombre de ses membres, et le Conseil des Anciens) sont censées faire contrepoids à un exécutif lui-même partagé en cinq membres égaux qui forment un « directoire ». Il donne son nom à la période. Le système est admirable, et parfaitement inopérant. Voici donc le second et dernier épisode de la Ire République. Comme tous les autres, il est écrasé depuis deux siècles sous une rude mythologie. Il est vrai qu'il ne s'est jamais trouvé grand monde pour le défendre : les Jacobins ne pardonnent pas à Thermidor d'avoir enterré leur révolution, les bonapartistes ont grand besoin de trouver tous les défauts au Directoire pour montrer à quel point leur héros a eu raison d'y mettre fin. Considérée en soi, la période ne manque pas d'aspects folkloriques. Après la dictature de la vertu du sinistre Robespierre, place aux joies du vice. Dès Thermidor, tous ceux qui avaient courbé la tête pour ne pas la perdre la redressent avec effronterie. C'est l'époque des « bals des victimes » réservés à ceux qui ont perdu un proche sur l'échafaud. Les sans-culottes peuvent raser les murs, une nouvelle jeunesse arrogante et dorée tient le haut du pavé : les fameux « muscadins » qui, entre deux bals, courent les rues avec des gourdins qu'ils appellent leur « pouvoir exécutif ». Ils laissent bientôt la place à d'autres fils de riches, d'autres dandys, accoutrés incroyablement et prêts à toutes les extravagances : les Merveilleuses et les Incroyables, ou plutôt les Me'veilleuses et les Inc'oyables, ces jeunes gens mettant un point d'honneur à bannir de la langue la lettre « r » qui rappelle trop de choses ennuyeuses : les Rois, les Révolutions, la TeRReur. On a abandonné toute velléité de politique sociale. La disette est plus sévère que jamais, la misère terrible dans les faubourgs, mais pour d'autres, l'argent coule à flots. Les lieux à la mode fourmillent de « nouveaux riches », l'expression nous est restée, elle date d'alors, c'est le nom d'une pièce à succès. Barras, un des directeurs, est le grand nom politique de l'époque. Il a été vicomte sous l'Ancien
danton

« au 21 janvier, jourdel’exécution deLouis XVI.

Ungrand symbole.

Delourdes conséquences.

Depuisdessemaines, l’Angleterre étaitinquiète devoir lesarmées françaises progresser enBelgique etmenacer leport d’Anvers, essentiel àson commerce.

Lesacrilège commissurlapersonne dusouverain aété unbon prétexte : elleselance dans uneguerre contrelaFrance.

L’Espagne suit.L’Autriche etlaPrusse étaient déjàdans ladanse.

Autotal, cela fait presque uncontinent entiercontre unseul pays, etencore, unpays biendivisé. La République abesoin desoldats, elleenordonne partoutlalevée.

Parfois, lespaysans refusent.

C’estlecas dans l’Ouest.

Auprintemps 1793, àMachecoul, desvillageois massacrent lesrecruteurs.

Lesrépublicains engagentdes représailles pourchâtier cetaffront.

Bientôtlesprêtres, quelques nobles,etles nostalgiques dutemps desrois s’en mêlent.

L’engrenage infernalestlancé.

C’estledébut d’unhorrible conflitintérieur quis’ajoute àcelui quise mène auxfrontières : laguerre deVendée. Après juinetl’élimination desGirondins, parcequ’elles sontindignées parlecoup d’État delaCommune et l’arrestation deleurs députés, d’autresprovinces, d’autresvilles,Lyon,Marseille, sesoulèvent àleur tour.

Partie de Normandie, unepetite armée progirondine marchesurParis.

Elleestarrêtée dejustesse enjuillet àPacy-sur- Eure.

C’estunfait : àl’été 1793, vueduComité desalut public, lasituation estdramatique.

La Terreur Est-ce pourautant qu’ilfautrefuser devoir lanature dusystème queRobespierre etses amis mettent enplace à ce moment-là ? Sonnom seulfaitfrémir : laTerreur.

Iln’a pas étédonné a posteriori par sesdétracteurs, ilest revendiqué parceux-là mêmes quil’ont promu.

Le5 septembre 1793,Barrère, undes membres lesplus influents du Comité desalut public, afait passer undécret àla Convention quidéclare « laterreur àl’ordre dujour ».

Le principe enest simple : laRévolution doitêtre impitoyable avecceux quilamenacent.

Ilfaut régner parlacrainte. « Pas deliberté pourlesennemis delaliberté », arésumé Saint-Just dansunedeces formules dontl’énoncé seul montre l’absurdité etlalimite.

Lemode opératoire estàla hauteur del’enjeu.

Dèsle17 septembre, une« loi des suspects » permetd’envoyer àpeu près n’importe quidevant letribunal révolutionnaire subirlesréquisitoires du redoutable procureurFouquier-Tinville.

Ilsuffit des’être montré « partisan delatyrannie, dufédéralisme ou ennemi delaliberté ».

Celaferadumonde.

Lesestimations fontétatde17 000 personnes guillotinéesaprès procès –plus de500 000 furentarrêtées. Il faut ajouter àcette sinistre cohorte lesvictimes desinnombrables exactionscommises partoutdanslepays par quelques-uns des« représentants enmission » delaRépublique, quiensont lahonte.

CitonsFouché ouCollot d’Herbois, envoyéspourréduire l’insurrection deLyon, quiyfirent desmilliers demorts àla mitraille, parcequ’ils estimaient quelaguillotine était« trop lente ».

N’oublions paslemartyre del’Ouest dupays : d’abord victorieux, les Vendéens essaientdefaire lajonction aveclesrévoltés deBretagne etdu Cotentin qu’onappelle les « chouans ».

C’estla« virée deGalerne ».

Elleéchoue.

Aprèsavoirredressé lasituation àl’automne 1793, les républicains usent,pourorganiser larépression dansl’Ouest, deméthodes révoltantes : àNantes, Carrierfait noyer lessuspects danslaLoire, unpeu plus tard legénéral Turreau inventeles« colonnes infernales », des troupes desoldats chargés demassacrer toutelapopulation etde faire undésert d’unpays jadis prospère.

Une économie dirigée La Convention montagnarde autemps duComité desalut public, c’estdonc avant toutunedictature sinistrequi règne parlapeur.

Seulement, onnepeut comprendre lafaveur dontajoui cegouvernement auprèsd’unepartie du peuple sion leréduit àcela.

LaConvention montagnarde, c’estaussi unepolitique sociale.Làencore, les circonstances sont pressantes.

Danslepays, lamisère estgrande.

Lesassignats nevalent plusrien.

Lesrécoltes donnent mal.L’armée prendtout.Lerationnement estdrastique.

Onfait aux boulangeries desqueues interminables.

Onafaim.

Poussé parleshébertistes, leComité desalut public cherche commeilpeut àrésoudre cette situation, outout aumoins àl’améliorer.

Dèsleprintemps 1793, onatenté une« loi dumaximum » qui impose unplafond auprix denombreuses denrées.Ellesera étendue plusieurs fois.Auprintemps 1794, avecles décrets deVentôse, Saint-Just proposequesoient redistribués auxindigents lesbiens confisqués auxsuspects.

Les détracteurs deces mesures ontbeau jeudenoter quelapremière n’aservi qu’àaugmenter lapénurie enfreinant le commerce (lespaysans cachaient leursdenrées pournepas lesvendre àvil prix) etque laseconde, fautede temps pourl’appliquer, estrestée unvœu pieux.

Iln’empêche.

Quoiquel’onpense de1793, onnepeut nierce fait.

1789 avaitposél’égalité politique entrecitoyens.

Aveccette tentative d’économie dirigée,lesJacobins ontété les premiers dansl’histoire deFrance àtenter decorriger lesinégalités sociales.

Robespierre On acité sonnom maintes fois,disons enfinunmot deRobespierre, petitavocat d’Arras devenu àtrente-cinq ans le quasi-maître dupays.

Ilne régna jamais seul.Autemps duComité desalut public, lepouvoir étaitparessence collégial.

Biend’autres deses membres furenttoutaussi influents, Barrèreparexemple, déjànommé.

N’empêche, Robespierre restel’homme symboledelapériode.

Quelsouvenir engarder ? Sesennemis enfont unmonstre. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles